Dieu s’adresse à nous non pas par une parole lointaine, mais par une parole vivante, simple, proche : « la parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur » (Deutéronome 30, 14). C’est aussi une parole actuelle même si les textes que nous lisons ont été écrits il y a des centaines d’années par de nombreux auteurs, et sont constitués de récits, d’histoires, de poésies, de proverbes, de chants, de cris de douleur et de joie. Rappelons-nous ce que Jésus en dit dans la synagogue de Nazareth : « Cette Parole de l’Ecriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit » (Luc 4,21).
Par sa Parole qu’il nous adresse, Dieu « découvre le mystère de la rédemption et du salut et il nous offre une nourriture spirituelle ». Dans l’Evangile particulièrement, le Christ lui-même est présent au milieu de l’assemblée. On pourrait même dire qu’il est réellement présent. Par sa Parole Dieu se révèle encore à nous aujourd’hui. Il vient nous rejoindre pour nous instruire de sa vérité et donner sens à nos vies, nous ouvrir à son mystère d’amour, renouveler son alliance et sa promesse à notre endroit. Il vient nous guérir et nous inviter à la conversion. Si Dieu nous parle, il convient que nous lui répondions.
La Table de la Parole va des lectures de la Parole à la prière universelle en sachant que la proclamation de l’Evangile en constitue le sommet.
1. Les lectures : deux textes et un psaume
La première et la deuxième lecture sont faites par des laïcs, parfois institués lecteurs. Ils se font oublier pour laisser Dieu prendre toute la place. Le psaume, chaque fois que c’est possible est chanté ou lu avec un refrain. Ces lectures s’écoutent assis. Le lecteur termine en disant : « Parole du Seigneur » ; et l’assemblée répond : « Nous rendons grâce à Dieu ». Ce dialogue final rappelle que c’est Dieu qui nous a parlé, qui nous a dévoilé son Amour ; pour cela, nous lui disons merci.
La première est tirée habituellement de l’Ancien Testament de l’Ancien Testament qui contient la Loi de Yahvé, les écrits des prophètes, l’histoire du peuple d’Israël et des écrits de sagesse. Pendant le temps de Pâques, la première lecture est tirée des Actes des Apôtres qui racontent les débuts du nouveau peuple de Dieu qui est l’Eglise. Notons que la première lecture de la messe est toujours en relation directe avec l’évangile de manière que le texte de l’Ancien Testament annonce une Promesse de Dieu qui sera accomplie par Jésus dans l’Evangile.
La seconde lecture est tirée des lettres des apôtres : Paul, Pierre, Jean ou Jacques. Elle n’a en principe aucun lien avec les deux autres lectures puisqu’elle se fait en mode de lecture continue afin de nous faire connaître l’enseignement des apôtres qui est à la source de notre vie chrétienne.
Le psaume, chaque fois que c’est possible est chanté ou lu avec un refrain, car il n’est pas à proprement dit une lecture mais une réponse, un écho priant à la parole proclamée.
2. L’évangile et l’homélie
L’évangile a une place et une importance particulières dans la liturgie de la Parole. La liturgie elle-même la distingue des autres lectures par des marques d’honneur spécifiques, car c’est le Christ même qui nous parle. Ces marques d’honneur sont : L’alléluia qui signifie louez Yahvé (Dieu) est invitation à la louange ; le ministre (évêque, prêtre, diacre) chargé de l’annoncer s’y prépare par la bénédiction et la prière ; les fidèles par leurs acclamations reconnaissent et professent que le Christ est présent et leur parle, et ils écoutent sa lecture debout ; enfin les signes de vénération adressés au livre des évangiles : la lumière (les cierges) et parfois l’encens. Je voudrais insister sur un des signes. Nous écoutons l’Evangile debout : C’est le signe de respect pour le Christ qui va nous parler et que nous allons écouter dans l’Evangile. Mais c’est avant tout (ou surtout) parce que l’Eucharistie est le repas des ressuscités. Et les ressuscités, ce sont des gens qui se tiennent debout. Il est bon que les chrétiens soient debout pour entendre la Parole de Celui qui les met debout afin qu’ils soient plus à même de conformer leur vie avec elle. Nous nous tournons même vers le lieu de la Parole.
L’homélie signifie « entretien familier ». C’est une conversation familiale du célébrant qui, comme un père de famille, explique aux fidèles la Parole de Dieu. L’homélie explique un aspect des lectures scripturaires en tenant compte soit du mystère que l’on célèbre, soit des besoins particuliers des auditeurs. Elle éclaire la vie des fidèles aujourd’hui. L’homélie est différente du « sermon » qui était autrefois le plus souvent une exhortation moralisante. Elle fait partie intégrante de la liturgie de la Parole et elle est fortement recommandée car elle est nécessaire pour nourrir la vie chrétienne.
3. Profession de foi : Credo
« Credo » signifie « je crois ». C’est une profession de foi que nous renouvelons à la messe du dimanche et des jours de solennités et aux grands moments de notre vie chrétienne, par exemple le jour de notre baptême ou à la célébration de la Veillée pascale. Elle est non seulement notre façon de participer à toute la liturgie de la Parole, en disant « oui, je crois à ce que l’Eglise révèle depuis toujours », mais surtout notre réponse à la révélation qui est faite dans la Parole de Dieu annoncée dans les lectures et expliquée dans l’homélie. Nous le faisons, non avec nos mots, mais avec ceux de l’Eglise qui, dans sa Tradition, dit la foi de nos Pères. C’est la foi de l’Eglise que nous proclamons, tout comme la messe célèbre Dieu et non la vie des hommes.
Il existe différents « symboles de foi ». Symbole de Nicée, Symbole des Apôtres, Rénovation de la profession de foi baptismale. Sachons que le terme « Symbole » vient d’un mot grec qui signifie « ce qui nous réunit »
4. La prière des fidèles : la prière universelle
Par la prière universelle l’assemblée répond d’une certaine façon aussi à la parole de Dieu reçue dans la foi. Nous, les baptisés, ne venons pas à la messe pour nous seulement. Notre prière doit s’élargir à la mesure de l’Eglise universelle, bien que nous soyons dans un lieu déterminé et à moment précis. Car nous avons une responsabilité, une charge, celle de porter dans la prière tous les hommes, nos frères. C’est pourquoi cette prière est appelée universelle ou prière des fidèles. Ce faisant, nous exerçons une fonction sacerdotale baptismale, nous présentons à Dieu des prières pour le salut de tous. Nous prions à différentes intentions : l’Eglise, le monde, les blessés de la vie, la communauté.
C’est au moment de la prière universelle que tout ce que nous avons vécu, tout ce qui s’est passé dans le monde doit s’exprimer à la messe.