Le "temps ordinaire"
n'a d'ordinaire que le nom.

En dehors de Noël et du temps pascal, c'est l'ensemble du temps liturgique qui permet aux fidèles de vivre sur une année complète tout le mystère du salut accompli par Jésus-Christ. Le temps ordinaire (tempus per annum,en latin, ou le temps le long de l'année) comprend donc les 33 ou 34 semaines couvrant le reste de l'année : la première période va du lundi suivant la fête du Baptême de Jésus (célébré le dimanche après l'Épiphanie) au mercredi des Cendres (non compris) ; la seconde période s'étend de la Pentecôte au premier dimanche de l'Avent (non compris), qui ouvre la nouvelle année liturgique. Ainsi, le 25 septembre 2011 est le 26e dimanche du temps ordinaire. Petite curiosité : les semaines du temps ordinaire sont toujours numérotées de 1 à 34, même si l'on ne compte que 33 semaines cette année-là ; on saute dans ce cas une unité entre les deux périodes.

À quoi sert ce temps?

Dès les origines, l'Église a voulu que les fidèles revivent sur une année entière les événements de l'histoire du salut accomplis par Jésus-Christ. Pendant le temps ordinaire, lorsqu'on ne commémore pas un fait précis de la vie du Christ, de la Vierge Marie ou d'un saint, c'est le dimanche lui-même, "Pâque hebdomadaire", qui est valorisé comme "jour de fête primordial qu'il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles". Le temps ordinaire donne aussi aux fidèles l'occasion de progresser dans leur connaissance et leur compréhension des grands textes bibliques. Pendant les dimanches "ordinaires", en effet, à l'inverse des temps forts de l'année où les lectures sont choisies de façon thématique, on fait une lecture continue des textes (Épîtres et Évangile) de l'année en cours, selon un parcours conçu sur trois années A, B et C (on est actuellement dans l'année A, consacrée à l'Évangile de saint Matthieu). En semaine, on lit les quatre Évangiles en une année et des passages importants d'autres livres de la Bible en deux ans.

Comment fonctionne-t-il?

L'année liturgique comprend en fait deux cycles qui se superposent. Le temps ordinaire s'insère dans le cycle liturgique de base, dit "temporal". Axé sur les événements de la vie du Christ, ce cycle a prééminence sur le cycle "sanctoral", consacré aux fêtes des principaux saints. La mobilité de la fête de Pâques et du temps liturgique qui en dépend, le fait que d'autres fêtes à date fixe tombent parfois le dimanche ont conduit à fixer des règles précises qui permettent de combiner ces deux cycles. Au fil des siècles, on avait ajouté dans l'année de très nombreuses fêtes de saints qui finissaient par éclipser la célébration du mystère pascal lui-même. Pour éviter cette dérive, Vatican II a largement revalorisé la célébration du dimanche, et a par ailleurs réduit le nombre des saints devant être fêtés par l'Église universelle, en confiant à chaque Église locale, nation ou ordre religieux la liberté de fêter les autres.

Aujourd'hui, pendant le temps ordinaire, les dimanches sont toujours célébrés, sauf s'ils coïncident avec une grande fête dite "solennité" du Seigneur, de la Vierge ou des saints (leur nombre est limité à onze dans l'année). En semaine, on célèbre toujours les fêtes et les mémoires "obligatoires" des saints ; les autres jours de la semaine, on a le choix entre les messes du temps ordinaire, les mémoires "facultatives" et les messes consacrées à des dévotions diverses (dites "votives").

Béatrice Bazil. Article paru dans la Croix 24 septembre 2011 (supplément Religion et Spiritualité)
La Croix