La Trinité, enluminure

Dimanche 16 mai

Chers frères et sœurs,  

« Je vous dis tout cela pour que vous ayez une joie vraie joie, accomplie, en vous » (Jn 17,13). 

Cette prière de Jésus dans l’Evangile de Jean est comme un long développement de la prière du Notre Père ; une longue action de grâce pour la mission qu’il a accomplie dans le monde : Jésus a donné aux hommes tout ce qu’il est, la Parole de Dieu ; mais cette prière est aussi une louange au Père pour les hommes que celui-ci lui a confié et qui cherchent à garder sa Parole intacte, à vivre de l’amour du Père. 

La joie de la communion, entre le Père et le Fils est ce que les hommes sont invités à vivre eux aussi. Telle est l’espérance qui peut habiter notre monde : les hommes ont en eux la force de garder la Parole et d’en vivre. 

Il s’agit bien d’un appel à vivre une vraie communion entre nous ; mais une communion qui est parfois bien loin de ce que nous appelons l’unité dans le respect des différences qui relève parfois plus de l’indifférence que du respect profond pour ce que vit l’autre… « Après tout l’autre peut vivre ce qu’il veut, du moment qu’il ne me gêne pas dans ma façon de vivre » ; cela est bien loin de ce que nous propose le Christ ! 

L'unité dans les différences peut parfois être une langue de buis de notre langage chrétien. 

Si la résurrection est la victoire de la communion sur tout ce qui divise les hommes, cette unité n'est pas à n'importe quel prix...  

L'unité n'est pas fusion dans un grand tout où chacun serait prié de se taire et de rentrer dans le rang, où les différences seraient gommées. Elle n'est pas non plus un communautarisme, un particularisme de plus qui serait jaloux de ses privilèges et s'exclurait de la masse des hommes comme s'ils étaient indignes d'être nos frères. 

Nous devons être en mesure d'accueillir la différence de l'autre non comme une occasion de mépris (il ne pense pas comme nous et n'est pas digne de notre respect), ni de jalousie (il fait mieux que nous...). Mais l'accueillir comme un signe de la grâce, comme un don de Dieu. 

L’unité est fondée sur un profond respect de l'identité de l'autre différent. 

Comme le disait Catherine de Sienne : « J'aurais très bien pu faire les êtres humains de telle sorte que chacun ait tout, mais j'ai préféré distribuer différents dons à différentes personnes pour qu'ils aient besoin les uns des autres » 

« L’unité à laquelle il faut aspirer n’est pas uniformité, mais une ‘‘unité dans la diversité’’ ou une ‘‘diversité réconciliée’’. Dans ce type enrichissant de communion fraternelle, les différences se croisent, se respectent et se valorisent, mais en conservant différentes notes et différents accents qui enrichissent le bien commun » (Pape François, la Joie de l’amour,139). 

L'unité que nous propose le Christ est de reconnaître que la richesse de l'autre loin de nous appauvrir peut être un don qui nous réjouit. 

Les différences ne sont pas d'abord un appel à la tolérance, elles sont un reflet de la communion entre le Père le Fils et l'Esprit où chaque personne dans une grande humilité met en valeur l'autre. 

« Que tous soient un, comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi » (Jn 17,21). Nous avons à être le reflet de cette communion en Dieu. 

Chacun de nous est unique, précieux différent, mais ayant reçu une vocation à l'unité avec tous nos frères, participant à la communion, à la symphonie trinitaire. 

Du coup, nous devons faire tomber toutes les barrières de haine ou de séparation, pour découvrir et respecter nos frères différents dans la vérité de ce qu'ils sont. Accepter de ne pas juger, d'aimer ceux qui nous ont blessé... 

Cela ne peut venir que de notre enracinement dans le Christ ; « Moi en toi et toi en moi », c’est la condition nécessaire pour rendre gloire à Dieu par notre désir de communion avec tous nos frères proches ou lointains. « Pour que nous ayons en nous l'amour dont le Père a aimé le Fils », comme le dit Jésus. L’amour vrai ne peut être que partagé. 

Que le Seigneur nous donne de trouver notre joie dans l'autre même différent, et pour l'accueillir vraiment comme un don de Dieu

 

Samedi 15 mai

Chers frères et sœurs,  

Quel dommage ! St Matthias (il n’y est pour rien, le pauvre !) nous a privé hier d’une magnifique image que Jésus donne à ses disciples, alors même que ceux-ci ne comprennent pas ce que Jésus veut dire : il leur parle du bonheur de la naissance d’un enfant : « Vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16,20-22). 

Jésus est bouleversé parce qu’il sait que ses paroles ont été sources de tristesse pour ses disciples Aussi pour les encourager, il leur donne cette image très humaine et émouvante : la souffrance d’une mère qui enfante est grande, mais quand elle reçoit son enfant dans ses bras, « elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde ». Les larmes de la douleur se changent en larmes de joie. 

Ainsi le Christ nous parle-t-il du Mystère pascal : mystère de déchirement et de joie tout à la fois. Ce n’est pas la souffrance qui submerge tout, c’est la joie qui finit par s’imposer : « Votre peine se changera en joie… Votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16,20.22). Derrière cette image, c’est aussi l’image de Marie, celle de l’Eglise. Même dans les douleurs du temps présent, personne ne peut enlever cette joie qui vient de l’Esprit, la joie du Christ qui a vaincu la mort. 

C’est l’heure du Père pour Jésus : le Père participe en tout au don du Christ dans sa Passion. 

La prière adressée au Père, qui est celle même de Jésus, sera elle-même source de cette joie profonde : « Demandez, et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite » (Jn 16,24). 

Et toujours, dans sa simplicité, cette bouleversante annonce de la tendresse du Père pour l’humanité, sa relation avec chaque membre de son peuple qui trouve sa réponse dans la foi : « Je vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le Père … Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé » (Jn 16,25.26).  

Jésus est venu nous révéler l’amour infini de son Père. Il résume enfin le mystère de son incarnation : « Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde, et je pars vers le Père » (Jn 16,28) : de la Nativité à l’Ascension, la boucle est bouclée ! La mission du Fils s’accomplit dans le don de la vie du Fils.


Vendredi 14 mai

Chers frères et sœurs,  

Décidément nous méditons souvent ce texte de Jean, en ce temps pascal (cf mon commentaire de dimanche dernier) : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12). Cette phrase sonne comme une évidence. 

Aimer comme Jésus nous le demande, ce n'est pas seulement un « long fleuve tranquille » ... 

Toute la force de notre amour résidera (ou pas) dans le "comme" ... 

Aimer tout le monde est d'accord ; c'est même un des désirs les plus universels. Le tout est de savoir jusqu'où nous sommes prêts à aimer : désirons-nous aimer seulement comme le monde, lui qui nous présente l'amour comme un sentiment qui passe et qu'on peut reprendre ? Nous arrêtons-nous au premier obstacle rencontré ? Sommes-nous vraiment prêts à aimer comme Jésus, jusqu'au risque de donner notre vie ? Nous restons bien souvent très loin de cette exigence... 

Ce "comme", nous l'entendons souvent dans la bouche de Jésus : « Si vous ne devenez comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume » (Mt 18,3°) ; « comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20,21) ; « soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6,36). 

Bien plus qu'une comparaison, c'est une identification. 

Le Père des cieux et les enfants nous sont donnés comme « maître-étalon » de notre amour… Ce "comme" nous invite à accueillir la grâce d'être des enfants, non pas à vouloir faire pour Dieu, mais à nous laisser faire par Dieu. C’est-à dire à vivre dans la simplicité, dans une confiance sans limites dans l'amour de Dieu. Ce "comme" nous envoie en mission à la suite de Jésus : « Nous sommes envoyés par le même amour, dans la même force, avec la même puissance par lesquels le Père a envoyé son Fils bien-aimé » (St Thomas d'Aquin). Ce "comme" nous identifie au Christ ou au Père lui-même, à sa miséricorde infinie. 

Le baptisé n'est pas fils dans l'efficacité ou dans l'action, mais fils comme le Fils dans la simplicité de l’enfant, dans le don, comme le Père dans la miséricorde, dans la gratuité sans condition. 

De même que Jésus a livré toute sa vie dans un amour infini jusqu’à se donner par amour, de même le disciple qui veut demeurer en lui « doit se conduire comme Jésus s’est conduit », comme le dit Jean ailleurs (1 Jn 2,6).  

« La façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain » (Benoît XVI, Dieu est amour, § 11)). 

Nous ne pouvons vivre cette exigence de l'amour que dans la force du Christ : c'est en demeurant dans l'amour du Christ que nous deviendrons capables de vivre ce "comme". 

C'est le Christ qui donne tout et qui nous rend capables de répondre à sa promesse : son amour demeurera en nous, si nous demeurons dans son amour. C'est ainsi que nous pourrons porter les fruits que Dieu attend de nous. 

C'est l'eucharistie, c'est l'Esprit-Saint, qui sont nos forces pour demeurer dans l'amour de Jésus et en vivre à chaque instant de notre vie. 

« Si quelqu’un m’aime nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure » (Jn 14,23).


Jeudi de l'ascension le 13 mai

Chers frères et sœurs,  

Le départ de Jésus, une Bonne Nouvelle ? Jésus délaisserait-il les siens ? Nous ferions fausse route spirituelle si nous pensions cela ! Pourtant, lorsqu’un ami nous quitte, nous ne le vivons pas sans tristesse… 

Mais le départ de Jésus ouvre bien un quadruple motif de nous réjouir ! 

- 1° motif de notre joie de l’Ascension : nous ne sommes jamais seuls :  

C’est le triomphe de l’amour du Christ qui retrouve le Père. L’Evangile en parle en termes d’exaltation, d’« élévation », de « montée » ; bien sûr, il est inutile de chercher comment cela s’est passé ! C’est pour Jésus l’accomplissement d’un nouveau mode de présence. Il est le « Seigneur du cosmos », sa présence est désormais universelle. Le Christ est à la fois absent physiquement (il est auprès du Père dans la gloire) et présent dans l’intimité de notre cœur, plus proche encore que pour les disciples qui le côtoyaient physiquement. 

L’Ascension de Jésus nous rappelle que « dans notre vie, nous ne sommes jamais seuls » (Pape François). 

 

-2° motif de notre joie de l’Ascension : Jésus ouvre le chemin du Père : 

Avec le Christ qui est monté au ciel, c'est l’humanité tout entière qui est appelée à entrer au ciel avec lui. Jésus est le « premier de cordée » (on n’ose plus utiliser cette expression reprise par la politique…), parce qu’il nous ouvre le chemin vers son Père et nous conduit vers lui à sa suite. 

 

- 3° motif de notre joie de l’Ascension : Nous sommes envoyés en mission à la suite du Christ et par lui : 

Le chrétien, dit-on parfois, est celui qui a les pieds sur terre et la tête dans le ciel. La perspective du ciel ne doit pas nous détourner de la terre. Parfois nous pouvons avoir la tête au ciel, mais pas les pieds sur la terre. C’est alors une foi totalement désincarnée, celle qui ne changerait pas notre vie, celle qui ne nous donnerait pas le désir de changer le monde. Une telle foi qui vit hors du temps n'est pas la foi chrétienne. C'est comme un sportif en chambre qui se contenterait de regarder le sport à la télé ! 

Le chrétien n’est pas un être éthéré, hors du temps et de l’espace ; bien au contraire, la perspective d’un amour comblé (le ciel), nous presse de construire avec le Christ ce que nous sommes appelés à vivre dans l’au-delà, l’amour donné. 

Jésus vient de reprocher à ses disciples leur incrédulité ; malgré cela, il les envoie pourtant en mission dans le monde entier : « Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création ». Les chrétiens continuent l’œuvre du Christ en chaque époque. 

L’Ascension nous remet utilement dans la mission confiée aux siens par le Christ : « Allez dans le monde entier » ; la foi ne doit pas sentir le renfermé. 

 

- 4° motif de notre joie de l’Ascension : La mission est une synergie : 

Là encore nous ne sommes pas laissés seuls face à l’immensité de la mission : c'est bien le Christ et l'Esprit-Saint qui agissent avec nous et par nous (c’est ce qu’exprime le mot "synergie") : l'Esprit-Saint nous donne lumière et force pour vivre l'aujourd'hui de Dieu : « vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit-Saint qui viendra sur vous » (Ac 1,8). La force des chrétiens vient toujours du Seigneur qui envoie. 

« Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient » (Mc 16,20), comme le dit Marc dans l'Evangile de ce jour. Quelle joie de savoir que le Seigneur est au cœur de l'Eglise et source de la mission ! 

Si l'Ascension est le départ du Christ, elle est le début du temps de l'Eglise.  

Le Seigneur ne cesse pas de visiter notre monde et notre histoire pour les transfigurer. Le départ de Jésus, le don de l'Esprit-Saint nous donne un nouveau regard. Il nous faut abandonner tout regard pessimiste sur « un monde qui serait en train de s'écrouler », et entrer dans un regard d'espérance et de confiance. 

Entrons dans le regard d'amour du Christ sur notre monde et sur nos frères.


Mercredi 12 mai

Chers frères et sœurs,  

Jésus a déjà dit beaucoup de choses lourdes à entendre ; il comprend alors qu’il est difficile d’ajouter encore à tout ce qui les a attristés : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter » (Jn 16,12). Les disciples sont comme dépassés par les Paroles de Jésus. Dépassés par les Paroles de Jésus, nous le sommes et nous le serons toujours un peu ! Les paroles de feu de Jésus parfois nous brûlent les doigts, parfois elles nous brûlent le cœur. 

C’est à peu près ce qui se passe au moment où Jésus va laver les pieds de Pierre, et où celui-ci commence à s’étonner que le Christ s’abaisse à ce geste réservé aux esclaves : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » (Jn 13,7). Pierre ne commencera à comprendre que lorsque Jésus l’appellera de nouveau à être le « berger de ses brebis » : « Quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller » (Jn 21,18). Pierre aura alors la force de comprendre jusqu’où la suite de Jésus le mènera : donner sa vie comme le Christ. 

Jésus a sûrement toujours de nouvelles choses à nous dire, mais il sait notre faiblesse, et que nous ne sommes « pas toujours capables de les porter » ; plus tard, peut-être pourrons-nous entendre ce qu’il veut nous dire. Jésus use toujours de pédagogie avec chacun de nous ; il part de ce que nous sommes, de nos faiblesses et de nos qualités pour nous mener là où il désire que nous allions. 

C’est l’Esprit de vérité qui nous conduit avec douceur : « il vous fera connaître ce qui vient de moi » (Jn 16,13). L’Esprit Saint ne parle pas de lui-même, « il dira ce qu’il entend » (Jn 16,13) ; il est celui qui nous aide et qui aide l’Eglise à entrer dans la volonté du Seigneur. 

Ce texte d’une grande densité est un des textes des Evangiles qui parle de la Trinité : Jésus évoque la communion d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit saint : « Tout ce que possède le Père est à moi… L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16,15). Ce que nous dit l’Esprit est ce qui vient du Père et du Fils ; ce qui est au Père et au Fils nous est communiqué par l’Esprit. Dieu se communique ainsi au croyant pour faire de celui-ci un être de communion, « à son image et à sa ressemblance » (Gn 1,26-27).  

Le Seigneur veut nous donner d’entendre les secrets de son amour pour notre plus grande joie, celle de nous savoir aimés.


Mardi 11 mai

Chers frères et sœurs,  

Jésus est un bon connaisseur du cœur de l’homme ; nous pouvons lui faire confiance pour son discernement, puisqu’il a l’Esprit en plénitude ! 

Et il perçoit avec une infinie compassion combien ses paroles sur l’avenir et le risque de rencontrer des oppositions son dures à entendre. Elles suscitent chez les disciples un vrai désarroi. Il annonce son départ et parle de malheurs, les laissant au milieu d’un monde hostile ; leur abattement doit se lire sur leur visage. Comment la « tristesse ne remplirait pas leur cœur » (Jn16,6) ? La tristesse contraste avec la joie accomplie dont parlait Jésus il y a quelques jours : « Que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie » (c’est le même mot qu’utilise Jésus : une tristesse accomplie, une joie accomplie : Jn 15,11). Les douze n’osent même plus lui demander où il va, tant est grande la tristesse qui les emplit. 

Jésus n’hésite pas à les secouer par une de ses phrases paradoxales qui vous réveille de vos somnolences intérieures : « Il vaut mieux pour vous que je m’en aille » (Jn 6 ,7). Il est certain que les disciples pensent le contraire à cet instant : son départ « brutal » n’annonce rien de bon. Alors comment imaginer que ce départ soit une bonne nouvelle ? 

Jésus explique donc comment son retour vers le Père peut être positif pour eux : justement dans le don du « Défenseur », l’Esprit-Saint consolateur. Cette présence intime, permanente, est encore plus forte que la présence physique de Jésus : l’Esprit-Saint sera pour toujours avec les siens, comme il est toujours avec le Père et le Fils. 

Bien sûr, comme souvent, pour le moment les paroles de Jésus ne sont pas immédiatement compréhensibles ; elles le deviennent après la résurrection qui ouvre l’ère de l’Esprit, l’ère de l’Eglise. 

La venue de l’Esprit apporte le réconfort de savoir qu’il manifeste la victoire du Christ sur le Mal : Le Saint Esprit est la force pour lutter avec le Christ contre toute forme du mal en nos vies, il est la grâce pour vivre de la douceur de l’Evangile. C’est ce qu’exprime cette phrase un peu mystérieuse : « Quand il viendra, il établira la culpabilité du monde en matière de péché, de justice et de jugement » (Jn 16,8). Jésus est sans péché, il est le « juste » par excellence ; Le vrai péché dont parle Jésus est le refus de se livrer à l’amour. La résurrection signe la fin de la puissance du « prince de ce monde », qui n’est autre que Satan, le seul à être jugé : il « est déjà jugé » (Jn 16,9). Le Christ, quant à lui, est venu « non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,17). La puissance de l’amour est vainqueur du Mal ; en Christ le pécheur est libéré de tout Mal. Même si le Mal est encore présent en nos vies, et parfois nous tarabuste, l’Esprit-Saint nous donne l’assurance que le malheur n’a pas le dernier mot.  

Le dernier mot est à la douceur du Christ, au pardon, et à l’Evangile de la joie.


Lundi 10 mai

Chers frères et sœurs,  

Nous sommes toujours au moment du départ de Jésus vers sa Passion ; il évoque à ses disciples la venue d’un « défenseur ». C’est l’Esprit-Saint qui désormais rendra témoignage pour le Christ et pour nous, en toutes choses.  

Il est l’Esprit de vérité parce qu’il donne de connaître qui est Jésus : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur » (Jn 15,26). 

L’Esprit rend témoignage au Christ dans son humiliation, en lui donnant la force de vivre la Passion, en lui donnant la force du pardon ; il lui rend aussi témoignage par la puissance de la Résurrection ; mais aussi par le don de cet Esprit qui en est fait dans le cœur des croyants.  

C’est cet Esprit qui enverra à leur tour les disciples rendre témoignage de l’amour du Christ. Faibles et désarmés face aux contradictions, aux imprévus, aux souffrances, Jésus nous promet que nous sommes forts de la force de l’Esprit. Celui-ci donne la force dans la faiblesse du témoignage des apôtres : « Vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement » (Jn 15,27). 

« Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12,9), comme le dira St Paul. 

Le « scandale » dont Jésus veut nous protéger est celui du découragement ou de la fuite devant le risque d’être méprisés, ou pire encore, persécutés à cause de lui. 

En toutes choses, même aux heures de la détresse, nous pouvons garder le cœur en paix grâce au « Défenseur » que Dieu nous donne : Le « Paraclet » en grec signifie : avocat, intercesseur, consolateur ; Dieu dans la Bible est le consolateur de son peuple : « Je suis celui qui te console » (Is 51,12) ; « Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai » (Is 66,13). L’Esprit-Saint est celui qui manifeste pour nous en toutes circonstances la douceur de notre Seigneur, comme la tendresse d’une mère qui console son enfant. Quelle magnifique image pour parler de l’Esprit-Saint ! 

L’Esprit est le lien d’amour entre le Père et le Fils, et il fait le lien entre les personnes humaines. Il nous donne de porter la paix du Christ et la communion à nos frères humains : « Ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix » (Ep 4,3). 

Viens Esprit-Saint, « viens au secours de notre faiblesse » (Rm 8,26).