Introduction

Avec cette troisième partie, nous abordons ce qui constitue le cœur de la messe : la liturgie eucharistique. Nous savons que lors de la dernière Cène, le Christ a institué, en ces termes, l’eucharistie en rompant le pain et en buvant le vin avec ses disciples: « Prenez, mangez, buvez : ceci est mon Corps ; ceci est la coupe de mon Sang. Vous ferez cela en mémoire de moi ». C’est du reste à la fraction du pain que les disciples d’Emmaüs l’ont reconnu (Luc 24, 31). Depuis lors l’Eglise perpétue cette recommandation du Seigneur en célébrant l’Eucharistie chaque dimanche, jour du Seigneur ! 

1. Le rite de l’offertoire

 a. Les dons
            Ils sont constitués essentiellement de deux choses : d’une part le pain et le vin qui deviendront le Corps et le Sang du Christ ; d’autre part, les dons des fidèles.
D’abord le pain et le vin. Le pain a plusieurs significations. Il est la nourriture de base. Il représente le travail, le labeur de l’homme. Il est aussi le symbole de plusieurs grains qui sont transformés pour devenir un pain. Ainsi en est-il aussi des hommes qui, mangeant ce pain deviennent un. Dans l’Ecriture le vin est le signe de joie, mais il symbolise aussi le breuvage de vie et d’immortalité, ainsi que la connaissance et l’initiation.
Ensuite les dons des fidèles. Ils ne sont pas une sorte d’impôt. Ils sont le gage concret de l’amour fraternel et de la participation des fidèles à la vie matérielle et aux besoins de l’Eglise. Autrefois, l’offrande était faite de dons en nature pour un partage des biens. Nous connaissons leur destination : le service du culte, la charité, la vie des ministres consacrés. Ces dons représentent le signe de l’offrande que les fidèles font d’eux-mêmes, de leurs forces et de leurs énergies.
b. La procession des dons 
            Le pain et le vin sont portés à l’autel pour servir au repas eucharistique et les autres dons (quête, dons en nature) sont déposés au pied de l’autel. La présentation du pain et du vin par les fidèles manifeste que le Christ prend les fruits de notre travail et de notre vie humaine pour en faire une nourriture spirituelle.
c.) La prière sur les offrandes
            La prière de présentation du pain et du vin s’inspire de la bénédiction juive que le père de famille prononçait au début du repas sur le pain. Elle a été récitée par Jésus au dernier repas avec ses apôtres. Après cette prière, le célébrant invite l’assemblée en ces termes : « Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise ». Et l’assemblée de répondre : « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Certaines traductions ont été très fidèles au rituel en latin : « Priez mes frères pour que mon sacrifice qui est aussi le vôtre soit accepté par notre Dieu le Père Tout-Puissant » - « Que le Seigneur reçoive de tes mains ce sacrifice, pour la louange et la gloire de son nom, et aussi pour notre bien et celui de sa sainte Eglise ». Quoiqu’il en soit, ce dialogue manifeste que toute la communauté est partie prenante dans la présentation des offrandes et que la messe est célébrée pour le monde entier.  
2. La prière eucharistique
Elle constitue le centre et le sommet de toute la célébration. Elle est une grande louange. Elle est un immense merci à Dieu pour son Amour. « En grec, le mot eucharistia veut dire reconnaissance au sens de rendre grâce. En Grèce encore aujourd’hui, on dit efkaristo pour remercier quelqu’un. La prière eucharistique s’adresse au Père. Elle est une prière d’action de grâce et de sanctification. Elle est une prière et une action de toute l’assemblée, présidée au nom du Christ par le prêtre.
a) L’action de grâce : la Préface et le sanctus
            L’action de grâce s’exprime par excellence dans et par la Préface. Préface ne renvoie pas à la préface d’un livre. Elle signifie proclamation. Elle expose les motifs de notre reconnaissance et de notre louange au Père par Jésus son fils. Le Missel propose plus de 80 préfaces car les motifs de l’action de grâce sont multiples. Ils varient et se renouvellent selon le moment de l’année liturgique ou les circonstances de la Messe (mariage, funérailles par exemple).
La préface se conclut avec le Sanctus « Saint le Seigneur » que toute l’assemblée reprend. Le Sanctus est un pur chant de louange à Dieu, une acclamation qui vient de la Bible et des prières juives. C’est un chant semblable à celui que chantent ceux qui sont dès maintenant en présence de Dieu. Il cite ce que le prophète Isaïe entendit lors d’une vision de Dieu dans le Temple (Isaïe 6, 3).
b) L’Epiclèse, la consécration et l’institution : « Sanctifie ces offrandes par ton Esprit »
            L’Epiclèse (Epi=sur ; kalein=appeler) est l’appel ou l’invocation de l’Esprit Saint sur les offrandes qui sont présentées à Dieu, afin que par sa puissance, elles soient consacrées, c’est-à-dire que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ : « Nous te supplions de consacrer toi-même les offrandes que nous apportons : sanctifie-les par ton Esprit pour qu’elles deviennent le corps et le sang de ton Fils Jésus, notre Seigneur, qui nous a dit de célébrer ce mystère » (Prière eucharistique n° 3). Par cette prière et par les paroles et les gestes du Christ à son dernier repas que le prêtre redit, s’opère un admirable échange, une transformation. Ces Paroles sont : « Ceci est mon corps livré pour vous… Ceci est la coupe de mon sang… qui sera versé pour vous… ».
c) L’anamnèse ou le mémorial de la Passion et de la Résurrection et la deuxième épiclèse : « Il est grand le mystère de la foi »
            Les dernières paroles du récit de l’institution sont : « Vous ferez cela en mémoire de moi .» C’est l’anamnèse. Du grec mnésis, elle signifie l’action de se souvenir. Elle n’est pas un simple rappel historique, mais une mise en présence, un dévoilement de la présence actuelle de Dieu. Elle a donc une signification très forte. Elle dit ce que nous faisons dans l’eucharistie : « Nous rappelons ta mort… nous célébrons ta Résurrection… nous attendons ta venue dans la gloire. »
Puis vient la deuxième épiclèse, c’est-à-dire la seconde invocation de l’Esprit Saint. Cette fois-ci l’Esprit Saint est invoqué sur l’Assemblée, pour qu’elle soit pleinement sanctifiée par la communion au corps et au sang du Christ, et qu’elle soit constituée en un seul corps.
 
d) Les intercessions et la doxologie : « Souviens-toi Seigneur… »
Les intercessions manifestent la communion de l’Eglise. Elles montrent que l’Eucharistie est célébrée en union avec toute l’Eglise, celle du ciel comme celle de la terre. Elles signifient aussi que  l’offrande est faite pour l’Eglise et pour tous ses membres vivants et morts.  Ainsi nous prions pour l’Eglise en marche sur la terre, avec ses pasteurs. Nous prions ensuite pour les défunts qui nous ont précédés dans la foi et qui vivent maintenant auprès de Dieu ; nous offrons pour eux le sacrifice de la messe. Nous prions enfin pour tout le Peuple de Dieu, afin qu’il soit rassemblé avec la Vierge Marie et tous les saints du ciel en une seule et éternelle louange.
La prière eucharistique est couronnée par une grande acclamation, qu’on appelle doxologie où nous reconnaissons que tout nous vient du Père par le Christ dans l’unité du Saint-Esprit. Elle exprime la gloire de Dieu.
e) La prière de Jésus et le rite de la paix : Notre Père qui es aux cieux… je vous donne la paix
Avec le Notre Père nous prions le Père avec les mots mêmes de Jésus. Cette prière nous prépare à la communion, puisque nous demandons au Père de nous donner le pain de chaque jour.
Vient ensuite le rite de la paix. Avec ce rite l’Eglise implore la paix et l’unité pour elle-même et toute la famille humaine. Par le rite de la paix, nous exprimons notre communion dans l’Eglise, ainsi que notre amour mutuel avant de communier au Corps et au Sang du Christ.
3. La fraction du pain : voici l’agneau de Dieu
La fraction du pain est un autre nom de la messe, avons-nous dit au début de cette catéchèse. Elle provient du geste de la fraction du pain accompli par le Christ à la dernière Cène. Ce geste avait marqué les premiers chrétiens au point que toute la célébration eucharistique en a gardé le nom (Actes 2, 42). Du reste, chacun se souvient comment les disciples d’Emmaüs avaient reconnu Jésus ressuscité « quand il avait rompu le pain » (Luc 24, 35).
A la messe ce geste de la fraction du pain, donc de l’hostie consacrée veut dire deux choses : il est le signe du Christ qui se livre sur la Croix et dont le corps est rompu pour tous ; il signifie aussi que nous qui sommes nombreux, devenons un seul corps en communiant à l’unique pain de vie partagé entre tous (1 Corinthiens 10, 17).
La fraction du pain est accompagnée du chant de l’Agnus Dei. Par ce chant nous reconnaissons que le Christ est l’Agneau de Dieu qui s’est offert pour le pardon de nos péchés et pour nous donner la paix et la vie.
4. La Communion : Recevez le corps du Christ
Par la réception du Corps et du Sang du christ à l’Eucharistie, nous communions au Christ. Nous sommes unis au Christ et nous sommes unis entre nous par le Christ. La communion signifie et réalise la communion au Christ lui-même source de la communion entre tous ses membres. Par la communion nous obtenons la Vie : « Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jean 6, 51). « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 54).