A la veillée du 28 janvier

 Hommage au Père Thomas de la paroisse Sainte-Pauline

 Nous voici réunis pour la belle cérémonie des Funérailles, dans laquelle se trouvent associés le papa et son fils, tous deux partis vers le Père auquel ils ont tout donné.

Le père Thomas, beaucoup d’entre vous le connaissaient bien.

Pour ma part j’ai déjà pu témoigner lors de la cérémonie d’A-Dieu qui avait eu lieu à Sainte-Pauline, avant que son corps ne rejoigne son beau pays. J’ai pu dire la chance que j’avais eue de le connaître, de l‘accompagner jusqu’au bout de son chemin sur terre, dire ce qui nous attachait l’un à l’autre, personnellement. Je sais que ce témoignage avait été lu au Burkina par le Père Marc Simon

Mais aujourd’hui, avec mon épouse Madeleine qui m’a aidé à préparer cet hommage, j’aimerais vous présenter le Père Thomas tel qu’il s’est révélé à travers les regards des autres paroissiens de Sainte-Pauline en ces deux trop courtes années qu’il a passées au milieu de nous.

C’est en relisant les messages d’au-revoir et de merci qu’ils ont écrits que nous avons vu se dessiner très nettement un triple portrait : celui de l’homme, l’ami que nous avons croisé ; celui du prêtre qui nous a guidés ; celui du grand spirituel qui ne cesse de nous attirer vers le haut.

 -  Pour parler du père Thomas comme homme, et même ami ou frère, je retrouve dans les témoignages quatre mots-clefs très souvent repris : jeunesse, discrétion et humilité, bienveillance, et enfin  disponibilité.

  •  Quelqu’un de jeune, voire gamin, diront certains, après l’avoir entendu éclater de rire en lisant des Tintin, en regardant Don Camillo, ou en évoquant ses souvenirs de collégien.

De l’enfance, il avait gardé sa capacité de s’émerveiller et beaucoup se souviennent des étoiles qui se sont allumées dans ses yeux lorsqu’il a contemplé la neige qui recouvrait au matin tout le paysage.

Moi–même, j’avais pu voir combien dans un jardin, la nature l’enthousiasmait ; et que dans la visite d’un palais, la grandeur de l’homme et de ce qu’il pouvait concevoir t’enthousiasmait tout autant. 

  •  D’autres mots reviennent sans cesse pour le caractériser : discrétion, douceur, délicatesse, gentillesse, réserve, retenue qui auraient pu laisser penser qu’il était timide, alors que toute cette attitude était dictée par un profond respect et une incroyable humilité. Son souci de ne pas s’imposer était tel qu’il a vécu dans un certain dénuement jusqu’à ce que les paroissiens aient enfin compris d’eux-mêmes ce dont il avait besoin. Et toujours il est resté digne : même dans la maladie, il n’a pas voulu imposer aux autres ce qu’il ressentait ; seul son silence et l’impression qu’il se retirait en lui exprimaient sa souffrance.

Son attitude profonde était de penser à l'autre, de ne pas le blesser mais de lui faire confiance et, ce faisant, il engendrait une confiance réciproque. Il ne voulait pas déranger, peser sur l'entourage aussi fallait-il deviner la douleur qui le tenaillait. Les sœurs

  •  Et puis, c’était quelqu’un qui savait vraiment se rendre disponible et proche et qui prenait tout son temps pour écouter. En fait, sa foi vivante en faisait un homme habité, dont la grande confiance dans les personnes et les événements était le reflet de sa totale confiance en Dieu. On sentait, à son contact, cette force intérieure qui lui donnait son courage, mais qui en faisait en même temps un appui pour ceux qui venaient chercher en lui un réconfort.

Je crois que ce sont ses qualités d’homme, dont il a été si bien doté par ses parents, qui ont fait de lui un remarquable pasteur.

  Le Père Thomas, notre pasteur, notre guide durant deux années,

  •  Ce que les paroissiens de Sainte-Pauline retiennent de lui comme prêtre, c’est cette bienveillance qui était sa façon d’être la plus naturelle envers tous ceux qui venaient le voir, envers toutes les équipes qui travaillaient à la mission, Il était dans une attitude d’attente confiante de ce que le Seigneur ferait naître de la rencontre. Pas de jugement, ni même d’évaluation, juste un encouragement à poursuivre dans la foi. Et cette attitude éveillait chacun à Dieu, et à lui-même. Madeleine
  •  Homme de prière, il n’a jamais cessé, rien que par sa façon de prier dans un profond recueillement, de donner à tous le désir d’entrer dans un dialogue plus fréquent et une intimité plus grande avec le Seigneur. Qu’ils sont nombreux, ceux à qui il a appris à se tourner vers Marie dans la récitation régulière du chapelet !

Il avait des mots simples pour partager sa foi et faire passer de puissants messages dans ses homélies. Muriel

  •  En mettant en tout Dieu d’abord, il nous a donné des leçons de charité évangélique : le demandeur d’aide qui se présente juste avant la messe, il ne l’écarte pas, mais il ne le sert pas : 

Vous avez dit très naturellement et simplement (une évidence pour vous) que nous étions là, réunis maintenant, pour prier et célébrer Jésus Christ, et vous avez commencé la messe. A ma grande surprise cet homme  est resté durant toute la célébration et a participé et prié avec nous. Après, vous vous êtes occupé de lui sur le plan matériel. Votre attitude ce jour-là m'a bien fait réfléchir sur le comment vivre l'Evangile : d'abord Jésus tout Amour qui se donne, afin que nous puissions aimer à notre tour en nous tournant à sa suite vers notre prochain. Marie

  •  Par son silence, le Père Thomas nous a appris l’intériorité et à donner priorité à l’être  sur  le faire

Ce qui frappait au tout premier abord quand on voyait le Père Thomas, c'est sa timidité, sa réserve, sa communication toute en retenue. Pour un moulin à paroles comme moi, ce premier contact a été déroutant. Je me sentais obligée de faire la conversation, meubler les silences. Jusqu'au moment où j'ai accepté de ne plus faire la télé et d'écouter autrement. Alors on pouvait découvrir le Père Thomas : entendre cette petite voix qui nous parlait d'autre chose que du bruit et de l'agitation de ce monde, d'une vie d'intériorité, entièrement tournée vers Dieu.
Pour notre paroisse, toujours préoccupée par de multiples activités, il a été une leçon. Dieu n'est pas dans le faire mais dans l'être.
Inès

  •  Enfin ce qui le caractérise le plus, si j’en juge par les témoignages, c’est cette profonde spiritualité qu’il a su transmettre à ses paroissiens.  

"Chaque point de Théologie est à vivre en profonde spiritualité", 
nous disiez-vous. Cette spiritualité vous avez su la vivre auprès de nous, vous avez su nous la rendre visible en toutes circonstances et jusque dans vos gestes lors des eucharisties.
Luc et Colette Chercher Dieu, s’en remettre à Lui, s’engager par un Oui radical, c’est l’exemple que le P. Thomas nous donnait en toute circonstance.  

En tant que pasteur, il n'a pas "géré" sa paroisse, mais, par sa vie, son accueil et sa douceur, il a montré à ses paroissiens jusqu'où pouvait le conduire sa foi et comment, très humblement, il acceptait les événements comme autant d'occasions de prières et de rencontres avec son Seigneur, Pascal,

 On le sent bien que le Père Thomas était un homme de Dieu et j’en viens au troisième point :

 - Le Père Thomas, un Grand Spirituel

  •  « Ne le saviez-vous pas ? Votre curé est un Saint ! » s’est exclamé le P. Emmanuel la première fois qu’il l’a remplacé à Sainte-Pauline après avoir rencontré le P. Thomas à l’hôpital. Oui, nous savions qu’il était un grand spirituel ! Comment ne pas être sensible à son incroyable qualité de présence ?  Une grande présence, qui passait surtout par les yeux, par la profondeur du regard. Le reste … effacé, s’effaçant pour que l’on cherche quelqu’un d’autre. Premier contact avec ce mystère d’effacement devant l’Autre que tu as toujours incarné pour moi. Madeleine 

Non seulement, son visage donnait à voir la présence agissante de Dieu dans sa personne humble et discrète (Edith), mais il portait le reflet de l’Amour miséricordieux de Dieu pour chacun

Votre accueil, votre écoute et votre disponibilité étaient un reflet de l'Amour de Dieu pour chacun d'entre nous, Dieu n'est jamais pressé, Dieu est indulgent, Dieu pardonne, Dieu aime tous les hommes, Dieu fait confiance, Dieu écoute......tout cela Père vous l'étiez! (Isabelle),

Il avait une présence vivante, silencieuse et bienveillante (Inès). Et lui-même était capable de reconnaître la divine Présence dans les personnes et les événements (P. Hervé)

  • D’où lui venait cette transparence à Dieu ? De la prière, car c’était un grand priant et par là même, un homme de communion : être en relation constante avec Jésus, en unité avec Lui (Marie), c’était une réalité pour lui et il nous invitait par tout son être à entrer dans cette communion.

Le Seigneur se tient tout près du Père Thomas qu’Il aime, comme il était si proche du disciple qu’Il aimait. Notre cœur est tout proche aussi. (une équipe).

D’ailleurs, lui-même n’avait-il pas écrit un jour au P. Augustin :

« J’ai compris davantage que la mission devient très féconde lorsqu’on reste uni au Christ et que le rayonnement missionnaire dépasse l’espace et le temps. En vivant dans un espace limité, on peut atteindre tous les hommes. »Père Thomas

Quand la maladie a imposé son poids de fatigue, d’angoisse et de souffrances, jamais il n’a exprimé de révolte, au contraire :

Et plus elle te dévorait et t’épuisait, plus tu semblais t’enraciner dans le roc, devenant toute confiance : visage lisse, regard qui s’approfondit encore, sourire ténu qui en dit long sur ce que tu endures. Et nous t’avons vu continuer de présider l’eucharistie, quand déjà tes forces devenaient incertaines. Mais dans ces moments encore, tu n’es qu’accueil, présence qui laisse place à la Présence, tout donné, en offrande de toi. Madeleine

  •  Alors qu’il avait un autre projet, il est arrivé à Sainte-Pauline par obéissance à son évêque, et n’a jamais cessé dès lors de nous apprendre par sa vie ce que la désappropriation veut dire : il a accueilli avec confiance tout ce qui lui arrivait pour en faire dans l’eucharistie l’offrande de sa vie.

 Il a vécu une dépossession progressive, mais sans jamais cesser d’être ce visage d’homme de Dieu qui bénit, de serviteur de la foi. Vie effacée … vie féconde par tout ce que ta désappropriation nous aura appris de la richesse de la pauvreté et de la liberté de ceux qui ont tout donné. Madeleine
Et jusqu’à la fin, il a été l’homme du Oui.

Dans sa maladie encore, il nous a montré comment vivre le oui de Marie : qu'il me soit fait selon ta volonté. Pas d'obsession de savoir, de chercher le meilleur médecin, le meilleur protocole, mais un simple abandon à Dieu, dans la fidélité à sa mission … Vous m’avez montré, Père Thomas, tout simplement comment être à Dieu, entièrement à Dieu. Inès

  •  A ce stade, je voudrais citer le P. Augustin qui parle de cette grâce du martyre que le P. Thomas a vécue, sous sa forme toute particulière que lui-même, Thomas, a définie dans sa thèse sur Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ; une forme de martyre qui considère l’aspect intérieur, témoignage et don de soi en sacrifice, en offrande à l’amour et pour la collaboration au Règne de Dieu.

« Dans le martyre à travers le corps, la misère, la maladie, la souffrance, toute condition très difficile d’expression de la foi, le chrétien persévérant jusqu’au bout par amour pour Jésus peut vivre un véritable martyre. En effet, le martyre du cœur n’est pas moins fécond que l’effusion du sang. » Père Thomas

Et quand il a senti la fin approcher, « il s’est retiré », pour être seul face à son Dieu, et entrer en dialogue avec Lui pour élargir son cœur aux dimensions de son Amour démesuré. C’est ainsi qu’il est parti, « livré à l’amour », le visage serein.

Je laisse à Edith le soin de la conclusion.

« Le Père Thomas était à la fois un grand homme de par son humanité et un homme de Dieu de par son humilité. Je remercie le Seigneur de nous l'avoir envoyé, de lui avoir permis de vivre au sein de notre famille, la communauté de Sainte Pauline. Cher Père Thomas, merci pour votre présence parmi nous; merci de nous avoir fortifié dans notre foi; merci de continuer à prier pour notre paroisse que vous avez tant aimé et aidé à rendre plus belle. Dans la communion des saints, je prie et prierai toujours pour vous. »

 Nous rendons grâce à Dieu pour les merveilles qu’Il a accomplies à travers Thomas, son fidèle serviteur, et nous remercions sa famille et l’Eglise de Dédougou qui ont formé et nous ont donné cet homme remarquable, ce pasteur selon le cœur de Dieu, cette belle figure de grand spirituel et de martyr d’aujourd’hui.  

 

 

A la célébration solennelle du samedi 30 janvier

Monseigneur, Chère famille, Chers amis de la paroisse de Wakara,

Me voici devant vous ! Je suis venu d’abord en tant qu’ami proche de notre cher Père Thomas, mais je suis venu aussi en tant que paroissien de Sainte-Pauline, qui, avec toute la communauté, a pu bénéficier de la richesse humaine, spirituelle et pastorale de ce prêtre exceptionnel ; je suis venu enfin en tant que membre de l’Eglise diocésaine de Versailles, qui a noué de nombreux liens avec le diocèse de Dédougou. C’est moi seul qui vous parle, mais sachez que Madeleine, mon épouse, a largement participé à l’élaboration de ce témoignage.
Je ne suis pas un prédicateur et c’est avec mon cœur et ma sensibilité que je vais vous parler, en essayant de transmettre en même temps toute la vénération que provoque chez nous chaque évocation de ce remarquable représentant de votre pays.
Je voudrais partir de la cérémonie d’installation du Père, qui a eu lieu le 23 septembre 2012. Il y avait là le Père Olivier Leborgne, vicaire épiscopal, qui représentait Mgr Aumonier, notre évêque, indisponible ce jour-là ; des représentants des autorités civiles, et bien sûr, toute la communauté paroissiale de Sainte-Pauline.
En réponse aux mots de bienvenue qui lui ont été adressés, l’abbé Thomas a fait la déclaration suivante, qui, bien plus qu’une simple formule, a dessiné la ligne de conduite qui a caractérisé sa façon d’être avec nous tout au long de son ministère.
Ces mots, les voici :   

 « A vous tous venus de près ou de loin pour vivre avec nous cette fête de rentrée paroissiale et l’installation du nouveau curé de la paroisse Sainte-Pauline, je voudrais adresser toute ma reconnaissance et mes remerciements.
L’installation d’un nouveau curé répond au droit de l’Eglise. Vous êtes tous témoins de mon engagement. C’est pour mieux servir l’Eglise et particulièrement notre paroisse. Tel est le sens que je donne à cet évènement que je trouve éclairant dans la Première Lettre de l’Apôtre Paul aux Corinthiens (1 Cor 2, 1-5) que je transcris de façon personnelle par les termes suivants :
« Frères, en venant chez vous, j’ai décidé de ne rien savoir d’autre, durant mon séjour parmi vous, que Jésus-Christ et, plus précisément, Jésus-Christ crucifié. C’est pourquoi, je me suis présenté à vous faible et tout tremblant de crainte ; mon enseignement et ma prédication n’ont rien des discours de la sagesse humaine, mais c’est la puissance de l’Esprit divin qui en fait une démonstration convaincante. Ainsi, votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais bien sur la puissance de Dieu ».

 Le Père Thomas exprime par ces mots, avec une force inouïe, comment il désire prendre la suite du Maître. Et c’est bien ainsi que tout s’est passé pendant ces deux ans, dans une fidélité à cet engagement qui a profondément touché chacun de nous. C’est tellement vrai que j’en frémis d’émotion. Jusqu’au bout, sans jamais faillir à son engagement, il a pris sa part de  la triple fonction du Christ, avec une cohérence et une intensité qui forçaient l’admiration de tous.


Aussi, je voudrais évoquer quelques traits marquants qui nous permettent de voir la grandeur du Père Thomas, Prêtre, Prophète et Roi.

 -   Prêtre : Voici comment le catéchisme des Evêques de France définit la participation à la fonction sacerdotale du Christ : « il s’agit, par amour, d’offrir à Dieu sa personne et son existence, tout spécialement par une participation consciente et active à l’eucharistie. »

  •    J’ai présenté hier des extraits de témoignages que j’ai tirés du cahier que la paroisse avait mis à la disposition de paroissiens lors des assemblées dominicales pendant sa maladie, ou lors des rassemblements de prières qui ont eu lieu après sa mort. On y découvre combien chacun a été sensible à cette dimension sacerdotale de la mission du Christ auquel le Père Thomas ne cessait de se configurer. Permettez-moi d’en citer à nouveau quelques extraits.

 §  Germaine : « Sa foi, sa piété, un abandon total à la Providence et sa vénération de la Sainte Vierge m’ont beaucoup apporté sur le plan spirituel »

§  Luc et Colette : « Cette spiritualité, vous avez su nous la rendre visible en toute circonstance, et jusque dans vos gestes lors des eucharisties.»

§  Pascal : « Bel exemple d’obéissance et de vie donnée ! »

§  Madeleine : « Plus la maladie t’épuisait et te dévorait, plus tu semblais t’enraciner dans le Roc, devenant toute confiance. Alors que déjà tes forces devenaient incertaines, nous t’avons vu continuer à présider l’eucharistie, dans une attitude d’accueil qui laissait toute sa place à la Présence de Dieu. » 

§  Les sœurs : « Il est toujours resté fidèle à la célébration eucharistique quotidienne, au prix d’efforts énormes les derniers jours. »

§  P. Hervé : « Il était d’une grande humilité doublée d’un grand esprit de détachement »

§  Le P. Augustin : « Il a vécu la grâce du martyre » et il justifie cette affirmation en citant ce que le P. Thomas définit lui-même ainsi dans sa thèse sur Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « un martyre considéré sous son aspect intérieur, le témoignage et le don de soi en sacrifice, en offrande à l’amour et à la collaboration pour le règne de Dieu … Le martyre du cœur n’est pas moins fécond que l’effusion de sang.»

 Même avec beaucoup plus de temps, je n’aurais pas pu vous retransmettre tous les témoignages dans lesquels s’exprime la conviction que nous avions tous que la vie du Père Thomas ne lui a appartenait plus depuis longtemps ; sa vie, il l’avait si bien abandonnée en Dieu que quand on le regardait, c’est Dieu à l’œuvre qu’on voyait.

Ne soyez donc pas surpris si le chant « Mon Père, Mon Père, je m’abandonne à Toi … » soit devenu pour nous comme un symbole de toute la vie de notre curé.  

 - Prophète : Voici comment le catéchisme des Evêques de France définit la participation à la fonction prophétique du Christ : «  il s’agit d’annoncer la Bonne Nouvelle par ses paroles et le témoignage d’une conduite selon l’Evangile. »

  •    Là encore, notre cher Père Thomas s’est montré un fidèle collaborateur du Christ dans sa fonction prophétique.  Laissons encore la parole à ses paroissiens et à ses amis :

 §  Nathalie et Frédéric : « C’était un homme extrêmement sensible et d’une spiritualité très profonde : un vrai disciple du Christ. ».

§  Marie : «  (Il nous a appris à) d’abord accueillir Jésus tout amour qui se donne, afin que nous puissions aimer à notre tour en nous tournant à sa suite vers notre prochain. Etre en permanence relié au Christ … »

§  Inès : « Le père Thomas, c’était cela : la présence vivante, silencieuse et bienveillante de Dieu »

§  Edith : « Il est très beau de voir comment le P. Thomas a fait naître dans le cœur de ses paroissiens l’expression d’un amour spontané capable de reconnaître la Présence de Dieu dans la personne de ce pasteur humble et discret. »

§  Les sœurs : « Le P. Thomas était un pasteur à l’écoute de ses brebis, et qui les a nourries par la qualité spirituelle de sa prédication. » 

§  P. Boulle : « Son silence était habité par l’éternelle Parole par qui tout a été fait et qui est devenue le Verbe silencieux … Dans le silence où le Verbe parle, l’Eglise a sa source et c’est par là que tout est sauvé. Un de ses fils et humble serviteur nous le rappelle ce soir pour que l’Evangile nous devienne intérieur et rejoigne notre bruit et notre agitation.»

 Oui ! C’est vrai ! Ce n’était pas un grand bavard, notre curé, l’abbé Thomas, mais c’est tout son corps, et son silence, et sa discrétion, son respect, son regard pénétrant, c’est tout cela qui nous parlait ! Et c’est aussi ce secret de l’Evangélisation qu’il nous a transmis et que nous gardons comme une précieuse relique de son passage parmi nous.

 -  Roi : Voici comment le catéchisme des Evêques de France définit la participation à la fonction royale du Christ : « il s’agit de combattre contre les forces du mal en soi-même et dans le monde, par le service de ses frères et de contribuer à réorienter la création dans le sens voulu par le Créateur. »

  •    Quand il a su que la maladie avait gagné et qu’il ne guérirait plus, pendant un temps, il est sorti du cercle de circulation de l’Amour : téléphone coupé, chambre close, visage fermé … le temps de livrer le combat intérieur pour vaincre le Malin qui tentait de lui ôter sa confiance en la bienveillance de Dieu. Mais cela n’a pas duré : il a renouvelé le don de sa vie et de sa volonté au Seigneur, et il est vite revenu vers ceux que le Seigneur lui donnait à aimer, les soignants, tous ceux qui lui rendaient visite, paroissiens, amis, frères prêtres, avec une bonté décuplée, pour les bénir, les réconforter, les accompagner dans ce qu’eux-mêmes avaient à vivre.
  •    Dans les dernières paroles à peine audibles qu’il a dites au P. Augustin, il y a, répétés par trois fois, ces quelques mots : « Je remercie Dieu pour les grâces, nombreuses, qu’il m’a faites. »

 Il aura tout donné, sans tenter de retirer une quelconque gloire personnelle de la manière dont il s’est entièrement donné pour prendre la suite du Christ et dont il a livré son combat personnel contre le Mal.

  •     Mais ce pasteur infatigable portait aussi la préoccupation de nous envoyer, nous ses brebis, vers le monde pour y être le ferment du Monde Nouveau …  La lecture de ses éditoriaux sur le feuillet Vivre à Sainte-Pauline qui paraît régulièrement toutes les 3 semaines en moyenne, nous le fait découvrir.

 §  Ainsi écrivait-il le 15 janvier 2013 : « Aujourd’hui le témoignage de la foi chrétienne semble miser essentiellement sur une présence chrétienne à l’intérieur d’une société qui se passe de Dieu. C’est un devoir déterminant, noble et exigeant : témoigner de sa foi dans un monde qui ne veut plus entendre la voix du Fils de Dieu. Le moment est venu d’écouter la voix du Fils de Dieu dans un temps de crise. En effet, c’est dans le désert qu’on découvre la valeur de ce qui est essentiel pour vivre ! »

§  Et le 29 janvier 2013, son éditorial nous dit : « Dans ces temps très préoccupants, les chrétiens sont appelés à témoigner d’une espérance. Comme « sel et lumière » dans la cité, les baptisés ont pour tâche de rappeler à cette société que la famille demeure un joyau irremplaçable, qui ne peut être soumis à la manipulation des modes ou des idéologies. Le plan de salut pour l’homme d’aujourd’hui ne constitue pas un « nouveau programme : il est celui de Jésus, notre repère. »

  •     Je ne peux pas citer tous ses éditoriaux, mais on sent bien qu’il vivait comme une préoccupation constante la dérive vers un monde sans Dieu et sans repères, déjà bien sensible en Europe, mais dont les premiers signes nous semblent atteindre désormais le Burkina aussi. Mais pas d’appel à l’engagement et au service qui ne soit assorti du rappel du rôle de la prière comme fondement de toute activité chrétienne. En effet, le seul rempart qu’il voyait contre ce déferlement des forces de déstructuration, c’était une foi solide, ancrée dans la prière si bien qu’il multipliait les propositions : bien sûr la participation régulière aux célébrations eucharistiques, mais en plus la récitation quotidienne du rosaire, la méditation contemplative, l’adoration, la prière en famille …

Oui ! Nous avons beaucoup reçu du Père Thomas, et nous sommes tous convaincus que, de là où il est, il continue de veiller sur nous qui avons à affronter aujourd’hui le redoublement des forces du Mal. Il prie sûrement pour nous et avec nous, dans la Communion des Saints. Car nous sommes sûrs que le Père a accueilli celui qui l’a si bien servi en lui disant : « Bon et fidèle serviteur, entre dans la Lumière et la Joie de Ton Maître ! »