Jean-Baptiste montre le Christ, Van der Weyden, XV°

Le 6 décembre

Chers frères et sœurs,

Quelle est la dernière bonne nouvelle que nous ayons reçue ? Il y en forcément une, même au milieu de notre temps d’épreuve. La bonne nouvelle de la guérison d'un ami cher ? Celle de la réussite d'un examen ? Celle de la victoire de notre équipe de foot préférée ? Celle d'une naissance attendue ? Celle de la reprise des messes ?... Qui ne souhaiterait pas accueillir une bonne nouvelle... C'est toujours une joie d'attendre ou d'apprendre une bonne nouvelle qui nous réchauffe le cœur et que l'on a envie de partager avec ses plus proches. L'Evangile est-il pour nous encore une « heureuse annonce » ? C’est ce que dit le deuxième mot de l'Evangile de Marc : « commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ » ?

Au temps de Jésus, ce terme de « Bonne Nouvelle » qui a donné le mot Evangile désignait un événement choc qui marquait un tournant dans la vie des hommes : la proclamation d'une victoire, ou l'intronisation d'un nouveau roi.

Dans l'histoire sainte, le terme finit par désigner le salut donné par Dieu : « Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem », avons-nous entendu dans la première lecture.  

Le prophète Isaïe annonce une « voix » mystérieuse proclamant dans le désert la venue du Seigneur ; elle invite les hommes à préparer comme une gigantesque autoroute, aplanissant les obstacles qui pourraient empêcher d’accéder au Seigneur « Tracez droit… tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Les escarpements changés en plaine, et les sommets, en large vallée ». Cette voix qui trace et ouvre la voie, bien sûr c’est Jean-Baptiste.

Celui-ci est chargé de préparer le chemin au Messie attendu par le peuple de Dieu. Etrange personnage en vérité que cet homme qui semble avoir rompu les amarres des conventions sociales, vivant dans le désert, vêtu de poils de chameau et se nourrissant de sauterelles. Un genre de prophète hippie de l'époque.  

Le Messie attendu par le peuple de Dieu, est celui qui va « annoncer la bonne nouvelle aux humbles » (Is 61,1). Pour nous c'est le Christ qui accomplit ces paroles.

Cette Bonne Nouvelle dont parle Marc est un « commencement » sans pareil ; elle est précédée par l'annonce des prophètes : l'Evangéliste démarre son récit par un assemblage de paroles de l'Exode et de prophètes (Malachie et surtout Isaïe) : le peuple de Dieu va connaître un nouvel exode et une libération définitive. Jésus qui est Fils de Dieu et Messie, le nouveau David va accomplir cela. Comme Fils de Dieu, Jésus offre aux hommes l’unique « Bonne Nouvelle » qu’aucun empereur ne serait en mesure de proposer. Il y a dans le Christ, ce petit enfant né faible dans une étable, bien plus que dans la force armée de l'Empereur romain.

C’est un moment où l’histoire converge : la venue du Sauveur, le Fils de Dieu, annoncé par un prophète, porté dans le sein d’une femme, humble et sainte, Marie.

Au début de son récit rapportant les actes et les paroles de Jésus, l’Evangéliste Marc veut montrer l'importance de la venue du Fils de Dieu dans le monde et sa présence toujours actuelle dans la vie de tout homme. Christ vient apporter toute nouveauté, sous des débuts humbles.

« Nous attendons, dit Pierre, un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ».

Accueillons de façon renouvelée l’inattendu de cette Bonne Nouvelle !  


Père Etienne Maroteaux,
Curé de Sainte-Marguerite et Sainte-Pauline du Vésinet

Le 5 décembre

Chers frères et sœurs,

Comme elles sont réconfortantes ces paroles du prophète Isaïe ! Certains ont même pu parler d’Isaïe comme le 5° Evangéliste ; c’est en tout cas une magnifique préparation à l’Evangile !

Le prophète annonce que Dieu veut faire grâce à ceux qui espèrent en lui. En ce temps de venue du Messie, le cœur de l’humanité sera changé, les yeux verront, les oreilles entendront, les biens de la terre abonderont… Ce sera aussi le temps du renouvellement des miracles du désert, ceux de la manne et de l’eau jaillie du Rocher, lorsque Dieu marchait avec son peuple.

Ce jour béni sera le « jour où le Seigneur pansera les plaies de son peuple et guérira ses meurtrissures ».

Toutes ces prophéties d’Isaïe annoncent évidemment la venue de Jésus qui va renouveler les grâces des premiers temps, lorsque le peuple de Dieu entrait en Terre Promise. Jésus vient panser les plaies de l’humanité et la remettre debout : il vient « guérir toute maladie et toute infirmité ».

Jésus annonce donc ce Royaume où Dieu son Père fait grâce : « Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles, parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger ».

Avez-vous remarqué un détail curieux ? La première chose que demande Jésus pour aider ces foules qui errent sans berger, ce n’est pas de « retrousser ses manches », mais il demande d’abord de prier… Comme pour nous dire : quand les vies de nos proches sont dures la première chose est de prier pour que Jésus agisse en ses ouvriers, c’est-à-dire en chacun de nous. Comme pour nous rappeler que l’initiative viendra toujours d’abord de lui. L’image de la moisson indique une urgence : lorsque les blés sont mûrs, la moisson n’attend pas. Face à l’urgence, le premier réflexe devrait être de se tourner vers Dieu : il est le maître de l’impossible.

On raconte que Sainte Claire d’Assise, face à quelqu’un qui lui annoncerait que le monastère était en feu, aurait eu comme réponse : l’affaire est trop grande pour moi pour que j’en sois troublée : autrement dit, lorsque les choses sont graves c’est surtout l’affaire du Christ ! C’est un peu ce que nous dit le Christ aujourd’hui : pour les affaires qui vous dépassent, comptez sur moi et confiez-les moi !

Et le fait de prier Dieu nous met à sa disposition pour la moisson ! Elle nous rend disponibles pour servir nos frères.

Le Seigneur écoute nos cris, toute la Bible en témoigne : « À l’appel de ton cri, le Seigneur te fera grâce. Dès qu’il t’aura entendu, il te répondra », comme nous le dit Isaïe.

Redoublons notre prière en ce temps d’Avent, Dieu vient faire grâces ! Confions-lui-même et surtout ce qui nous apparaît impossible, car il vient le Berger qui nous conduit à Dieu.


Père Etienne Maroteaux,
Curé de Sainte-Marguerite et Sainte-Pauline du Vésinet

Le 4 décembre

Chers frères et sœurs,

« Sois bon pour nous » : Jésus est invité à un geste de compassion par deux aveugles croisés sur son chemin. S’attendent-ils à ce qu’il leur redonne la vue ? D’une certaine façon, on peut dire que ces deux aveugles voient déjà, puisqu’ils reconnaissent en Jésus le Messie, lorsqu’ils l’interpellent comme « Fils de David » ; seuls ces aveugles et les enfants dans leur simplicité et candeur acclament Jésus de ce nom lors de la fête des Rameaux (Mt 21,15). Sans doute ces hommes ont-ils « vu » ou plutôt entendu Jésus agir, guérir, pardonner… Ce qui leur donne l’audace de faire appel à sa miséricorde.

Le prophète Isaïe avait annoncé les merveilles que le Seigneur accomplirait pour son peuple : les sourds qui entendent, les aveugles qui voient, les humbles qui se réjouissent de la bonté du Seigneur.

« Avez-vous confiance que je peux faire cela ? » leur répond Jésus. Le Christ pousse ces aveugles qui crient vers lui à exprimer leur désir le plus profond et leur confiance. La foi est ce qui va ouvrir leurs yeux. Et cette foi va délier leur langue ; ils ne peuvent pas s’empêcher de rendre témoignage, malgré l’invitation de Jésus à se taire ! Jésus part de notre foi pour agir en nous et par nous.

Une magnifique prière de la liturgie de la messe dit ceci : « Dieu qui comble ceux qui t’implorent bien au-delà de leur désir, répands sur nous ta miséricorde en donnant plus que nous n’osons demander » (Prière du 27 ° dimanche). Dieu donne toujours au-delà de ce que nous osons lui demander.

« Puisque vous avez confiance, que cela se réalise pour vous ». C’est ce que nous demandons dans le Notre Père : « Que ton désir se réalise » ; c’est aussi ce que Jésus dira au jardin des Oliviers pour entrer dans la volonté de son Père de sauver l’humanité et de lui donner le pardon.

Quand Jésus accomplit des gestes de guérison, il réalise le désir du Père qui est de donner la vie, de remettre debout, de pardonner… C’est le Royaume des cieux qui se manifeste dans les actes de Jésus. Le Christ, qui accomplit les gestes du Messie, touche les yeux des aveugles qui sont guéris. Jésus est celui qui libère, remet debout, et emmène à sa suite.

Comme autrefois, Jésus passe à nos côtés ; il nous invite à découvrir sa présence dans la réalité humble et parfois tragique de nos vies. Il faut juste accepter de se laisser « réveiller » par celui qui donne la force de Dieu et nous précède et nous accompagne sur nos chemins.

Un magnifique désir habite le cœur du psalmiste que nous méditons en ce jour : « J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche :  Habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie » (Ps 26).  

Puisse ce désir d’être avec le Seigneur à tout instant habite notre cœur en ces jours de préparation à sa venue !

Père Etienne Maroteaux,
Curé de Sainte-Marguerite et Sainte-Pauline du Vésinet

Le 3 decembre

Chers frères et sœurs,

« Prenez appui sur le Seigneur, à jamais, sur lui, le Seigneur, le Roc éternel » (Is 26,4).

Le rocher dans la Bible est un des symboles pour nous parler de la fidélité de Dieu ; Le temps de l’Avent nous est donné pour célébrer cette fidélité du Seigneur qui est solidité, force, pardon.  

Le rocher sur lequel l'homme peut s'appuyer dans sa fragilité, c'est Dieu : ainsi s’exprime le psaume de ce jour : « Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes ! ».

« Je t'aime Seigneur, ma force ; Seigneur mon roc, ma forteresse, Dieu est mon libérateur, le rocher qui m'abrite » (Ps 17,2). Dieu est le rocher parce qu'il donne le salut. Dieu est pour l'homme un appui, un bouclier, un rempart, un abri, une citadelle, il est le soutien des humbles et de pauvres (Is 26,6) ...  

En ce monde où tout change et passe, Dieu seul demeure ; l'homme peut s'appuyer sur lui en toute confiance, parce que Dieu est fidèle à son projet de salut pour toujours. « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » (Lc 21,33), entendions-nous il y a quelques jours.

La parabole de la maison bâtie sur le roc nous dit que construire sa vie sur le roc, c'est prendre Jésus pour fondation. Si c'est le cas nous pouvons traverser toutes les tempêtes de notre vie dans la confiance en l'amour de Dieu. « Si vous ne tenez pas à moi, vous ne tiendrez pas » (Is 7,9).

Dieu est rocher : c’est aussi dans la Bible une façon de dire qu’il est source de vie : ainsi lorsque Moïse frappe le rocher dans la longue route du désert aride, il en jaillit de l’eau ; c'est le signe de la fidélité de Dieu qui accompagne son peuple dans sa marche (Nb 20,11). Le rocher est le signe du salut de Dieu pour son peuple assoiffé. Paul relit dans cet épisode la présence de Jésus-Christ dès les premiers temps du salut : « Tous ont mangé la même nourriture, qui était spirituelle ; tous ont bu à la même source, qui était spirituelle ; car ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher, c'était déjà le Christ » (1 Co 10,1-5).  

Jésus est la pierre d'angle choisie par Dieu, « rejetée par les bâtisseurs » (Ps 118,22), sur laquelle tout repose. En ce monde mouvant, où tout semble bouger (en un monde « liquide », comme on dit aujourd’hui), Jésus nous invite à nous appuyer fermement sur son amour, pour que notre « maison » intérieure soit solidement bâtie.

Remarquons qu’à chaque fois que nous disons « Amen », nous disons : « je te fais confiance, Seigneur, parce que ton amour est sûr, solide, sans failles » Nous reconnaissons par-là que Dieu nous soutient, qu'il est notre solidité, notre roc.

La symbolique de l'autel reprend cette image du Christ, Roc pour l’humanité : L'autel, la table de l'eucharistie placée au centre, est le vrai cœur de l'Eglise. L’autel en pierre signifie, de manière permanente le Christ Jésus, « pierre vivante » (1P 2,4 ; cf. Ep 2,20) sur lequel nous pouvons appuyer notre foi.  

« Crions de joie pour le Seigneur, acclamons le rocher qui nous sauve » (Ps 94,1).


Père Etienne Maroteaux,
Curé de Sainte-Marguerite et Sainte-Pauline du Vésinet

Le 2 décembre

Chers frères et sœurs,

Voilà de quoi nous mettre l’eau à la bouche en ce début d’Avent ! Le prophète Isaïe annonce le festin messianique, lors de la venue du Messie : « Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés » (Is 25,6). Dieu veut donner en partage ce qui lui est ordinairement réservé dans les sacrifices ; Dieu offre à l’homme ce qui lui est destiné : la graisse pour les sacrifices de communion était offerte à Dieu et ne pouvait pas être consommée, de même le vin capiteux. Tous les peuples sont conviés à cette fête pour partager la joie de Dieu. Souvenons-nous de la petite parabole de l’Evangéliste Luc où Jésus parle d’un maître, image de Dieu le Père, qui se met au service de ses serviteurs : « au retour des noces, la ceinture autour des reins, il les fera prendre place à table et passera pour les servir » ( Lc 12, 37).

Cette promesse du festin messianique est une image permanente dans la Bible pour parler des relations avec Dieu : le repas pascal, le veau gras du Fils prodigue, le repas des noces de Cana, les multiplications des pains, la dernière Cène...

Le repas bien sûr est signe de communion avec Dieu, en même temps que de liens humains en profondeur. Dans nos vies, lorsque nous voulons communiquer notre joie, tout finit toujours par un repas (cf les images finales du banquet dans Astérix).

A cette perspective alléchante du festin des viandes grasses et des vins capiteux est liée la promesse de la fin des larmes et de la mort : cela nous rappelle un passage lu récemment de l’Apocalypse : « Le Seigneur essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. » ( Ap 21,4). Il n’est pas de communion avec Dieu qui ne soit pas liée au bonheur sans fin et sans limites. C’est le retour en grâce du peuple élu.

Tout ceci exprime l’action merveilleuse de Dieu dont l’amour surabonde toujours ; « Dieu est un refuge pour le faible dans la détresse » (Is 25,4) ; c’est aussi le signe qui est donné par Jésus, quand il est ému de compassion face à la foule rassemblée autour de lui, et qui risque de défaillir à cause de la faim qui les tenaille : il multiplie alors la grâce pour les foules. Jésus rassasie les foules et même infiniment plus, puisque c’est un geste surabondant signe de la générosité de Dieu : Toutes les versions (5 versions différentes dans les Evangiles, c’est dire l’importance de cet acte de Jésus !) parlent de la surabondance du don que fait Jésus (ici sept corbeilles en surplus).

A la joie que Dieu à de partager son festin à tous les peuples répond l’action de grâces pour l’amour de Dieu manifesté : Le peuple entonne alors une acclamation de joie communautaire : « Exultons, réjouissons-nous : le Seigneur nous a sauvés ! » (verset 9).

« Voyez, c’est lui notre Dieu » : c’est dans un petit enfant que nous contemplerons Dieu qui se donne à l’homme dans une mangeoire dans la crèche à Noël.


Père Etienne Maroteaux,
Curé de Sainte-Marguerite et Sainte-Pauline du Vésinet

 

Le 1er décembre

 

CACHÉ DERRIÈRE

Au début de ce temps de l’Avent, le prophète Isaïe nous parle du « petit reste » du peuple de Dieu qui a fondu comme neige au soleil de Babylone ! Le petit reste nous connaissons, nous qui prenons conscience que nous sommes minoritaires en France…Ce chapitre est comme le sommet des prophéties de l’Emmanuel (Is7,14 : « Dieu avec nous »).

C’est la fameuse souche de Jessé (le père de David) d’où jaillira un rejeton, de ses racines. L’olivier qui symbolisait la lignée de David va être coupé ; il n’en restera qu’un petit rien qui suffira pour l’avenir ; cette racine révèlera une vitalité extraordinaire. Dieu fait infiniment des choses magnifiques à partir de ce qui semble n’être rien. D’une jeune pousse fragile, la vie va renaître. La vie ressurgira malgré toutes les apparences. Dieu n’est jamais mis en échec. Il fait toujours du nouveau. Tout cela dépasse l’imagination humaine.

Ce rejeton, possédera la justice et la force d’un roi ; il sera comme un nouveau Salomon, le roi de paix ; il sera un roi selon le cœur de Dieu ; il ne jugera pas d’après les apparences et prendra soin des petits et des faibles. C’est bien sûr le portrait de celui que nous l’attendons à Noël, Jésus sur qui l’Esprit-Saint repose en plénitude.

Grâce à cet imprévu de Dieu, la paix messianique règnera sur la terre : « Il n’y aura plus de mal ni de corruption », parce que la connaissance de Dieu, c’est-à-dire un amour actif remplira la terre. Grâce à lui le cosmos sera pacifié, symbolisé par les animaux qui vivront en harmonie totale : ceux qui sont normalement antagonistes et violents les uns pour les autres, deviennent amis : le loup qui vit avec l’agneau, l’enfant qui joue avec le cobra… Il n’y aura plus de rapports de forces.  

La phrase centrale de ce temps messianique est « un petit garçon les conduira » ; cet enfant resplendissant, nous voyons bien de qui il s’agit, le prince de la Paix que nous attendons. Jésus est ce Messie surprenant.

Dieu va instaurer un nouveau monde qui deviendra comme le prolongement de sa « sainte montagne » où l’innocence et l’harmonie règneront sans fin (verset 9). Ce qui n’est encore que racine cachée va devenir signe de rassemblement pour tous les peuples.

Dieu va répondre au désir des hommes de vivre en paix par le don de l’Esprit.

C’est ainsi que dans l’Evangile Jésus loue le Père pour « les tout-petits » auquel l’amour est donné par surcroît. Ces tout-petits comprennent avec le cœur ce qui est caché aux sages et aux savants.
Préparons notre cœur pour accueillir le tout-petit qui est le Tout-Puissant ; préparons aussi notre cœur pour que nous devenions ces « tout-petits » que Jésus admire parce qu’ils connaissent Dieu de l’intérieur. Bon temps d’Avent !

Père Etienne Maroteaux,
Curé de Sainte-Marguerite et Sainte-Pauline du Vésinet

Le 30 novembre

LA BOUCHE, LE CŒUR ET LES PIEDS

Si nous avions des doutes sur le fait que notre foi est incarnée, les textes de la fête de Saint André nous le rappellent utilement !

La foi prend toute notre humanité ; elle nous prend tout entier, ou elle ne prend pas en nous ; elle ne doit pas seulement avoir un petit strapontin dans notre cœur et notre agenda hebdomadaire ; ou alors nous sommes des touristes de la foi, prenant de temps en temps la température de l’eau baptismale, mais pas trop souvent parce qu’elle risque d’être froide !

La foi ne fait pas seulement appel à notre intelligence ; comme on dit, elle doit descendre de la tête au cœur ; si la raison est importante pour une foi intelligente, elle serait desséchante sans adhésion de notre cœur : c’est ce que disait le philosophe Pascal dans ses Pensées : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi. Dieu sensible au cœur, non à la raison ». C’est pourquoi méditer la Parole nous fait descendre dans les profondeurs de l’amour divin.

C’est ce que nous redit Paul en ce jour :« C’est avec le cœur que l’on croit pour devenir justes ».

Et Paul, après avoir parlé du cœur de la foi, dit que cette foi dit déborder de notre cœur, en parole, et en actes (pour « devenir justes ») : « c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut ».  Une foi qui ne trouverait pas son expression verbale et active ne serait que superficielle, comme un vernis de surface. La foi demande à pouvoir s’exprimer, dans tous les sens de ce mot.

Et nous sommes comme Simon-Pierre et André son frère : la foi nous met en route : « Venez à ma suite… Ils le suivirent ». Ils ont tout laissé, leur métier y compris, pour répondre avec confiance à l’appel de Jésus et se mettre dans ses pas.

Cette marche à la suite de Jésus est à la fois intérieure : nous sommes des pèlerins qui avançons dans la foi à chaque instant ; mais elle est aussi parfois extérieure lorsque la foi nous pousse à aller annoncer l’Evangile à nos frères, ou (et) à vivre l’Evangile très concrètement comme service des autres ; tout cela invite à bouger, à sortir de nos confinements.

"Comme ils sont beaux, les pas des messagers qui annoncent les bonnes nouvelles !".

La foi ne peut jamais être confinée, ni en nous, ni dans le monde.

Que l’Evangile nous prenne au cœur, pour que notre bouche soit débordante de l’amour de Dieu, pour que nos mains soient actives et source d’amour, pour que nos pieds soient toujours en marche à la suite du Seigneur.

Que la foi mette toute notre humanité en mouvement, comme ce fut le cas pour le Christ : ses mains, ses oreilles, sa bouche, ses pieds, son cœur… étaient entièrement donnés, su service de tous et de chacun, à l’écoute permanente de l’amour du Père.


Père Etienne Maroteaux,
Curé de Sainte-Marguerite et Sainte-Pauline du Vésinet