Chers Amis,

Cette année, notre marche vers Pâques est marquée par le scandale des abus sexuels et de pouvoir dans l’Église catholique. L’actualité accumule des nouvelles affligeantes et consternantes. Certaines personnes ayant autorité (évêques, prêtres, religieux) ont perpétré des actes ignobles et criminels à l’encontre de personnes mineures ou fragiles. Ma sollicitude, ma compassion, ma prière vont aux victimes, blessées à vie. Je demande à l’Esprit Saint de venir les entourer avec force et douceur afin de les conduire sur un chemin de reconstruction. Les coupables de ces abus ont trahi la confiance placée en eux. Ils répondront devant la justice des hommes et aussi devant Dieu tout-puissant. Je prie qu’ils puissent se convertir, demander pardon, faire pénitence.

Je veux aussi, parce que c’est cela qui me fait vivre, vous parler comme votre prêtre pour entendre votre souffrance, soulager et guérir ce qui peut l’être, stimuler dans la foi et dans l’attachement au Christ. C’est Lui qui est ma raison de vivre, Lui « le Chemin, la Vérité et la Vie ». Paraphrasant saint Augustin, je vous dis : « Avec vous je suis chrétien, pour vous je suis prêtre. ». Avec vous, je suis touché par ce que nous vivons. Nous souffrons avec les victimes, nous souffrons de la souffrance des fidèles, nous souffrons du visage défiguré de l’Église. Je pense aussi à ces chrétiens qui lentement, ne croyant plus en Église, la quittent silencieusement et s’éloignent du Christ. Nous sommes dans une salutaire exigence de vérité. Cette exigence, nous la devons tout d’abord aux victimes pour les aider à se reconstruire et pour que cela ne se renouvelle plus. Nous la devons à l’Église du Christ, dépositaire du message de l’Amour de Dieu pour chacun. Je voudrais vous redire la détermination des évêques à continuer d’agir pour que l’Église soit une maison sûre. Ils ne pourront pas le faire seuls. Cette responsabilité nous incombe à tous. Agissons non pas les uns contre les autres mais les uns avec les autres.

Ce Jeudi Saint, nous entendrons proclamer le passage du lavement des pieds dans l’évangile de Saint Jean. Jésus révèle la vraie divinité dans l’humilité et le service. Il se donne complètement pour nous faire entrer dans l’intimité avec Dieu. Dans cet épisode, nous découvrons que l’Église n’est pas une institution mais un peuple vivant. Nous en faisons partie. Je demande au Seigneur que nous puissions tous ressentir qu’Il se met à genoux devant nous, inlassablement, pour nous laver les pieds, nous pardonner, nous faire entrer dans la vie divine.  Je demande au Seigneur que nous puissions être à genoux. Non pas à terre mais à genoux pour servir les plus pauvres et à genoux pour adorer Dieu.

Que ces fêtes de Pâques nous fassent entrer dans l’espérance. Je voudrais vous redire que l’espérance n’est pas l’illusion que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. L’espérance est cette certitude absolue que Jésus est vivant, que le mal et la mort ne seront jamais vainqueurs et que le Christ est avec nous jusqu’à la fin des temps.

Père Emmanuel Gougaud