Pâques


La fête de Pâques place au cœur de la foi la résurrection du Christ et notre propre résurrection. Sans elles, notre foi est vaine.

 

« Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi »

S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Mais si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi. […] Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est votre foi ; vous êtes encore dans vos péchés […]  Mais non ; le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis

(1 Co. 15, 13-14 ; 20)

Pour conforter la communauté de Corinthe, isolée dans un monde païen, Saint Paul revient aux bases de la vie chrétienne.  Il  insiste sur le  lien réciproque entre la Résurrection du Christ et la résurrection des corps. Toutes deux sont au cœur de la foi. Sans elles, la foi est vaine ou privée de contenu. Sans cette double adhésion, nous sommes encore dans le péché.
Au cœur de notre foi, le mystère pascal fait de nous des vivants, en puissance d’être libérés du péché et de la mort.
L’icône de l’Anastasis illustre ce mystère. Le Christ « descendu aux enfers (a) », a brisé les portes du séjour des morts, d’où il remonte en tirant de son tombeau Adam, représentatif de toute l’humanité, comme le dit Saint Paul en 1 Co. 15, 22 : « De même en effet que tous meurent en Adam, ainsi tous revivront dans le Christ ». « Ô mort, où est ta victoire », dit encore Saint Paul dans la même Épitre.

Le baptême, gage de notre résurrection

En plaçant le baptême au cœur de la liturgie pascale, l’Église nous rappelle que nous, baptisés, sommes appelés à la résurrection, comme le proclame Saint Paul :

Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle. Car si c’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable.

(Rm, 6, 4-5)

Le baptême nous fait participer au mystère de la mort du Christ sur la Croix et anticipe en nous les bienfaits de la résurrection. La mort et la résurrection du Christ ont instauré définitivement le temps du salut. Il nous reste à y adhérer par notre vie et à en rendre témoignage. Entrer dans la mort avec le Christ n’est pas chose aisée. Jésus lui-même est troublé à l’approche de la mort :

Maintenant mon âme est troublée. Et que dire ? Père, sauve-moi de cette heure ! Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure.

(Jn. 12, 27)

Cependant, le trouble se dissipe lorsque Jésus invoque le Père.

« Je crois à la résurrection de la chair »

Le terme chair désigne l’homme dans sa condition de faiblesse et de mortalité. La résurrection de la chair signifie qu’il n’y aura pas seulement, après la mort, la vie de l’âme immortelle, mais que même nos corps mortels reprendront vie.

(Catéchisme de l’Église catholique n° 990)

La résurrection de la chair apparait comme inséparable de la vie éternelle, qui est une aspiration de tout homme. Mise au cœur de l’homme, l’aspiration à l’éternité apparait dans les religions, mais est présente aussi chez les athées.
La Bible atteste la révélation progressive de la résurrection. L’Évangile montre que cette croyance était répandue chez les juifs à l’époque de Jésus. Ainsi, les sadducéens qui n’y croyaient pas apparaissent-ils comme isolés dans l’épisode de la veuve de sept frères (Mt 22, 23-32). De même, dans le récit  de la résurrection de Lazare, on peut voir Marie adhérer à cette doctrine : « Je sais, dit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour » (Jn. 11, 24). Cependant, cette résurrection des morts prend tout son sens en lien avec la résurrection du Christ.

Comment le Christ aide t-il notre foi ? – pédagogie du Christ

Giotto - Noli me tangere

Giotto – Noli me tangere

L’instant et le « comment » de la Résurrection ne sont pas relatés dans le Nouveau Testament. Celle-ci n’est pas accessible à nos sens. Seule la foi permet d’y adhérer. Sur le chemin de la foi, Jésus nous aide, comme il a aidé ses disciples à croire.
L’épisode de Lazare (Jn. 11), comme celui de la fille de Jaïre (Mc. 5 ; Lc. 8) montrent son pouvoir sur la mort et la puissance de la foi.  Celui de la Transfiguration (Mt. 17 ; Mc, 9) offre un aperçu de la vie céleste.
Dans le récit des Pèlerins d’Emmaüs (Lc. 24), Jésus ressuscité ouvre le cœur des apôtres en expliquant les écritures et se fait reconnaître lors de la fraction du pain. Et nous, saurons-nous le reconnaître dans l’écoute de la Parole et dans l’Eucharistie ? –  Lors de la pêche miraculeuse (Jn. 21), la vue du filet plein ouvre les yeux du disciple que Jésus aimait. L’épisode de Thomas (Jn. 20) met l’accent sur la contemplation des plaies du Christ est sur la foi « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ». Jésus ressuscité se fait reconnaître de Marie en l’appelant par son nom (Jn. 20).
Jésus ressuscité est unique, mais les signes de reconnaissance qu’il nous adresse sont assortis à chacun de nous. Savons-nous voir ceux qui nous sont adressés ?
Chacun a son chemin de foi. De l’apôtre Jean, l’Évangile dit  nous dit « il vit et il crut ». Il a fallu plus de temps à Thomas ou aux disciples d’Emmaüs…

La vie chrétienne, une vie de ressuscité

Incorporé par le baptême dans la mort et la résurrection du Christ, le chrétien, anticipe dans sa vie terrestre, sa vie de ressuscité.

La certitude de la résurrection transfigure dès maintenant une vie qui est entrée dans la mouvance du Christ. Elle domine la morale qui s’impose désormais à l’homme nouveau, né dans le Christ : « ressuscités avec  le Christ, cherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ assis à la droite de Dieu » (Col 3, 1ss). Elle est aussi la source de son espérance.  Car si le chrétien attend avec impatience la transformation finale de son corps de misère en corps de gloire (Rm 8,22S), c’est que déjà  il possède les arrhes de cet état futur (Rm 8, 23 ; 2 Co 5,5) (b).

Cette Espérance doit transparaître dans notre vie de chaque jour, illuminée par le commandement nouveau « Aimez-vous les uns les autres. » (Jn. 13, 34)

Pour aller plus loin, nous pouvons nous poser quelques questions :

1) Morts avec le Christ dans le baptême, croyons-nous que nous vivrons avec lui ?
2) La mort du Christ en croix et la foi en la résurrection sont deux versants d’un même mystère. De quelle façon le Christ nous aide-t-il à croire ?
3) Est-ce que croire en la résurrection du Christ nous aide à croire à notre propre résurrection ?
4) Qu’est-ce que la foi en la résurrection (Résurrection du Christ et résurrection des morts) change dans nos vies ?
5) Saint Jean a écrit « […] Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est en son Fils. Qui a le Fils a la vie ; qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle. » (1 Jn 5, 11p-13). Qu’est-ce que cela signifie pour nous ?
6) Comment annoncer la foi à nos contemporains ? – Est-ce important pour nous et pour eux ?

Philippe et Germaine de Pompignan

(a) Ne pas confondre « les enfers » désignant le séjour des morts, avec « l’enfer », lieu de damnation.
(b) Vocabulaire de théologie biblique, Cerf, Paris, 1981