Depuis 8 ans, je me rends en Afrique de l’Ouest pour soutenir l’action de Claire Amitié.  Claire Amitié est une association de droit pontifical, animée par des membres permanents, laïques consacrées, et des membres associés, laïcs mariés ou non (voir www.claireamitié.org).  La paroisse Sainte-Pauline entretient des relations depuis de nombreuses années avec Claire Amitié.

Il se trouve que 2 prêtres originaires du Burkina Faso ont été nommés curés à Sainte-Pauline, Alphonse Ky-Zerbo en 2011, puis Thomas Bicaba en 2013. Et donc, à l’occasion d’un voyage à Bobo Dioulasso, l’Equipe d’animation paroissiale m’a confié une valise contenant les affaires de Thomas pour la remettre à sa famille.

Alphonse a pris soin d’organiser mon déplacement et a demandé à l’Abbé Prosper KY, ordonné le même jour que Thomas, de me prendre en charge. Il était à Sainte-Pauline lors de la veillée du jeudi soir. Sa responsabilité est de proposer aux évêques des formations et des accompagnements pour les prêtres de la conférence épiscopale du Burkina Faso et du Niger.

Nous avions donc rendez-vous à 6 heures du matin au foyer Claire Amitié à Bobo Dioulasso. Pour Alphonse, pour Prosper, j’ai ressenti que la rencontre d’un paroissien de Sainte-Pauline avec des parents de Thomas et de son évêque était très importante.

Vers 8 heures, noFleurs.jpgus sommes arrivés à Wakara, village où Thomas est né. Nous avons fait la connaissance d’un séminariste en stage dans cette paroisse. Le curé était en effet en réunion de Conseil presbytéral avec son évêque, le Père Jude Bicaba et 10 autres prêtres, non loin de Dédougou. Ce qui m’a frappé, c’est la grande pauvreté de ce village majoritairement catholique : par exemple, il n’y a pas de routes, mais des pistes. Les écoles dont la gestion incomberait normalement à l’Etat sont en réalité encadrées par l’Eglise, faute de ressources suffisantes de l’Etat. Peu d’enfants fréquentent les écoles, les filles encore moins que les garçons.

Nous sommes arrivés dans la cour des parents de Thomas. Le Père : le « Vieux » comme on dit en Afrique, s’est dit réconforté par ma démarche. La « Vieille », à quelques mètres dans la cour, observait et continuait à égrener ses plantes : parle-t-elle français, a-t-elle vraiment encore toute sa tête ? Une sœur de Thomas, Denise, vit là avec ses enfants et ses parents, et visiblement est encore toute bouleversée par la mort de son frère. Le curé de la paroisse avait tenu à ce qu’un petit-déjeuner nous soit servi au presbytère par le séminariste et un jeune prêtre de passage, professeur au petit séminaire.
Puis nous nous sommes rendus au petit séminaire de Tiankon, où sont inhumés les prêtres du diocèse de Dédougou. L’endroit est calme et paisible, chacun en plaisantant choisit son endroit. En compagnie de 2 autres prêtres amis de Prosper, nous avons prié sur la tombe de Thomas.
Nous avons ensuite rencontré l’évêque de Dédougou qui était en réunion avec son Conseil presbytéral dans un centre de rencontres, à 10 km environ de Dédougou. Il était presque midi, l’évêque a interrompu la séance pour me souhaiter la bienvenue, et m’a demandé de m’adresser aux prêtres présents au nom de la paroisse Sainte-Pauline : j’ai simplement dit combien Thomas avait marqué les paroissiens pendant son année parmi nous. Mgr Bicaba m’a confié solennellement une lettre de remerciement à remettre en son nom à Mgr Aumônier. Puis nous avons été invités à partager un repas très simple et animé, au cours duquel les prêtres ont beaucoup parlé des conditions "remarquables" qui ont permis le départ de Blaise Campaoré, insistant en particulier sur la maturité du peuple Burkinabé qui, dès le lundi, a repris le travail.
Cimetiere+2.jpgL’insurrection a duré 48 heures: « Il n’y a eu que 30 morts! »

Nous avons repris la route de Ouagadougou en début d’après-midi. C’était la première fois que je découvrais la campagne à la saison de la récolte du coton et du sésame. Les jeunes bergers conduisaient leurs troupeaux de bovins, ovins et caprins. Des peuls accompagnaient des troupeaux plus importants de bovins.

Avant de prendre l’avion, j’ai également rencontré Catherine et Pauline, deux sœurs de Thomas que j’avais accompagnées à Paris lors d’une belle journée de fin mars. Elles résidaient alors au presbytère avec leur frère avec qui elles ont passé quelques semaines. Catherine et son mari Charles sont revenus à Versailles quelques jours avant le décès de Thomas. De même, l’Abbé Alphonse a rendu visite à Thomas le samedi, et l’Abbé Prosper le dimanche. Catherine a exprimé plusieurs fois sa peine : « Ce n’est pas facile », répétait-elle.

Je remercie du fond du cœur Alphonse, Prosper, Catherine et Pauline de m’avoir permis de vivre cette journée si particulière au Burkina Faso.