L’alternance quotidienne du jour et de la nuit, les cycles des lunaisons et des saisons rythment notre existence. Et au départ, l'organisation Iiturgique est en relation avec la diversité des cycles cosmiques. Dès J'Ancien Testament, les hommes ont une conception religieuse des rythmes du cosmos et des fêtes saisonnières. Le christianisme en est imprégné : Jésus, lumière du monde, éclairant à Noël notre nuit hivernale, Pâques et la vie qui renaît au printemps, le jour de prière pour les défunts à l’automne, ou encore la Nuit pascale. Ces symboles si forts pour nous, Européens, n’ont parfois guère de sens dans d’autres pays : Noël est en été à Nouméa, les pays équatoriaux n’ont pas de printemps. Aussi faut-il aller au-delà de ces aspects pour mieux comprendre ce qu’est l’année liturgique. La liturgie rythme notre vie avec la prière des Heures (pas uniquement réservée aux monastères

DIEU VIENT À NOUS ET ENTRE DANS NOTRE TEMPS
En envoyant son Fils Jésus, Dieu entre dans le temps de l'homme. L’éternité de Dieu et le temps de l'homme se rejoignent en Jésus, vrai homme et vrai Dieu. La liturgie est le lieu privilégié où l'homme et Dieu se rencontrent. À travers l'année liturgique, Dieu vient à nous, il se dévoile. L’année liturgique est structurée de manière à évangéliser notre temps, à le "sanctifier", de jour en jour, de semaine en semaine, et tout au long de l’année.

PÂQUES EST AU CENTRE DE TOUTE LA LITURGIE

Dès le premier siècle, le premier jour de la semaine, les chrétiens font mémoire de la passion et de la résurrection cl u Christ ; ils gardent le rythme des apparitions du Christ, le premier jour (Jean 20, 20 et 26-29, et Actes 20, 7). Pour les Pères de l'Église, le premier jour de la semaine renvoie au premier jour la Création, celui de la lumière (Genèse).
Le dimanche devient tout naturellement le jour de la nouvelle Création dans le Christ. Les limites de l'Ancienne Alliance sont dépassées, on entre da ns un monde nouveau.
L’évènement fondateur de la foi chrétienne, c'est la résurrection du Christ : "Si le Christ n'est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi est notre foi", dit saint Paul (l Corinthiens 15, 14). Selon les textes du Concile de Vatican Il, le dimanche, "est le fondement et le noyau de toute l'année liturgique", car nous fêtons la résurrection du Christ et nous rendons grâce à Dieu.
Le centre de l'armée liturgique, c'est la Veillée de la nuit de Pâques ; c'est vers elle que tout converge. Nous sommes dans les ténèbres, le feu nouveau crépite, le cierge pascal, signe de la Résurrection, est allumé, et l'acclamation « Lumière du Christ, nous rendons grâce à Dieu » jaillit. Avec la lumière qui se répand parmi nous, c'est la joie de la Résurrection qui nous illumine. « Le Christ est ressuscité! Alleluia! ». Puis avec le récit de la Création, Abraham, Moïse et la sortie d'Égypte, nous revivons les étapes de l'Alliance entre Dieu et son Peuple, et nous proclamons l'histoire de son salut en Jésus Christ. À partir de cette célébration, l'année liturgique déroule et explore les richesses du "mystère pascal".

LES TEMPS FORTS ALTERNENT AVEC LE TEMPS ORDINAIRE
L’année liturgique commence au premier dimanche de l'Avent ; le dernier dimanche de l'année, c'est la fête du Christ-Roi. Dans une année liturgique, il y a des temps forts privilégiés et des temps moins extraordinaires. Les temps de grandes fêtes (Noël, et de Pâques à la Pentecôte) alternent avec des temps d'attente et de conversion (Avent, Carême). Le reste de l'année s'appelle le temps ordinaire, il est important : il fait ressortir les grandes fêtes et les pas du Christ, depuis son Incarnation (Noël) jusqu'à l'attente de son avènement (derniers dimanches de novembre et temps de l'Avent).

A CHAQUE FOIS, C'EST UN COMMENCEMENT
Quand nous célébrons la Résurrection, il ne s'agit pas uniquement de nous souvenir, mais de rendre présent un événement en le remettant en mémoire. L'année liturgique rend le Christ présent dans l'Église. Pl us que des anniversaires, plus qu'une succession d'événements, il ' s'agit de quelque chose d'inouï : Dieu vient à nous aujourd'hui. Que ce soit un dimanche d'Avent ou du Temps ordinaire, la •Pentecôte ou l'Assomption, c'est toujours le Christ mort et ressuscité pour nous aujourd'hui que nous célébrons. Il arrive que des fêtes tombent un dimanche : par exemple, le 19 mars, fête de saint Joseph, le 15 août, Assomption de Marie. Ce n'est pas Joseph ou Marie que nous célébrons, mais nous rendons grâce à Dieu pour son fils ressuscité et associons Joseph, ou Marie, à notre prière.
L’Église est un peuple en marche, depuis Abraham jusqu'à la fin des temps. Chaque année, nous célébrons les mêmes fêtes, nous relisons les mêmes textes, mais à chaque fois, c'est pour nous un commencement et non un recommencement. Nous avançons un peu plus sur le pas de Jésus, en nous nourrissant de sa Parole et de sa vie. Alors que dans les cultes païens le cycle annuel est fermé sur lui-même et statique, dans le christianisme l'histoire a un sens : elle va vers un aboutissement : le retour du Seigneur.
Dans la prière eucharistique, nous chantons « Nous attendons le jour de ton retour dans la
Gloire ». L'Église n'est pas tournée vers le passé, mais vers l’avenir : c'est pour cela que l'année liturgique commence par l'Avent, temps de l'attente joyeuse du Sauveur et de son retour.