Marie à travers le Nouveau Testament


DANS L’EVANGILE DE MARC
Ce court récit (extrait du plus ancien évangile écrit) est pour nous un fil conduc­teur : Marie, figure du dis­ciple par excellence, nous guide vers Jésus.
Marie disciple de Jésus
Très curieusement, la seule mention de Marie dans l'évangile de Marc apparaît négative (Mc 3, 31-35). La famille de Jésus vient le chercher, semble-t-il, pour le ramener à la maison tant son style de vie et sa prédi­cation les laissent déconte­nancés. Nous connaissons la réponse de Jésus à ceux qui le préviennent que sa mère et ses frères le cher­chent : « Qui sont ma mère et mes frères ? » Et, dési­gnant ses disciples, « Voici ma mère et mes frères. Qui­conque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère ». Il est donc clair que, pour Jésus, sa fa­mille n'est pas automati­quement sa famille naturel­le, mais bien celle qui est constituée par ceux qui le suivent et qui écoutent la parole de Dieu.

DANS L'ÉVANGILE DE LUC

L'évangile de Luc, plus que celui de Matthieu, ac­corde une grande place à Marie. Mais ce sera pour montrer comment Ma­rie est justement un dis­ciple par excellence et donc vraiment la mère de Jésus.
Marie à l'Annonciation
Dans le récit bien connu de l'Annonciation (Luc 1, 26­38), l'évangéliste Luc montre d'abord que Marie est choi­sie par pure grâce, qu'elle est comblée de la faveur de Dieu.
En elle s'accomplit toute l'attente d'Israël. Et sa ré­ponse "Qu'il m'advienne selon Ta parole", fait d'elle la première des disciples. Elle fut la première à rece­voir la parole de Dieu concernant Jésus et à avoir accepté de tout cœur qu'elle s'accomplisse avec sa participation. Par le Magnificat (Luc 1, 46-55) que Luc place sur ses lèvres, elle devient même la première à proclamer la Bonne Nouvelle de l'intervention de Dieu en faveur des humbles.
Marie à la naissance de Jésus
C'est le moment où s'ac­complissent les paroles de l'ange de l'Annonciation: Marie met au monde le Sauveur qui est le Christ Seigneur (Luc 2, 11).
Elle est présentée ainsi comme le modèle complé­mentaire de celui des ber­gers. Ceux-ci anticipent la tâche future des disciples qui iront faire connaître ce qui leur avait été dit au su­jet de cet enfant(2, 17). Marie préfigure quant à elle la part contemplative des disciples de Jésus qui ne cessent de méditer les événements du salut.
Marie au temple
L'épisode de Jésus resté à Jé­rusalem dans le temple lors­qu'il avait 12 ans est l'occa­sion pour Luc (2, 41-51) de manifester ce que Marie a été appelée à vivre tout au long de sa vie: le détache­ment vis-à-vis de son fils. Il ne lui appartenait pas. Il était venu pour réaliser l'œuvre de son Père. Marie «donne» son fils à Jérusa­lem, puis lors de son minis­tère en Galilée, enfin au pied de la croix.
Marie à la Pentecôte
Luc a présenté Marie com­me le modèle des disciples. Il n'est donc pas étonnant qu'il la remette au début des Actes des Apôtres (Actes 1, 14) dans la liste des dis­ciples qui attendent le don de l'Esprir. Oui vraiment Marie est la mère de Jésus, définie par Jésus en Luc 8,19-21, c’est-à-dire, celle qui écoute la Parole de Dieu et la met en pratique.

DANS L'ÉVANGILE DE JEAN
Marie à Cana
L évangile de Jean ne dé­signe jamais Marie par son nom. Il l’appelle la mère de Jésus, mettant ainsi en relief le fait que c’est son lien à Jésus qui fait sa dignité. Dans le récit de Cana (2,1-12), il paraît abusif de présenter la mère de Jésus comme celle qui « force » la main de son fils. Elle se contente de suppléer le maître du re­pas: « Ils n’ont plus de vin ». Vu le contexte de noces, Jé­sus n'entend pas le nom "vin" au sens matériel mais au sens symbolique de vin des noces éternelles, que Dieu prépare pour tous les peuples à la fin des temps. C'est ce qui explique sa vive et surprenante réaction vis­-à-vis de sa mère: ce sera seulement à l'heure de la croix que Jésus pourra don­ner ce vin. Nous retrouvons alors toute la disponibilité de Marie: "Faites tout ce qu'il vous dira".
Marie au pied de la croix
L'évangile de Jean rapporte une scène très originale au moment de la mort de Jésus en croix. Au pied de celle-ci, se trouvent sa mère et le dis­ciple qu'il aimait. Jésus dit à sa mère: "Femme, voici ton fils". Le disciple symbolise ici le vrai croyant, celui qui fait tout ce que Jésus dit comme le proposait la mère de Jésus à Cana. Marie, la «première» des disciples, a maintenant des héritiers. "Fils, voici ta mère" : les dis­ciples qui formeront l'Église de Jésus Christ sont les fils (spirituels) de celle qui, la première, a eu confiance en son fils. Marie symbolise alors l'Eglise elle-même qui ne laisse pas ses fils orphe­lins, mais leur transmet la foi et les relie à Jésus Christ.

DANS L’APOCALYPSE
Le livre de l'Apocalypse est sans doute le plus difficile à lire de tout le Nouveau Testament. Écrit en temps de persécution, il utilise un langage symbolique et imagé, pétri d'Ancien Testament, souvent inconnu de notre culture. Tentons de déchif­frer ce chapitre 12 qui parle d'une femme vêtue de soleil, en se remémorant le rôle de Marie au pied de la croix. Cette femme vêtue de soleil, qui met au monde un en­fant mâle bientôt élevé au ciel, c'est d'abord le peuple de Dieu qui a donné nais­sance au Messie. La tradi­tion chrétienne a vu dans cette figure du peuple de Dieu celle qui a été choisie pour mettre au monde le Messie, Marie.
Après la montée de l'enfant au ciel, cette femme revit l'Exode des fils d'Israël: elle s'enfuit au désert, poursui­vie par le Dragon qui évoque le Pharaon et, à tra­vers lui, toutes les forces du mal. Elle est nourrie par la manne, qui annonce l'eu­charistie.
Cette femme symbolise alors l'Église qui, d'une part, est sûre de la victoire du Christ sur la mort et les forces du mal et qui, d'autre part, chemine dans les épreuves jusqu'à la venue du Seigneur à la fin des temps.
La tradition chrétienne y re­connaît la figure de Marie, telle qu'elle est présentée, en particulier dans l'évangile de Jean.
En contemplant la femme vêtue de soleil, c'est l’avenir de leur Église que les chrétiens contemplent et recherchent. La foi en la Résurrection les assure que c’est bien l’avenir qui leur est ­promis par Dieu: partager pleinement la joie, la plénitude et la gloire du Royaume de Dieu.

La piété mariale, nourrie par les textes du Nouveau Testament
Admirer la Vierge Marie, la vénérer, c'est avant tout re­connaître en elle les mer­veilles que Dieu a faites pour les hommes et dont le sommet s'est réalisé dans l'Incarnation de son Fils. Les litanies à la Vierge Ma­rie n'ont pas d'autre sens que de donner à chanter l'œuvre de Dieu en Marie, œuvre admirable, inatten­due, merveilleuse.
Les évangiles nous incitent à reconnaître en Marie cel­le qui nous a montré com­ment se mettre à la suite de Jésus.

Avec Marie, servante du Seigneur
Marie a été appelée à donner son fils, venu pour tous les hommes. Nous pouvons alors la prier de nous condui­re à lui. Les artistes du Moyen Âge et de la Renais­sance représentaient Marie avec l'enfant Jésus placé de­vant elle sur ses genoux: elle le donne aux hommes. C'est désormais la mission de tout chrétien et donc de tout catéchiste: non pas de se mettre entre Jésus Christ et ceux que nous côtoyons, mais de nous effacer derriè­re la personne du Christ, qui seul est le Sauveur. À l'exemple de Marie, nous sommes invités à méditer dans notre cœur l'Évangile de Jésus Christ et à le pro­clamer. Comme Marie pré­sente l'enfant Jésus pour le donner au monde - "Je suis la servante du Seigneur" ­nous nous faisons serviteurs pour le donner aux personnes à qui nous proposons la foi.

Avec Marie, conçue sans péché
L'Immaculée conception est fêtée le 8 décembre. Certes, le fait que ': Marie ait été conçue sans péché n'est pas dit dans les évangiles. Mais cette conviction de l'Église s'enracine dans l'affirma­tion que nous avons lue dans le récit de l'Annoncia­tion et que nous rappelons chaque rois que nous réci­tons le Je vous salue, Ma­rie : la Vierge Marie a été comblée de grâce parce qu'elle a bénéficié d'avance du don d’amour total que Jésus fera aux hommes en mourant sur la croix. Célé­brer l'Immaculée concep­tion, c'est célébrer les merveilles de grâces dont Dieu comble les disciples de son Fils, dont Marie est l'exemple premier.

Avec Marie, près de Dieu
L'Assomption de la Vierge Marie, le 15 août, nous donne l'occasion de fêter Marie, corporellement éle­vée près de Dieu après sa mort. C'est une grande fête pour les chrétiens car c'est l'occasion de contempler ce qui, pour nous, sera le don de Dieu à la fin des temps. Ainsi nous ne fêtons pas l'exceptionnel mais la pri­mauté : Marie est la premiè­re de tous ceux que Dieu comble de ses bienfaits.

Avec Marie pour prier
Réciter le chapelet, le rosaire, est un acte de piété. Il s'agit de s'unir à la Vierge qui retenait et méditait dans son cœur les événements de la vie de son fils. Pour de nom­breux croyants, cette pratique reste un moyen privilégié pour soutenir leur prière et leur contemplation des mer­veilles de Dieu.

Avec Marie en Église
Dans les nombreux lieux de pèlerinages mariaux, des foules de fidèles se mettent à l'écoute de Marie dans un but de conversion.
Ce temps doit se vivre en Église. Aller tout seul à Lourdes (et souvent en tou­riste), c'est se condamner à ne voir que les "marchands du temple" qui gravitent au­tour du domaine de la grot­te. Y aller en groupe, c'est partager une expérience unique de communion dans la foi, à l'école de Marie.

P. François BROSSIER
Exégète