En prenant la condition d'homme, le Verbe, c’est-à-dire la Parole de Dieu, s’est fait chair en prenant un corps d’homme et en communiquant avec nous dans un langage humain. Aussi « par cette révélation, le Dieu invisible s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis, il s’entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie (Dei Verbum 2) ». Nous retrouvons dans la Tradition de l’Église comme dans l’Écriture, une affirmation constante de la proximité que Dieu entretient avec nous, en s’adressant à nous comme à des amis. Cette invitation du Seigneur à nous rejoindre dans nos vies requiert cependant une certaine dose d’attention et de pratique.
Le pape Benoît XVI dans l’exhortation Verbum Domini l'évoque en ces termes : « A tous les chrétiens, je rappelle que notre relation personnelle et communautaire avec Dieu dépend de l'accroissement de notre familiarité avec la Parole de Dieu (VD 124) ».
La notion de familiarité avec la Parole de Dieu est reprise par le Pape François dans Evangelii Gaudium : « L'évangélisation demande la familiarité avec la Parole de Dieu et cela exige que les diocèses, les paroisses et tous les groupements catholiques proposent une étude sérieuse et persévérante de la Bible, tout en promouvant la lecture orante personnelle et communautaire (EG 175) ».
C’est dans le même esprit que le Pape François dans la lettre apostolique Aperuit illis institue le IIIème Dimanche du Temps Ordinaire, comme dimanche de la Parole : « Ce jour consacré à la Bible veut être non pas une seule fois par an, mais un évènement pour toute l'année, parce que nous avons un besoin urgent de devenir familiers et intimes de l'Ecriture Sainte et du Ressuscité, qui ne cesse de rompre la Parole et le Pain dans la communauté des croyants (AI 8) ».
C’est le souhait de redécouvrir ou de renforcer de façon personnelle et communautaire notre relation avec la Parole de Dieu qui a motivé dans notre paroisse, la formation des Groupes de Partage de la Parole : Prendre du temps en plus de la messe dominicale pour accueillir le Christ et l’Esprit Saint à travers l’Écriture et approfondir ce à quoi Dieu nous invite par sa Parole à comprendre et à réaliser dans nos vies.
Dans une interview début 2023 sur KTO, le cardinal Hollerich rapporteur général du Synode
« pour une Église synodale », nous propose de vivre pleinement les sacrements de l’Église en nous mettant à l’écoute de la Parole de Dieu et du monde :
« Et si nous nous mettons à l'écoute de l'Écriture, si nous prions ensemble et nous regardons le monde non pas comme monde, mais comme le lieu de la présence et de l'action de Dieu, que nous sommes en communion avec Dieu, si les sacrements dont nous vivons nous mettent vraiment en communion, alors je pense que nous apercevrons la présence de Dieu dans ce monde, c'est un grand exercice à faire mais sans cet exercice-là, l'Église va rester dans le passé d'autant que ce monde est en train de changer de manière extrêmement profonde. C’est toute notre anthropologie qui va changer et il faut proclamer le Christ dans cette nouvelle civilisation ; il nous faut trouver les paroles pour que les gens puissent comprendre le message et je pense que c'est cela l'enjeu principal de l'Église. … Nous devons le faire avec espérance parce que nous savons par notre foi que le Christ est vivant et nous n’avons pas seulement un message, nous sommes les messagers de quelqu'un qui est vivant et qui est là, qui prépare le terrain ».
Pour proclamer la Parole non seulement dans la liturgie, mais aussi dans le monde, il nous faut, à l’écoute de la Parole, en priant la Parole de Dieu, trouver les mots et poser les actes, pour que nos sœurs et nos frères puissent rejoindre le Christ. Si l’heureuse annonce de l’Evangile est au cœur de nos vies, aucune expérience ne remplacera le partage familial ou en petits groupes pour nous permettre de murmurer humblement ce qui ultimement nous fait vivre et partager cette joie avec le monde.
Bertrand Vinot pour les groupes de partage de la parole
