La vigne et les sarments, Eglise Ste-Marguerite, Maurice Denis, XX° siècle

Dimanche 2 mai

 

Chers frères et sœurs,  

L’image de la vigne et des sarments est plus qu’une parabole. Jésus ne dit pas seulement : « Je suis comme… », puisqu’il s’identifie lui-même à la vigne : « Je suis la vigne », ce n’est pas seulement une comparaison. Il y a une unité profonde entre le Christ et sa vigne. C’est une même vie qui s’écoule entre le Père et le Fils, et entre le Fils et les disciples que nous sommes. 

Jésus nous parle de ce lien fort et de l’attachement entre lui et nous, entre le cep et les sarments que nous sommes. Ce lien est si intime que Jésus ne peut rien refuser à celui qui demeure en lui : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous » (Jn 15,7). 

Jésus exprime son profond désir de communion entre lui et nous. « Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jn 15,4). Jésus ne nous dit pas : « bougez-vous, faites un effort, escaladez la montagne escarpée qui conduit à Dieu » … Non, il nous dit « Demeurez », « restez-là », « avec moi ». Là où nous sommes, le Christ nous a déjà rejoint : il a fait sa demeure en notre cœur. « Demeurer en Jésus », c'est donc d'abord le laisser faire sa demeure en nous. 

Dans cet Evangile, deux expressions sont comme un refrain : huit fois le mot « fruit » revient, et sept fois l’expression « en moi ». Un verbe les relie, « demeurer » (sept fois). C’est donc en demeurant dans l’amour de Jésus, comme les sarments demeurent sur le cep, que chacun de nous porte du fruit. Plus le lien est fort, plus la vie de Dieu se communique. 

« Nous avec Jésus » : La vie nous vient du Seigneur qui la fait croître en nous. Jésus est en nous et nous sommes en Jésus. Nous portons en lui des fruits colorés par nos dons, sans distinguer ce qui est de Dieu et ce qui est de nous.  

Comment porter du fruit ? Quels fruits le Seigneur attend-il de chacun de nous ? 

Jésus est la vigne, nous en sommes les sarments, les pousses. Et une pousse ne peut vivre sur l'arbre que s'il est rattaché à l'arbre, et s'il se nourrit de la sève de l'arbre : de même nous porterons vraiment de beaux fruits d'amour, de pardon, d'écoute, de solidarité, de communion, seulement si nous sommes reliés intimement à Jésus.  

Jésus nous invite à développer nos liens avec lui : la prière, les sacrements, le service de nos frères : les trois sont nécessaires. 

« Jésus est le ciel descendu dans notre cœur, puisque Jésus y demeure désormais, et notre cœur est déjà au ciel, puisque nous demeurons en Jésus » (dom Louf). Curieuse vigne dont les racines sont au ciel et les sarments vers la terre !  

L’image de la vigne montre deux orientations paradoxalement complémentaires de nos vies de foi : la stabilité, la permanence en l’amour du Christ : « Demeurez en moi » ; et le mouvement : le Père nous émonde, et transforme le sarment pour une fécondité permanente. Le chrétien ne peut demeurer dans le Christ sans être transformé, ni être transformé sans demeurer. 

Nous sommes invités à grandir dans le Christ et être fidèle à nos engagements. 

« Demeurer en Jésus — et cela est la chose la plus difficile — signifie faire ce qu’a fait Jésus, avoir la même attitude que Jésus » (pape François, 3/5/2015).  Demandons cette grâce que la vie même de Jésus féconde nos paroles, nos gestes, notre quotidien... 


Samedi 1er mai

 

Chers frères et sœurs,  

Le 1er mai au jour des défilés des syndicats, l’Eglise ne se défile pas, puisque nous fêtons saint Joseph travailleur. 

« Si vous voulez être proche du Christ, Nous vous répétons aussi aujourd'hui : "Allez à Joseph !" (Gn 41, 55) » ; Ces paroles sont prononcées par Pie XII pour le 1° mai 1955 où il institue la fête liturgique de saint Joseph ouvrier. 

Il décrit les rapports familiers de Jésus avec son père adoptif : « Le Cœur du Sauveur palpitait d'amour, toujours en harmonie parfaite avec sa volonté humaine et avec son amour divin, quand il avait des entretiens célestes avec sa douce mère, dans la maisonnette de Nazareth, et avec son père putatif Joseph auquel il obéissait comme fidèle collaborateur dans le métier fatigant du menuisier » (Pie XII, Haurietis aquas). 

Le texte d’Evangile proposé en ce jour (Mt 14,54-58) nous parle du manque de foi des proches de Jésus. Ses compatriotes sont étonnés de sa sagesse, mais ils s’interrogent sur sa personnalité. C’est ce qui arrive quand on croit trop bien connaître quelqu’un, nos lunettes déforment la réalité : on connaît la famille de Jésus, son père est simple charpentier, comment peut-il donc faire tout ce qu’il fait, être rempli de sagesse et faire des miracles ? Leur regard trop humain ne voit que l’homme, Jésus, qui a appris son métier d’artisan pendant 30 ans ; comment un tel homme pourrait-il être prophète ? Le fait que Jésus, le Fils de Dieu, ait appris un métier interroge sur la place du travail dans notre société… 

Dans notre monde postmoderne de loisirs, il n’est pas très simple de donner sa juste place au travail ; celui-ci est de plus en plus extérieur à l’homme ; il est le plus souvent compris comme une tâche nécessaire à accomplir, mais il n’est plus perçu comme un lieu d’épanouissement, ni de création. 

Voici ce qu’en disait le pape François, il y a un an, le 1er mai 2020 : 

« Dieu livre son activité, son travail, à l'homme, pour qu'il collabore avec Lui. Le travail humain est la vocation reçue de Dieu et rend l'homme semblable à Dieu parce qu'avec le travail l'homme est capable de créer. Le travail donne de la dignité. Une dignité si piétinée dans l'histoire. Aujourd'hui encore, il y a beaucoup d'esclaves, des esclaves du travail pour survivre : travail forcé, mal payé, avec une dignité bafouée. La dignité des gens est enlevée. Là aussi, cela arrive, avec les travailleurs journaliers au salaire minimum, avec la bonne qui n'est pas payée au juste montant et qui n'a pas la sécurité sociale et la pension. C'est ce qui se passe ici : c'est le piétinement de la dignité humaine. Toute injustice faite au travailleur est une atteinte à la dignité humaine. 

Et c'est le travail qui rend l'homme semblable à Dieu, parce qu'avec le travail l'homme est un créateur, il est capable de créer, de créer beaucoup de choses, même de créer une famille pour continuer. L'homme est un créateur et crée avec le travail. C'est sa vocation. Et il est dit dans la Bible que "Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon.” C'est-à-dire que le travail a en lui une bonté et crée l'harmonie des choses - la beauté, la bonté - et implique l'homme dans tout : dans sa pensée, dans son action, dans tout. L'homme est impliqué dans le travail. C'est la première vocation de l'homme : travailler. Et cela donne de la dignité à l'homme. La dignité qui le fait ressembler à Dieu. La dignité du travail » (Homélie Ste-Marthe).

 

Vendredi 30 avril

 

Chers frères et sœurs,  

On comprend facilement que l’ambiance soit lourde lorsque Jésus prononce ces mots de l’Evangile (Jn 14,1-6) ; le dernier repas vient d’avoir lieu, Jésus annonce  la trahison de Judas, et le reniement de Pierre ; on comprend que les disciples soient déboussolés et attristés ; la Passion est proche. Dans ce temps où l’angoisse est palpable, Jésus a conscience du désarroi des douze, et il leur donne avec délicatesse des Paroles de réconfort. 

« Que votre cœur ne se trouble pas » (Jn 14,1). Jésus invite à la confiance en son Père et en lui : « Vous croyez en Dieu : croyez aussi en moi ».  

C’est une indication précieuse lorsque nous traversons des moments de trouble, de brouillard, ou même de tempête, il nous faut revenir à la boussole de la confiance en l’amour du Seigneur pour nous. 

Plus encore, Jésus ouvre une espérance, au-delà de ce moment d’une densité rare, avec des paroles douces, pleines de tendresse : « Je pars vous préparer une place » (Jn 14,3). Cela devrait être une source de paix du cœur de savoir que Jésus « reviendra nous prendre avec lui ». 

Vaste est la demeure où le Père nous attend dans notre diversité humaine. Une place tout près du Christ : « afin que là où je suis, vous soyez vous aussi ». Le croyant est invité à participer à la relation du Fils au Père. 

Facétieux sans doute, peut-être pour amener ses disciples à réagir, Jésus leur dit qu’ils « connaissent le chemin » pour aller où lui Jésus va. Et cela ne manque pas d’avoir son effet sur Thomas, toujours entier et qui n’a pas sa langue dans sa poche : « Seigneur, nous ne savons où tu vas ; comment en saurions-nous le chemin ? » (Jn 14,5). Sans doute a-t-il à l’esprit uniquement une destination concrète à atteindre, qu’il ne connaît pas. 

Pourtant il n’y a pas besoin de cartes, ni de GPS pour rejoindre Jésus… « Je suis le chemin », leur dit le Christ : la route, c’est le Christ qui nous conduit au Père ; avec lui, on est sûr de ne pas se perdre, de ne pas prendre des impasses.  

Le chemin dans la Bible symbolise aussi la Sagesse et la Loi : « Ta Parole, une lumière pour ma route » (Ps 118,105).  

Et il ajoute : « Je suis la vérité » : c’est le roc dans la Bible : notre « amen », dit cela : c’est vrai, c’est sûr, je peux m’appuyer sur Dieu, mon rocher ; c’est pour cela que Jésus ne cesse pas d’attirer à lui. ; puis il continue : « Je suis la vie », comme le Père l’est ; la vie, c’est le don de Dieu, c’est la relation entre Dieu et les hommes, dans la pensée biblique. C’est pour nous donner la vie de Dieu que Jésus a pris notre chair en venant en notre monde. 

Prenons avec confiance le chemin du Christ, puisque dans sa tendresse il nous prépare une place auprès de lui dans l’amour. 

 

Jeudi 29 avril

 

Chers frères et sœurs,  

« L’amour de l’Eglise me brûle et me consume » : Nous fêtons en ce jour Ste Catherine de Sienne, de spiritualité dominicaine ; elle est pour nous un bel exemple d’amour inconditionnel de l’Eglise, en des temps de tourmente, le XIV° siècle : la peste ravage l’Europe, la guerre de cent ans fait rage, L’Eglise est déchirée…. 

Elle a la passion de l’Eglise et ne cessera pas d’agir et de prier pour sa réforme : l’Eglise est en effet en plein schisme, divisée entre deux papes. C’est une mystique, mais aussi une femme audacieuse qui n’hésitera pas à intervenir auprès des papes pour la paix et l’unité de l’Eglise. Elle contribuera par son action au retour de Grégoire XI à Rome. 

Illettrée, femme et laïque, son aura n’en est que plus étonnante. Et l’Eglise l’a faite docteur de l’Eglise ! 

Tout entière donnée au Seigneur, elle entend le Christ lui dire : « Occupe-toi de moi, je m’occuperai de toi ». Elle est une « âme de feu », une passionnée du Seigneur. 

Ce qui la caractérise aussi est sa simplicité qui résonne bien avec le texte d’Evangile de ce jour : (Mt 11,25-30) « Fais-toi la plus petite des petits pour ouvrir les écluses de la miséricorde infinie, pour te permettre toutes les audaces et te mettre au service de toutes les entreprises rédemptrices ». 

Elle ne cessera pas de rendre grâce pour l’amour passionné de Dieu pour l’humanité : « Dieu en regardant en lui-même, se passionna pour la beauté de sa créature, et comme transporté d’amour, il la créa à son image et à sa ressemblance ». Son action de grâce rappelle celle de Jésus dans l’Evangile. 

Jésus exulte sous l’action de l’Esprit-Saint, alors même que son message n’est pas toujours reçu. Mais sa joie est de voir la foi des « tout-petits ». Les sages et les savants en savent peut-être trop, mais les petits font confiance ; les petits et les humbles, eux, savent qu’ils ne savent pas. Pour accueillir Jésus il faut se trouver là où il vient à notre rencontre : « Laissez les petits enfants venir à moi, le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent » : Jésus est ce tout-petit à qui il nous faut ressembler et à qui nous pouvons faire toute confiance. Ste Catherine dira du Christ : « En te faisant petit, tu as fait l’homme grand ». C’est tout le mystère de l’incarnation qui habite le cœur enflammé de cette femme morte d’épuisement à 33 ans. 

Dieu soit loué pour l’audace de ses « tout- petit(e)s » qui nous édifient, qui nous construisent par leur amour du Seigneur, par leur amour de son Eglise. 

 

Mercredi 28

 

Chers frères et sœurs,  

Jésus vient d’entrer à Jérusalem où il est acclamé par les foules ; il vient juste d’annoncer l’heure de la passion, avec l’image du grain de blé qui tombe en terre pour porter du fruit (Jn 12,24). Jésus ne cesse pas de rencontrer des oppositions ; à tel point qu’il est obligé de se cacher, parce que les hommes ont préféré les ténèbres à la Lumière : « Jésus s’en va et se cache loin d’eux » (Jn 12,38). Mais Jésus continue sa mission malgré tous ces échecs et ces déceptions. 

Jean médite sur le mystère du refus de l’homme d’accepter la Parole de vie. Qu’est-ce qui fait que l’homme peut s’obstiner à rester dans les ténèbres et à ne pas entrer dans la lumière ? Mystère insondable de la liberté de la personne humaine. Les motivations de ces difficultés à entrer dans la foi, nous le savons bien, sont multiples ; elles sont rarement le refus de Dieu. La manière d’être de Dieu reste parfois incompréhensible ou inaccessible à l’homme, malgré ses recherches. 

C’est donc à un cri de Jésus que nous assistons en ce matin : « Jésus cria et dit » (Jn 12,44). 

Deux autres fois dans l’Evangile de Jean, Jésus pousse un cri : « Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Jn 7,28-37). Ces cris sont de désir et de supplication envers les hommes. 

Le cri de Jésus est ici pour inviter à croire en l’action de son Père en lui : « Celui qui me contemple, contemple Celui qui m’a envoyé » (Jn 12,45).  

Jésus insiste sur sa Parole à accueillir : elle est efficace et accomplit les vouloirs de son Père, en guérison, en signes, en paroles de vie… Il ne vient pas pour juger nos refus, mais pour donner la vie, pour « sauver le monde » et donc l’humanité. 

Tout ce que dit, tout ce que fait, tout ce qu’accomplit Jésus vient du désir de son Père : « Les choses dont je parle, j'en parle comme le Père me les a dites » (Jn 12,49). 

Jésus résume aussi sa mission, comme elle était annoncée dans le prologue de l’Evangile, sur le thème de la Lumière qu’il vient donner au monde : « Moi qui suis la Lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres » (Jn 12,46). Jésus renvoie l’homme à la liberté de croire à la Lumière qu’il vient porter au monde. La foi illumine nos ténèbres : « La foi n’est pas une lumière qui dissiperait toutes nos ténèbres, mais la lampe qui guide nos pas dans la nuit, et cela suffit pour le chemin » (pape François, La lumière de la foi 57). Quiconque garde le cœur ouvert est assuré de l’amour du Père qui est sans faille. Dieu seul connaît le secret des cœurs !  

Telle est la confiance que nous devons avoir pour nos proches qui ont du mal à entrer dans la foi. Rien ne peut nous séparer de l’amour du Père (Rm 8,39)

 

 

Mardi 27

 

Chers frères et sœurs,  

C’est l’hiver (dans le texte de St Jean, je vous rassure), lors de la fête des Tentes ; celle-ci exalte la lumière et le rôle du Messie ; Jésus est au Temple, où l’on fête sa dédicace ; c’est après la guérison de l’aveugle-né qui divise les juifs entre défenseurs de Jésus et ceux qui l’accusent de « délirer » et d’agir comme un possédé, « d’avoir un démon » (Jn 6,20) ; on n’y va pas de main morte dans les accusations. Jésus en sortira en instance d’arrestation et de lapidation (Versets 31 et 39). La tension monte contre lui. 

Un nouvel échange vif surgit entre Jésus et des juifs ; en St Jean, c’est comme le début du procès du Christ ; on fait cercle autour de lui, on l’interroge non pas pour se laisser convaincre, mais pour le prendre en faute : on le somme de « dire ouvertement » qu’il est bien le Messie. La question n’est pas bienveillante. On sent la hargne des opposants au Christ derrière ces mots. 

Jésus répond, imperturbable et toujours calme et doux, sur le thème de l’unité : 

- Jésus revient inlassablement sur le lien profond de communion qui l’unit à son Père : « Le Père et moi, nous sommes un » (Jn 6,30) : Comme il y a un seul troupeau et un seul Pasteur, il y a unité entre le Père et le Fils. Cela même est suspect pour un juif fervent :  se dire l’égal du Dieu unique, cela sent le soufre ! 

- Jésus insiste aussi sur la logique du « dire » et du « faire » ; on ne peut pas séparer l’un de l’autre. « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père » (verset 25) : autrement dit, au-delà de mes Paroles, regardez les actes que je fais au nom de mon Père, ils répondent à la question de sa messianité. Ses œuvres témoignent qu’il est Fils de Dieu. 

« Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père » (Jn 6,29) : Jésus revient sur l’image si douce du Berger et de ses brebis, en rappelant que les croyants, les brebis de son peuple, sont dans les mains tendres du Père ; celui-ci les a confiées à son Fils. Ce don du Père au Fils ne peut pas disparaître. 

Jésus mène à son achèvement le projet de son Père qui est de mener l’humanité, les brebis au repos de « la vie éternelle ». 

C’est avec confiance que nous désirons suivre un tel Berger qui nous mène vers les pâturages infinis ! 


Lundi  26

 

Chers frères et sœurs,  

Jésus est « la porte » ? Drôle d’image… « Prenez la porte ! » : Serait-ce le retour de traumatismes d’enfance, lorsqu’on nous disait cela pour manifester que l’on avait dépassé les « bornes des limites » ? Je plaisante bien sûr, nous avons tous été des enfants sages à l’école.  

Jésus avant de se dire le « Bon Pasteur », est aussi et d’abord « la porte ».  

Nous avons pourtant plus de mal à identifier Jésus à une « porte ». L’image nous parle moins que celle du berger plein de tendresse pour ses brebis… 

« Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée… » ; ce proverbe de Musset nous invite à prendre une décision claire ; Jésus est la porte toujours ouverte sur l’amour du Père. « Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14,6). Il nous est impossible de contourner cette porte ouverte sur l’infini qu’est le Christ pour nous. 

Les portes de nos maisons sont des lieux de passage, d'accueil, d'ouverture (ou de fermeture : il arrive que l’on tombe sur une porte fermée !). Les portes du ciel s'ouvrent pour donner aux hommes les bénédictions de Dieu. C'est par une porte de Jérusalem, celle qui ouvre vers le Temple, à l'orient, là où se lève le soleil, que le peuple hébreu attendait la venue du Messie. 

Dire que Jésus est la porte, c'est dire qu'il nous ouvre le chemin de la vie, le chemin de Dieu et du salut : « Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l'ayez en abondance ». « Celui qui passe par moi sera sauvé ». Nous sommes invités à passer par Jésus. 

La porte est aussi ce qui nous permet d’entrer dans l’intériorité de notre cœur, de notre être profond : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3,20). C'est là où nous entendons la voix du Bon Pasteur nous parler de l’amour du Seigneur pour nous. 

Mais la porte ne donne pas seulement accès à notre intériorité, elle est aussi ce qui nous ouvre au monde, ce qui nous envoie à l’extérieur. Si Jésus ressuscité apparaît à ses disciples cadenassés, toutes portes closes, c’est pour les envoyer témoigner de son amour au monde dans le souffle de l’Esprit-Saint. 

Les brebis chaque matin attendent la venue du berger ; ils l’attendent devant la porte de l’enclos. Les brebis ne peuvent pas confondre leur berger avec « les mercenaires » ou « les voleurs » ; la voix de leur Pasteur, elles la reconnaissent entre mille. Et leur berger connaît chacune par son nom. Chacune est unique pour lui, aimée, préférée. C’est bien ainsi que le berger prend soin de ses brebis. 

« L'un des signes du bon berger est la douceur, c'est la douceur. Le bon berger est doux… le berger est tendre, il a cette tendresse de proximité, il connaît les moutons un à un par leur nom et s'occupe de chacun comme s'il était le seul » (Pape François, Homélie Ste Marthe, 3/5/2020). 

Ne nous trompons pas de porte en ce jour ! Elle est toujours ouverte…