Chères paroissiennes et chers paroissiens,

Il y a un an (en octobre 2021) étaient présentés les résultats de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), créée à l’initiative de l’Église de France pour faire la lumière sur les violences sexuelles en son sein depuis 1950 ; examiner comment ces affaires ont été ou non traitées ; évaluer les mesures prises par l’Église pour faire face à ce fléau ; faire toute recommandation utile.

La réaction à ce rapport de l’ensemble des évêques de France a été exemplaire  :
-    honte et demande humble de pardon au nom de toute l'Eglise ;
-    souci de compassion, de solidarité, de soin et de réparation vis-à-vis des victimes ;
-    rigueur extrême et coopération avec la justice vis à vis des faits anciens ou nouveaux ;
-    engagement de revue et réforme en profondeur des aspects systémiques révélés dans le fonctionnement de l’Eglise par ce rapport.

Les nouvelles révélations faites ces jours-ci lors de la réunion d’automne de la Conférence des Evêques de France (CEF), et qui mettent en cause certains d’entre-eux, nous replongent dans le désarroi, le découragement et la honte. « La confiance que le peuple de Dieu mettait dans les pasteurs est ébranlée et elle est, chez certains, chez beaucoup peut-être, brisée. » (Mgr de Moulins-Beaufort, président de la CEF). Notre réaction est due non seulement aux faits incriminés, mais aussi à la façon dont ils ont été traités sur le plan de leurs conséquences vis-à-vis des victimes et des coupables, et de l’information indigente et désastreuse des fidèles infantilisés, alors qu’ils sont capables de faire face à la vérité et suffisamment matures pour en assumer les conséquences collectives.

Tous ces faits sont d’autant plus douloureux pour notre communauté chrétienne du Vésinet, qu’ils s’ajoutent aux révélations, après son décès il y a un mois, de sanctions canoniques pour des faits graves prononcées par l’autorité diocésaine en 2021, à l’encontre de l’ancien curé de Sainte Marguerite (1999-2007), le Père Jean-Jacques Villaine. Les circonstances incriminées n’ont pas été révélées officiellement, mais des médias ont clairement détaillé des faits d’abus spirituels et sexuels envers une jeune femme de son entourage.
Des membres du Conseil Pastoral et de l’Equipe d’Animation Paroissiale, réunis autour de notre curé, ont pris l’initiative d’exprimer auprès de notre Evêque, Mgr. Crepy, leur incompréhension devant le silence des autorités religieuses. Mgr Crépy a assuré qu’il nous répondra personnellement et en attendant nous vous donnons à la fin de ce message des extraits de sa communication récente sur le sujet.

Mgr. de Moulins-Beaufort, président de la CEF, a conclu la réunion des évêques à Lourdes par ces mots :
« Certains s’interrogent : dans les circonstances présentes, quel crédit donner aux engagements pris il y a un an pour tirer les conséquences du rapport de la Ciase ? Nous pouvons en donner l’assurance : une transformation des pratiques est bel et bien en cours, avec l’aide de nombreux fidèles laïcs particulièrement qualifiés, dont des personnes victimes. Des décisions sont déjà prises et mises en œuvre. Diocèses et mouvements d’Eglise s’impliquent de manière plus construite dans la protection des mineurs. Les groupes de travail décidés il y a un an rendront leurs conclusions en mars 2023. Nous venons de faire un point d’étape avec eux au cours de cette Assemblée. Ce travail de fond commence à porter du fruit. Nous continuerons sur cette lancée. »

Comme membres et « pierres vivantes » de l’Eglise nous, membres de l’Equipe d’Animation Paroissiale, prenons acte de cet engagement auquel nous contribuerons.
Dans le combat de l’ombre et de la lumière, toujours inextricablement et dramatiquement mêlés dans la vie des êtres humains, seule « la vérité nous rendra libre » (Jean 8,32).
Cette vérité c’est le Christ, qui se donne à nous ! La vocation de tous les baptisés que nous sommes est de le montrer en prenant soin de tous et surtout des victimes et des blessés de la vie, de le célébrer dans la prière de miséricorde et de pardon, de le vivre enfin en « nous aimant les uns les autres » dans la construction toujours à renouveler d’un Royaume de foi, d’espérance et de charité.

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Suite à l’assemblée des évêques à Lourde, Mgr. Crepy, a donné une interview au sujet de la gestion des abus sexuels, et en particulier du cas du Père Villaine. En voici quelques extraits  :

Question : Ce que l’on appelle aujourd’hui “l’affaire Santier” a mis en exergue le besoin des fidèles d’être tenus informés des sanctions prises contre les prêtres. Pensez-vous que cette mesure soit nécessaire ?
 Mgr L. Crepy : L’affaire Santier prouve d’abord qu’il n’y a pas d’impunité, quelles que soient les fonctions de la personne mise en cause. Michel Santier a été sanctionné par l’Eglise. La question complémentaire qui se pose aujourd’hui est celle de la communication des sanctions, en particulier pour contribuer à la libération de la parole chez d’éventuelles autres victimes quand les faits sont graves. Quand une enquête est en cours, civile ou canonique, il relève des enquêteurs d’appeler aux témoignages, tout en préservant la présomption d’innocence. Sur le plan du droit de l’Eglise, sauf mention explicite, il n’y a ni interdiction ni obligation de publier les sanctions prise à l’égard de la personne coupable. (…) Même si pour une personne victime oser une parole répond à un mécanisme bien plus complexe, nous devons poursuivre nos efforts pour l’y aider.

Question : Ce n’est pas ce qui a été fait pour le Père Jean-Jacques Villaine ?
Mgr L. Crepy : Effectivement. La situation du père Villaine a été traitée selon les modalités que je viens de présenter : une personne victime s’est manifestée en mai 2021 auprès du diocèse pour des faits graves que le père Villaine a reconnus. Je l’ai rencontrée en présence d’un membre de la cellule d’écoute du diocèse. La justice civile avait été saisie par cette personne victime et j’ai tout de suite saisi la justice canonique. L’affaire était prescrite civilement, mais des sanctions canoniques ont bien été prises et communiquées au Père Villaine, alors âgé de 86 ans. La personne victime a été immédiatement informée Dans cette situation, j’entends aujourd’hui la demande forte des fidèles d’être informés. Le peuple chrétien est bien sûr en mesure d’entendre et de connaître les sanctions graves concernant les prêtres, les évêques et les laïcs en responsabilité dans l’Eglise. (…) La question de la publication appelle cependant un discernement relatif à la nature et à la gravité des faits, puis des sanctions correspondantes. Ce discernement est destiné notamment à décider dans chaque cas de la possibilité pour la personne condamnée d’exercer encore ou non un ministère, même restreint. Si des personnes ont été victimes de gestes ou d’actes répréhensibles de la part du Père Jean-Jacques Villaine, je renouvelle mon invitation à contacter la cellule d’écoute et d’accueil des personnes victimes du diocèse de Versailles. Et si d’autres fidèles veulent dénoncer des faits dont ils auraient été victimes dans le diocèse de Versailles, surtout qu’ils se manifestent.

Site de la cellule diocésaine d’accueil et d’écoute des victimes d’abus sexuels :
https://www.catholique78.fr/2016/11/04/cellule-diocesaine-daccueil-victimes-dactes-de-pedophilie/
Mail de cette cellule : ecoutevictime@catholique78.fr
Cellule nationale de la Conférence des Évêques de France : paroledevictime@cef.fr
Plateforme indépendante et nationale d’aide aux victimes d’abus sexuel dans l’Église – France victime : 01 41 83 42 17