Proclamons ensemble que Jésus-Christ est Seigneur

Le Congrés-Mission revient dans 9 villes de France
du 29 septembre au 1er octobre 2023

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Homélie du pape François lors des funérailles du pape émérite Benoît XVI

OBSÈQUES 
DU PAPE ÉMÉRITE BENOÎT XVI

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre
Jeudi 5 janvier 2023

[Multimédia]

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« Père, entre tes mains je remets mon esprit » ( Lc 23, 46). Ce sont les dernières paroles que le Seigneur a prononcées sur la croix ; son dernier soupir - pourrait-on dire -, qui confirme ce qui a caractérisé toute sa vie : une permanente remise de soi entre les mains de son Père. Des mains de pardon et de compassion, de guérison et de miséricorde, des mains d’onction et de bénédiction qui le poussèrent à se livrer aussi aux mains de ses frères. Le Seigneur, ouvert aux histoires qu’il rencontrait sur son chemin, s’est laissé ciseler par la volonté de Dieu en prenant sur ses épaules toutes les conséquences et les difficultés de l’Évangile, jusqu’à voir ses mains meurtries par amour : « Vois mes mains », dit-il à Thomas ( Jn 20, 27), et il le dit à chacun de nous, « Vois mes mains ». Des mains meurtries qui vont à la rencontre et ne cessent de s’offrir, afin que nous connaissions l’amour que Dieu a pour nous et que nous croyions en lui (cf. 1 Jn 4, 16) [1].

« Père, entre tes mains je remets mon esprit » est l’invitation et le programme de vie qui inspire et veut modeler comme un potier (cf. Is 29, 16) le cœur du pasteur, jusqu’à ce que palpitent en lui les mêmes sentiments que ceux du Christ Jésus (cf. Ph 2, 5). Dévouement reconnaissant de service au Seigneur et à son Peuple qui naît du fait d’avoir accueilli un don totalement gratuit : : “Tu m’appartiens... Tu leur appartiens”, susurre le Seigneur ; “Tu es sous la protection de mes mains, sous la protection de mon coeur. Reste dans le creux de mes mains et donne-moi les tiennes” [2]. C'est la condescendance de Dieu et sa proximité capable de se placer dans les mains fragiles de ses disciples pour nourrir son peuple et dire avec lui : prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps, mon corps qui s’offre pour vous (cf. Lc 22, 19). La synkatabasis totale de Dieu .

Un dévouement priant, qui se façonne et s’affine silencieusement entre les carrefours et les contradictions que le pasteur doit affronter (cf. 1 P 1, 6-7) et l’invitation confiante à paître le troupeau (cf. Jn 21, 17). Comme le Maître, il porte sur ses épaules la fatigue de l’intercession et l’usure de l’onction pour son peuple, surtout là où la bonté doit lutter et où les frères voient leur dignité menacée (cf. He 5, 7-9). Dans cette rencontre d’intercession, le Seigneur continue à générer la douceur capable de comprendre, d’accueillir, d’espérer et de parier au-delà des incompréhensions que cela peut susciter. Une fécondité invisible et insaisissable, qui naît du fait de savoir dans quelles la confiance a été placée (cf. 2 Tm 1, 12). Une confiance priante et adoratrice, capable d’interpréter les actions du pasteur et d’adapter son cœur et ses décisions aux temps de Dieu (cf. Jn 21, 18) : « Être le pasteur veut dire aimer, et aimer veut dire aussi être prêt à souffrir. Aimer signifie: donner aux brebis le vrai bien, la nourriture de la vérité de Dieu, de la parole de Dieu, la nourriture de sa présence » [3].

Et aussi un dévouement soutenu par la consolation de l’Esprit, qui le précède toujours dans la mission : dans la quête passionnée de communiquer la beauté et la joie de l’Évangile (cf. Exhort. Ap. Gaudete et exsultate, n. 57), dans le témoignage fécond de ceux qui, comme Marie, restent de bien des manières au pied de la croix, dans cette paix douloureuse mais solide qui n’agresse ni ne soumet ; et dans l’espérance obstinée mais patiente que le Seigneur accomplira sa promesse, comme il l’avait promis à nos pères et à sa descendance à jamais (cf. Lc 1, 54-55).

Nous aussi, fermement attachés aux dernières paroles du Seigneur et au témoignage qui a marqué sa vie, nous voulons, en tant que communauté ecclésiale, suivre ses traces et confier notre frère aux mains du Père : que ces mains de miséricorde trouvent sa lampe allumée avec l’huile de l’Évangile qu’il a répandue et dont il a témoigné durant sa vie (cf. Mt 25, 6-7).

Saint Grégoire le Grand, à la fin de la Règle pastorale, invite et exhorte un ami à lui offrir cette compagnie spirituelle : « Au milieu des tempêtes de ma vie, je me console par la confiance que tu me tiendras à flot sur la table de tes prières, et que, si le poids de mes fautes m’abat et m’humilie, tu me prêteras le secours de tes mérites pour me relever ». C’est la conscience du pasteur qu’il ne peut pas porter tout seul ce que, en réalité, il ne pourrait jamais supporter tout seul et, par conséquent, il sait s’abandonner à la prière et au soin du peuple qui lui est confié [4]. C’est le peuple fidèle de Dieu qui, rassemblé, accompagne et confie la vie de celui qui a été son pasteur. Comme les femmes de l’Évangile au sépulcre, nous sommes ici avec le parfum de la gratitude et l’onguent de l’espérance pour lui démontrer, encore une fois, l’amour qui ne se perd pas. Nous voulons le faire avec la même onction, sagesse, délicatesse et dévouement qu’il a su prodiguer au cours des années. Nous voulons dire ensemble: “Père, entre tes mains nous remettons son esprit”.

Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix, définitivement et pour toujours !


Votes et résolutions concernant la lutte contre les abus dans l'église catholique de France

Lisez les textes du communiqué

Communiqué


Pièce jointe

Qui sont les 13 cardinaux créés par le Pape François?


10 nouveaux saints pour l'Eglise ce dimanche 15 mai !

Dont la canonisation de Marie Rivier, Charles de Foucauld et César de Bus

Charles de Foucauld


Mgr Ulrich nommé archevêque de Paris mardi 26 avril 2022

Prêtre de l’archidiocèse de Dijon, et archevêque de Lille depuis 2008, Mgr Laurent Ulrich a été nommé ce mardi 26 avril archevêque de Paris par le Pape François. Il succède à Mgr Aupetit, qui avait remis sa démission du gouvernement pastoral de l'archidiocèse de Paris au Souverain Pontife, lequel l’avait acceptée le 2 décembre dernier.
 

Adelaide Patrignani – Cité du Vatican

C’est un homme d’Église expérimenté qui arrive à la tête de l’archidiocèse de Paris, bien qu’il n’ait encore jamais été au service de l’Église de la capitale.

Débuts en Bourgogne

Mgr Laurent Ulrich a vu le jour le 7 septembre 1951 à Dijon, capitale bourguignonne. Son père était inspecteur d’assurances. Titulaire de deux maîtrises - une première en philosophie et une deuxième en théologie, obtenue à l’université catholique de Lyon, sur le thème «annonce de la foi dans le monde moderne» - Laurent Ulrich est ordonné prêtre le 2 décembre 1979 pour l'archidiocèse de Dijon.

Après son ordination, il devient prêtre stagiaire en paroisse à la Croix-Rousse à Lyon, puis revient dans son diocèse où il exerce divers ministères à Beaune, en paroisse et en aumônerie de collèges et lycée. En 1983, il devient délégué diocésain au diaconat permanent, et en 1984, il est nommé doyen-adjoint de Beaune-ville.

En 1985, il est nommé vicaire épiscopal de l’archidiocèse de Dijon, avant d’en devenir vicaire général, tout en étant délégué à l'apostolat des laïcs, de 1990 à 2000.

Dèjà 22 ans d'épiscopat

Le 6 juin 2000, Jean-Paul II le nomme archevêque de Chambéry, évêque de Maurienne et Tarentaise. Son ordination épiscopale a lieu le 10 septembre 2000. Parmi ses consécrateurs, le cardinal Louis-Marie Billé, archevêque de Lyon.

En novembre 2007, il est élu vice-président de la Conférence des évêques de France. Il avait auparavant exercé la fonction de président de la Commission financière et du Conseil pour les affaires économiques, sociales et juridiques au sein de la CEF, et de membre du comité pour l’information et la communication. Il préside par ailleurs le conseil d'orientation de RCF (Radios Chrétiennes francophones), entre 2004 et 2008.

Le 1er février 2008, Benoît XVI le nomme archevêque-évêque de Lille. Il prend la succession de Mgr Gérard Defois en étant officiellement installé le 30 mars 2008 en la cathédrale Notre-Dame de la Treille, et devient le premier archevêque métropolitain de Lille. Au sein de l’archidiocèse lillois, il est président de l’enseignement catholique et chancelier de l’Université catholique de Lille.

De 2013 à 2019, Mgr Ulrich est président du Comité Études & Projets à la CEF. En juillet 2019, il devient président du Conseil pour l’Enseignement catholique. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 12 mai 2017. Sa devise épiscopale est “La joie de croire”.

Un désir: «manifester l’amitié du Christ»

Au micro de nos confrères de RCF Hauts-de-France, Mgr Ulrich a réagi à l’annonce de sa nomination: «Ça a été la surprise complète, confie-t-il. J'ai manifesté tout de suite devant le nonce une grande surprise, un étonnement, une façon de dire un peu «non». J'ai intérieurement bataillé spirituellement parce que je me disais que ce n'est pas fait pour moi et que je ne suis pas l'homme de la situation. J'ai déjà quelques années à l'actif, et donc imaginez-vous que c'est le quatrième diocèse que je sers. C'est une gymnastique. Mon ministère d'évêque à Paris va être un ministère qui veut manifester l'amitié du Christ, assure Mgr Ulrich. Alors je ne sais pas si je parviendrai à le montrer avec mes qualités et mes défauts. Je ne sais pas si je saurai vraiment illustrer cela, mais c'est ma volonté profonde de considérer les Parisiens comme mes amis. Je n'ai jamais visé de poste, je n'ai jamais eu d'autres ambitions que de faire ce que l'Église m'a demandé», explique le nouvel archevêque de Paris, dont l’installation aura lieu le lundi 23 mai prochain, à 18h30, en l’église Saint-Sulpice (Paris 6e).

Les diocésains de Lille pourront quant à eux le remercier et rendre grâce lors de la messe du rassemblement «Tous en chœur avec Jésus» - initiative pour les familles -, le 12 juin 2022 à 15h30 au Parc des sports de Roubaix.

Dix-huit siècles d’Histoire

30e archevêque et 142e évêque de Paris, Mgr Ulrich succède à Mgr Michel Aupetit. Nommé archevêque de Paris en 2017, ce dernier a remis sa démission du gouvernement pastoral de l'archidiocèse au Pape François qui l’a acceptée le 2 décembre dernier.

Le diocèse était administré, depuis le 2 décembre 2021, par Mgr Georges Pontier, archevêque émérite de Marseille, en tant qu'administrateur apostolique. Il a été assisté par les évêques auxiliaires Mgr Thibault Verny et Mgr Philippe Marsset.

L’archevêque de Paris est l'un des 23 archevêques de France.

La tradition rapporte que le diocèse de Paris fut créé au 3e siècle, vers l’an 250, par saint Denis, qui en est devenu le saint patron, avec sainte Geneviève. Le diocèse de Paris, auparavant suffragant de l'archevêché de Sens, est élevé au rang d'archidiocèse le 20 octobre 1622. Le titre de duc de Saint-Cloud, attaché à celui de pair de France, a été créé en 1674 pour les archevêques. Le siège archiépiscopal est temporairement aboli pendant la Révolution française entre 1793 et 1798. Le siège actuel de l'archevêché est à la cathédrale Notre-Dame de Paris.

En 2019, l’archidiocèse de Paris comptait une centaine de paroisses, 492 prêtres incardinés, 126 diacres permanents, 67 séminaristes en formation pour le diocèse, 473 prêtres membres d’instituts religieux, 179 religieux non prêtres et 1 351 religieuses.


L'Espérance ne déçoit pas
Repères de discernement sur la vie sociale et politique

Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France a élaboré un guide:

Lespérance ne déçoit paspour donner des repères de discernement et de réflexion, en librairie et sur internet,en cette période charnière délections.

Il sinscrit dans le sillage des textes publiés au seuil des années électorales précédentes:Quas-tu fait de ton frère?(2006),Un vote pour quelle société ?(2011),dans un monde qui change, retrouver le sens du politique(2016).

Avec humilité et détermination, les membres du Conseil permanent veulent attirer lattention des candidats, des catholiques et de tous les citoyens sur ce quimplique le choix de vivre en société, le respect inconditionnel de toute vie humaine, lauthentique promotion de la liberté et lécologie intégrale.

Ils manifestent ainsi à quel point les religions ne sont pas une menace pour la société mais peuvent au contraire contribuer à sa vitalité et à sa paix.De plus, chaque semaine, le site internet de la Conférence des évêques de France est enrichi de nouveaux contenus pour éclairer et approfondir 7 thèmes politiques et sociaux en toile de fond de la campagne présidentielle

 

Pour accéder à ce guide


Prions pour soutenir l'Ukraine et faire advenir la paix

Particulièrement le 2 mars jour des cendres

Déclaration de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, Archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France

Soutien et prière pour l’Ukraine.

La décision du Président de la Fédération de Russie d’intervenir militairement en Ukraine enclenche un processus de guerre qui suscite en nous une immense inquiétude. La Fédération de Russie, quoi qu’il en soit de ses raisons, brise unilatéralement un processus de paix engagé depuis des années et viole le droit international ; les Ukrainiens défendent leur pays, avec ce qu’il représente d’histoire et culture, de marche dans la dignité vers la liberté. Les Européens savent que la guerre n’est jamais une solution. Ils savent aussi qu’il ne peut y avoir de paix sans justice ; de nos jours, la justice passe par le respect du droit international.

A la suite du pape François et en union avec les évêques de France, j’appelle les catholiques de France à prier pour les Ukrainiens et pour le retour de la paix en Ukraine, pour toutes les victimes de la violence aveugle que porte la guerre. Prions aussi pour le peuple russe tout entier, dans sa diversité. Dans notre prière, n’oublions pas les soldats, les familles qui seront endeuillées, les personnes qui seront blessées. N’oublions pas non plus les populations civiles et, parmi elles, les plus fragiles et les pauvres qui sont trop souvent les premières victimes des conflits. La responsabilité des dirigeants qui décident la guerre est immense à leur égard.

Les catholiques prieront en particulier comme l’a suggéré le Pape lors du mercredi des cendres, le 2 mars prochain. Ce jour-là, les chrétiens entrent en carême et sont invités à prier davantage et à jeûner. Nous offrirons cela pour la paix et la justice, en communion avec tous ceux qui en Ukraine et en Russie aspirent à la paix, à la vérité et à la justice.

Que le Seigneur éclaire les gouvernants, convertisse les cœurs qui doivent l’être et soutienne tous ceux qui se mobiliseront pour restaurer la paix, le dialogue et la concorde entre les peuples. Qu’il inspire aux évêques des différentes confessions les paroles et les gestes qui réconforteront et qui serviront le véritable esprit de paix.


Quelles sont les résolutions adoptées par l'assemblée plénière des évêques de France du 8 novembre


Discours de clôture de l'Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France, le lundi 8 novembre 2021

Suite au rapport du Ciase (rapport Sauvé)

Pour lire l'ensemble des résolutions aller sur:

eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/textes-et-declarations/520492-resolutions-votees-par-les-eveques-de-france-en-assemblee-pleniere-le-8-novembre-2021/

Chers Frères évêques,

Chers Frères et Sœurs, membres du conseil d’administration de la Conférence des religieuses et religieux de France,

En vous présentant ce matin les travaux de l’Assemblée plénière qui s’achève, je veux avoir devant les yeux la photographie de l’enfant qui pleure que vous apercevez derrière moi sur l’écran. Cette photographie, désormais, est fixée au mur du bâtiment qui abrite l’hémicycle où nous nous tenons. Cet enfant pleurait seul, caché sous les voûtes d’une cathédrale. Quelqu’un l’a photographié, quelqu’un qui s’est reconnu en lui, quelqu’un qui, lui aussi, a été victime et a pleuré ainsi, pétrifié, dans une église, à cause d’un homme d’Église et à cause de l’Église. Ce visage habite mon cœur tandis que je vous parle. C’est pour cet enfant qui pleure, petit garçon, petite fille, adolescente ou adolescent, que nous avons réfléchi, travaillé, décidé. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait » (Mt 25, 40.45). « Il est trop tard, avons-nous dit, samedi, avant-hier, pour consoler cet enfant. Il ne l’est pas de nous souvenir de lui. » Les pas intérieurs que nous avons franchis ici et les décisions que nous avons prises, il nous reste à les partager avec les prêtres, nos frères, avec les diacres, et tous les baptisés et dans toutes nos structures d’Église. Ce que nous ferons, nous le ferons pour lui, cet enfant qui pleure aujourd’hui encore caché en tant d’adultes ; ce que nous ne ferons pas, nous en sommes conscients, c’est à lui que cela manquera, c’est lui qui sera renvoyé dans sa souffrance solitaire. Cela, nous ne le voulons pas.

Le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église dont je veux remercier encore une fois, devant vous tous qui écoutez ce discours, le président, M. Jean-Marc Sauvé, et chacune et chacun des membres et des collaborateurs ainsi que leurs conjoints – car tous ont éprouvé durement ce qu’ils ont mis à jour -, ce rapport  qui nous a été remis, à Sœur Véronique Margron et à moi-même, qui représentions la Conférence des Religieux et des Religieuses de France et la Conférence des évêques, le 5 octobre dernier, a fait apparaître une réalité de l’Église que nous ne savions pas voir. Une de nos invitées nous a rappelé samedi une parole de Jésus : « Ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent. » (Mt 13, 15). Car il a été mis sous nos yeux et sous les yeux du monde que l’Église, notre Église catholique en France, était un lieu où se commettaient des actes de violences et d’agressions sexuelles sur des personnes mineures dans des proportions effrayantes. À côté des faits dévoilés une fois la parole libérée, – et l’association qui a trouvé et pris ce nom a rendu, de ce point de vue-là, un grand service-, qui ont conduit à décider de la création de la CIASE, nous avons encore, ces dernières années, découvert la réalité d’abus de pouvoir et de faits d’emprise dans des diocèses, des communautés dites « nouvelles » ou dans des instituts religieux. Nous sommes donc obligés de constater que notre Église est un lieu de crimes graves, d’atteintes redoutables à la vie et à l’intégrité d’enfants et d’adultes. Or, cela ne se peut. Cela ne peut pas être l’Église de Jésus, l’Église fondée dans le don de soi du Seigneur Jésus, l’Église qui a grandi de la souche d’Israël et que les Apôtres ont ouverte à toutes les nations. Puisqu’il en est ainsi, puisque l’enfant qui pleure sous la voûte d’une cathédrale a été multiplié des centaines des milliers de fois, il nous faut bien le reconnaître et le confesser : nous avons laissé se développer un système ecclésiastique qui, loin de porter la vie et d’ouvrir à la liberté spirituelle, abîme, écrase, bafoue des êtres humains et leurs droits les plus élémentaires.

Lorsque nous nous sommes réunis mardi dernier, 2 novembre, surtout après avoir entendu les cinq personnes victimes qui ont accepté de se faire témoins pour nous, nous avons été à nouveau secoués et ébranlés au plus intime. Ce que la CIASE décrit n’est pas notre Église. Nous ne sommes pas devenus prêtres pour avoir part, même malgré nous, à des actes meurtriers. Nous ne sommes pas chrétiens pour entretenir un organisme dangereux pour les autres. Notre réaction à nous, évêques, a donc été : ce mal commis, ce mal existant, nous devons l’assumer. Nous devons l’assumer pour en libérer ceux et celles qui l’ont subi et pour en dégager l’Église afin qu’elle puisse être celle de Jésus de Nazareth. Nous ne pouvons plus nous protéger derrière le droit positif. Nous devons nous montrer les disciples et les serviteurs de Jésus, notre Seigneur, de celui « qui n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu mais qui s’est anéanti lui-même, obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix » (Ph 2, 5).  L’un de nous l’a rappelé : notre justice doit dépasser celle des scribes, nous ne pouvons rester cachés derrière la justice de l’Etat, et moins encore derrière le droit canonique, il nous appartient d’aller au-delà dans un élan vers celles et ceux qui souffrent.

Nous avons reçu mardi dernier le témoignage exigeant de Francis, Guy, Brigitte, Jean-Luc et Véronique. Nous les remercions du fond du cœur d’avoir accepté de venir vivre avec nous ces jours d’assemblée. Nous avons été bouleversés de leur gratitude vendredi à midi et de leur émotion samedi. Nous n’oublions pas toutes les autres personnes victimes, celles qui sont connues et celles qui ne parlent pas. Nous les saluons humblement. Certains se sont étonnés que nous ne leur demandions pas pardon. Nos amis nous ont aidés à comprendre que nous avions du chemin à parcourir. Un évêque nous l’a dit avec force : à Dieu, nous pouvons toujours demander pardon et devant lui nous pouvons compter sur son pardon ; mais nous ne pouvons provoquer un être humain que nous avons offensé à nous pardonner. Sœur Véronique l’a rappelé samedi matin : la parole de pardon que Joseph, selon le livre de la Genèse, a dite à ses frères ne pouvait venir que de lui et elle n’a pu venir qu’au terme d’un long chemin de transformation intérieure de ceux-ci dont la première étape avait été qu’ils reconnaissent entre eux le mal qu’ils avaient fait à leur jeune frère.

Lorsque, vendredi matin, nous avons reconnu notre responsabilité institutionnelle et décidé d’engager un chemin de reconnaissance et de réparation ouvrant pour les personnes victimes la possibilité d’une médiation et d’une indemnisation, nous l’avons fait à cause de ce que la CIASE nous a mis sous les yeux et parce qu’elle nous a indiqué fortement ce chemin-là ; nous l’avons fait parce que des fidèles très divers, plongés dans la honte, l’attendaient de nous et nous l’avaient fait savoir fortement, parce que la société nous y sommait de bien des manières, mais nous l’avons fait surtout parce que nous avons senti le regard de Dieu sur nous, parce que nous avons senti monter en nous le dégoût et l’effroi en réalisant ce que tant et tant de personnes avaient vécu et vivaient de souffrances, là même où elles étaient en droit de recevoir la lumière, la consolation, l’espérance de Dieu. Nous l’avons fait en pensant à chacune et à chacun d’eux, à chacun de ces enfants, petits garçons, petites filles, adolescents, adolescentes, qui pleurent en secret dans le fond de leur âme et jusqu’au dernier jour de leur vie d’adultes. Nous en avons rencontré quelques-uns dans nos diocèses. Leur image nous habite, comme le symbolise désormais devant le bâtiment de notre hémicycle la formidable et terrible photographie devant laquelle je vous parle. Il était temps que nous franchissions ce pas. Il était attendu de nous depuis longtemps et la CORREF l’avait engagé. Nous avons franchi cette étape, en réalisant que, sans le vouloir, nous étions complices, nous laissions s’exercer des actes inqualifiables, nous passions du temps à faire des enquêtes, à lancer des procédures, à trembler en nous demandant ce que tel prêtre pouvait faire ou non, à redouter que quelqu’un se mette à parler encore, à recevoir des personnes victimes et à découvrir des taches nouvelles sur la réputation de tel prêtre ou tel laïc agissant dans l’Église. Il était de notre devoir de marquer nettement que nous ne pouvions pas supporter que l’Église soit cela. Nous l’avons fait parce que nous avons eu peur de manquer à Jésus.

Cette décision, permettez-moi de le dire, est pour nous tous une libération. Nous sommes libérés de pouvoir manifester que notre Église, celle à laquelle nous appartenons et que nous voulons servir, ne peut pas être une institution préoccupée d’elle-même, engoncée dans l’auto-glorification. L’évangile de ce dimanche nous a confirmés dans ce choix. Pour servir la véritable Église du Christ, nous ne pouvons pas être des âmes riches qui jettent de leur superflu dans le tronc du Temple, nous voulons choisir d’être du côté de la pauvre veuve qui donne les deux piécettes de son indigence.

En mars dernier, nous avions décrit notre responsabilité à l’égard du passé, du présent et de l’avenir et nous l’avions assumée pleinement. Nous avons en cette assemblée compris qu’il nous fallait la dire plus nettement, sans précaution, sans nous inquiéter des conséquences de tous ordres, avec confiance en la Providence de Dieu et en la foi de son peuple, sûrs de la force du mystère pascal du Christ. Les mesures que nous avions votées en mars avec la lettre que nous avions adressée aux catholiques de France demeurent valables mais nous voulons désormais avancer avec plus de liberté.

Nous avons compris que nous avions besoin d’aide extérieure. Le Concile Vatican II nous l’avait dit dans la constitution pastorale Gaudium et Spes, en son numéro 40, §4 : L’Eglise « est fermement convaincue que, pour préparer les voies à l’Évangile, le monde peut lui apporter une aide précieuse et diverse par les qualités et l’activité des individus ou des sociétés qui le composent. » Nous ne sommes pas formés pour être des enquêteurs, ni des procureurs, ni des juges d’instruction. L’Église du Christ n’est pas faite pour affronter les crimes que la société humaine est capable de condamner et contre lesquels elle s’équipe pour lutter. Nous avons, nous, à ouvrir à tous les humains, même aux criminels, l’espérance qu’il n’est jamais trop tard pour se repentir, pour se convertir, pour changer de direction de vie et à leur apporter la force intérieure du Christ et de son Esprit.

Nous avons tout à gagner à conclure des protocoles avec les procureurs. Nous avons tout à gagner à nous en remettre avec confiance aux services de la justice et de la police de notre pays. Lorsque nous arrivons dans un diocèse, nous en recevons les prêtres comme des frères. Cette fraternité a tout à gagner à être sans compromission avec les fautes éventuelles de tel ou tel, avec ce qui, chez tel d’entre eux, pourrait relever de la justice des hommes. Car la miséricorde consiste à accompagner le coupable s’il en ait sur un chemin de repentir et de conversion qui commence lorsque celui-ci réalise le mal commis et la douleur provoquée. De manière plus générale, le pardon de Dieu ne peut servir de prétexte à quiconque qui aurait commis un crime ou un délit pour échapper à la justice des hommes. Au contraire, ce pardon devrait fortifier le coupable pour qu’il se prépare à rendre compte de ses actes et à en assumer les conséquences. Il l’assure que sa dignité profonde sortira grandie de cette épreuve de vérité.

Notre décision de vendredi matin et celles que nous avons adoptées en ce lundi au terme de nos sept jours d’assemblée marquent un pas décisif. De la prise en considération première des personnes victimes, nous avons reçu la liberté d’ouvrir le travail sur nos fonctionnements ecclésiastiques ou ecclésiaux de manière large, stimulé par les nombreux invités qui ont bien voulu nous rejoindre vendredi. Nous en avions reçu, il faut le dire aussi, une grande impulsion de la part du Saint-Père au cours de nos visites ad limina, impulsion renforcée par nos célébrations sur le tombeau des Apôtres qui nous ont remis au centre de notre mission.

Déjà, mercredi et jeudi matin, lors de nos rencontres avec des personnes en précarité sous le thème « Clameur des pauvres, clameur de la terre », nous avons expérimenté l’Église que nous aimons, l’Église qui nous fait grandir et nous donne d’espérer, malgré nos pauvretés et nos fragilités, l’Église qui nous rend heureux et fiers. Nous avons été émus par la fraternité concrète entre nous, nos invités diocésains, les personnes en précarité et les membres des associations qui les accompagnaient. Je remercie ici Laurent van Ditzhuizen et Marion Cremona, de l’Université du Nous, qui nous ont aidés à nous connecter les uns aux autres en vérité. Ils nous ont encouragés à nous laisser entraîner par la fierté et la joie de nos hôtes, par leurs attentes aussi, et ce fut bon d’être tous ensemble. Je remercie aussi Pascal Balmand et toutes les associations qui ont été partenaires de ce jour et demi. Nous avons été émerveillés par le travail de préparation qui avait été vécu dans tant de groupes pour permettre à deux représentantes ou représentants de venir nous rejoindre en apportant la parole du groupe entier. Nous avons entendu la fécondité de la parole de Dieu écoutée ensemble avec des personnes en précarité dès lors que l’on veut bien en prendre le temps et les moyens. Nous avons été impressionnés par la créativité des associations que la méditation de la Parole de Dieu a suscitées au fil des ans. J’ai pris conscience pour ma part que je pouvais progresser dans ma disponibilité aux personnes en précarité et dans mon attention à la sagesse et pas seulement à la clameur dont elles sont porteuses. Tous ensemble, avec ces personnes, avec nos invités diocésains, avec les membres des associations, nous avons entendu l’expérience des êtres humains qui ne peuvent vivre que de l’essentiel et nous y avons reconnu la vérité du Christ Jésus, la grande pauvreté de Dieu qui est riche en miséricorde, qui n’est riche qu’en miséricorde.

Il était bon pour nous d’éprouver qu’il valait la peine sans doute d’être humiliés, appauvris, diminués, si cela peut nous aider à mieux rencontrer les pauvres, les exclus, les méprisés, celles et ceux qui ont du mal à parler ou plutôt que l’on a du mal à écouter, puisque le Seigneur que nous voulons suivre est venu en priorité pour eux. Nous avons reconnu qu’il y avait là un chemin pour être émondés, selon l’image qu’utilise Jésus, comme sa vigne, afin de porter du fruit, un fruit réjouissant. La belle rencontre de dimanche matin avec Mme Véronique Devise, nouvelle présidente du Secours catholique, et Mme Francine Guilbert, nous a encouragés encore à avancer dans ce chemin.

Ainsi, sans en avoir vraiment conscience, nous nous étions préparés intérieurement à recevoir nos invités de vendredi après-midi et de samedi, laïcs surtout, mais avec quelques prêtres, diacres, religieux et religieuses, responsables de mouvements et d’associations mais aussi jeunes engagés, scouts, fondateurs du fonds de dotation, initiateurs de projets d’évangélisation, amis tout simplement. Nous nous étions sans le savoir préparé à recevoir l’énergie, la volonté, la colère parfois, l’exigence avec laquelle ils et elles sont arrivés, étant partis la veille au soir ou tôt le matin, ayant décidé en peu de jours de sacrifier une journée de travail et un samedi ou deux jours de vacances en famille ou entre amis pour venir discuter avec nous, évêques, du futur de l’Église. Nous avons reçu le choc de leurs interrogations, de leurs mises en cause, de leurs propositions, de leurs impatiences, et encore davantage, bien davantage, celui de leur foi en Dieu et en son Christ et celui de leur amour déçu, blessé, en son Église. Nous en sommes conscients : une certaine confiance native en l’Église à cause de l’Eucharistie qui la fait naître et dont elle nourrit a été ternie ; une certaine admiration spontanée pour les prêtres parce qu’ils imitent au plus près le Fils bien-aimé du Père en donnant leur vie, est désormais atteinte. Et pourtant, nous avons reçu le baume de l’espérance et le vin de l’amour prêt à se donner encore avec une lucidité nouvelle. Nous avons éprouvé en ces deux demi-journées comme il est doux de se parler du fond du cœur, comme il est bon de reconnaître ses torts et ses fautes auprès d’un ami, comme il est fortifiant de se laisser relever par une sœur ou un frère qui se révèlent encore plus proches, encore plus encourageants qu’on aurait pu l’imaginer.

Les échanges ont été denses, ils ont été courts. Les temps de travail commun ont été contraints par le temps, écrasés par la masse des sujets à prendre en compte : les 45 recommandations de la CIASE qui se démultiplient facilement en cinq ou six sujets. Pourtant, même si bien des frustrations et des déceptions demeurent, ces temps ont été féconds. Ils ont été stimulants. La voix de l’Église en recherche s’est fait entendre sous la délicate conduite de Matthieu Daum, Nancy Bragard et Étienne Gueydon, nos facilitateurs de Nexus, et elle était, cette voix, douce et forte à la fois. Elle nous a permis de prolonger notre première étape et d’en oser un autre ou quelques autres. Nous, évêques, réalisons que nous pouvons avancer, car nous ne sommes pas seuls, nous n’avons pas à tirer tout un troupeau qui résisterait, nous sommes accompagnés par des sœurs et des frères qui brûlent autant ou plus que nous de l’amour du Seigneur et du désir de vivre de lui et d’offrir à d’autres de s’y essayer. Nous le pouvons d’autant plus que nous éprouvons en chaque assemblée la force de notre collégialité qui nous encourage à avancer ensemble, nous attendant mais aussi nous aidant les uns les autres à progresser.

Nous avons pu le voir aussi lors de notre séquence finances. Elle nous a permis de constater de nouveau que la générosité des fidèles est à la hauteur de leur attachement à l’Église du Christ. Dans notre pays, celle-ci ne vit que de dons. Or, dans le contexte des restrictions imposées aux cultes par la pandémie en 2020 et 2021, le recul marqué des ressources des paroisses a été compensé en partie par une progression inédite du denier. Oui, les fidèles soutiennent matériellement l’Eglise et tous nos diocèses se doivent d’être gérés avec rigueur et dynamisme pour servir la mission et l’évangélisation. Nous sentons autour de nous l’attente des fidèles qui deviennent des disciples missionnaires. Leur volonté que l’Église puisse remplir sa mission nous fortifie : nous leur devons que l’Église soit lumineuse de la lumière du Sauveur.

Nous sommes devenus prêtres pour servir l’œuvre de la grâce du Christ et être témoins actifs de la miséricorde de Dieu devant nos contemporains et non pour exercer un pouvoir exclusif. Nous avons accepté d’être nommés évêques pour travailler à ce que tous les humains bénéficient de près ou de loin de la puissance du Christ mort pour notre péché et ressuscité pour notre vie, et non pour accroître notre pouvoir et entrainer des régiments, mais. Nous sommes devenus prêtres pour apporter humblement quelque chose de la consolation du Christ, pour assurer beaucoup de la proximité de Dieu, et certainement pas pour que des hommes ou des femmes pleurent à cause de nos fonctionnements paroissiaux. Nous avons tous, avec nos frères prêtres, à faire mémoire de l’élan premier de notre vocation et à ajuster à l’émerveillement initial les prudences et les précautions auxquelles l’expérience de la vie nous a conduits. Nous héritons d’une longue histoire faite de temps donné, d’initiatives généreuses, de partage, d’œuvres variées, de chant et de louange à Dieu, de vie de familles confortées, de communautés rayonnantes et apaisantes. Notre époque nous permet de voir avec plus de lucidité qu’il y a eu aussi dans cette histoire des abus, des abus de pouvoir, des dominations malsaines et même des violences et des agressions sexuelles. Nous allons vers un appauvrissement de notre Église. En plus d’un sens, nous le désirons, nous l’attendons. Nous recevons la force de la longue implantation de notre Église en notre pays, car elle fut en bien des lieux, en bien des âmes, en bien des moments, source de bonté et de beauté ; nous assumons aussi volontiers le poids de ce passé; nous voulons surtout pouvoir partir porter la bonne nouvelle du salut et pouvoir nous réjouir de la voir accueillie par une liberté humaine.

Il y a du mal à l’œuvre dans l’humanité et pas seulement dans les pensées, dans les idées claires et distinctes, mais plutôt dans l’obscur, dans l’archaïque, dans l’indéterminé qui rôde en chacun ou en chacune de nous. Nous devons regarder en face ce mal toujours présent. La grâce du baptême ne l’annihile pas ; associée à celle de la confirmation, elle permet de faire de sa vie un combat spirituel, une croissance dans la charité, avec l’espérance que tout mouvement d’amour vrai compte pour toujours, par la grâce du Christ Seigneur. La grâce de l’ordination n’assure pas un caractère stable, une honnêteté parfaite, une délicatesse de cœur remarquable, elle ne préserve pas même des démons destructeurs et dominateurs qui peuvent habiter une âme ; elle devrait accentuer la conscience de sa faiblesse, la crainte de blesser le moindre enfant de Dieu, l’effroi à l’idée de trahir Dieu. On ne peut s’empêcher de se demander : pourquoi tant d’abus et de violences sexuelles dans l’Église catholique ? Peut-être parce que nous nous efforçons d’y vivre des relations denses. Nous ne nous contentons pas de nous tenir à distance les uns des autres, nous aspirons à vivre des relations de fraternité les uns à l’égard des autres. Grâce à la CIASE, nous constatons et c’est un constant effrayant, que les relations fortes, les relations structurantes de l’humanité peuvent toujours être perverties et le sont dans une proportion que nul ne peut dire négligeable. Le mal est toujours plus proche de nos âmes qu’il y paraît. Nous devons donc redoubler de vigilance, être lucides, ne pas nous laisser tromper par les mots que nous employons. Il me semble en particulier que la métaphore de la paternité devrait être scrutée sous tous les angles, car il y a une paternité incestueuse, même symboliquement, qu’il faut rejeter avec horreur. Le défi du temps à venir est précisément celui-ci: comment continuer à vivre des relations fortes, denses, comment ne pas y renoncer tout en étant prudent à l’égard de soi-même et des autres, tout en étant sans compromission avec toute atteinte à l’intégrité et aux droits de chacun. La paternité spirituelle est une immense chose, mais elle ne se décrète pas, elle se constate après coup, dans ses effets fortifiants et libérateurs, car la vraie paternité ne saurait jamais consister à ce que l’un fasse de l’autre sa chose ou le traite comme tel ni à ce que l’un maintienne l’autre en étant de minorité, tandis que la juste fonction paternelle conduit nécessairement à l’âge adulte et à l’émancipation.

L’ensemble des résolutions que nous avons votées constitue un vaste programme de renouvellement de nos pratiques de gouvernance à l’échelle des diocèses et à l’échelle de l’Église en France. Nous transmettrons au Saint-Père, après les avoir retravaillées un peu, les recommandations de la CIASE qui concernent l’Église universelle. Nous avons décidé ensemble de demander au Pape, puisque nous sommes nommés par lui, de venir à notre aide, en envoyant quelqu’un en qui il a confiance examiner avec nous la manière dont nous avons traité et traitons les personnes victimes et leurs agresseurs. Nous avons décidé la constitution d’une série de groupes de travail chargés de réfléchir à des aspects différents de notre gouvernance diocésaine ou nationale et de nous faire des propositions. Ces groupes seront pilotés par une personne laïque, composés de membres du peuple de Dieu de différents états de vie. Sous la stimulation d’un coordinateur, ils établiront leur agenda et rendront compte de leurs travaux en amont des assemblées plénières.

Nous nous réjouissons de pouvoir avancer dans ce grand travail de manière synodale, en faisant confiance au sens de la foi, le fameux sensus fidei, des fidèles laïcs, prêtres et diacres, consacrées et consacrés. Il ne s’agit pas de faire avancer des idées, de réaliser un programme, mais de discerner ensemble, après avoir écouté ensemble ce que Dieu nous dit, après nous être écoutés mutuellement patiemment et en acceptant que toutes les expressions comptent. Il nous faudra veiller, dans les groupes de travail que nous appelons à se constituer, à ce que la voix des pauvres, des jeunes, des personnes en activité, des enfants même, nous a-t-on rappelé, puisse être entendue. Ces groupes de travail sont chargés de préparer les décisions qui seront adoptées, chacune selon sa nature, selon des échéances différentes de court, moyen ou long terme, peut-être après des expérimentations qu’il faudra évaluer.

Nous, évêques, avons beaucoup à gagner à être aidés dans notre manière d’accompagner les prêtres de nos diocèses et les diacres aussi. Nous le faisons trop souvent avec l’aide précieuse de notre vicaire général, et de quelques autres prêtres. Croiser des regards différents, recevoir l’apport d’un regard féminin, chercher les moyens de consulter le peuple de Dieu, tout ceci nous semble plein de promesses pour progresser dans la bienveillance mutuelle, pour grandir dans l’attention à chacun dans toutes les dimensions de son être. Le but est que chaque prêtre soit entouré par l’amitié exigeante mais réelle des fidèles auxquels il est envoyé. Il n’est pas question d’entretenir une culture de la suspicion, mais il est urgent d’enraciner en nous tous la capacité à nous dire clairement ce que nous avons à dire et à nous entraider pour répondre à l’appel reçu. L’enseignement catholique nous a montré que la culture de l’évaluation dont vivent désormais nos sociétés occidentales pouvait sans doute générer des procédures épuisantes, mais qu’elle offrait aussi de belles opportunités de mieux se connaître et de progresser. L’entrée en vigueur progressive, à mesure que les livres seront disponibles, de la nouvelle traduction du missel nous offre à tous, prêtres, diacres et laïcs, une belle opportunité de redécouvrir le sens de ce que nous célébrons et de nous y ajuster non pas seulement dans les rites mais dans notre vie, nos pensées et nos actions. Les évêques remercient chaleureusement celles et ceux qui ont porté ce grand travail.

Beaucoup de nos invités nous ont dit avoir découvert la charge qui pèse sur nos épaules et dont nous portons une partie seuls ou assez seuls. Nous avons reçu d’eux des propositions d’aide. Le temps que nous avons vécu ensemble nous a convaincus que nous pouvions apprendre à partager la construction des décisions pour un meilleur service du peuple de Dieu. Il y aura toujours à décider, mais il y a aussi à déléguer et plus encore à se laisser conseiller en vérité, à craindre même les décisions que l’on prend seul pour aller plus vite ou parce que l’on se sent pressé par l’urgence.

L’Église catholique est tout entière lancée dans un processus synodal. Il démarre doucement et inégalement selon l’intérêt et l’énergie de tel fidèle ou de tel prêtre ou diacre. Qu’il démarre au moment où notre Église de France reçoit le choc du rapport de la CIASE et est obligée de regarder sa face sombre nous paraît providentiel. La miséricorde de Dieu met à nu ce qui fait notre honte mais pour nous permettre d’en être libérés et soignés, peut-être un jour guéris, et elle nous indique un chemin de relèvement. Les groupes de travail que nous allons constituer veulent être une expérience de synodalité. Nous souhaitons en élargir l’assise. Nous invitons aussi les équipes synodales qui se sont constituées ou qui se constitueront encore à s’emparer des sujets pour lesquels nous constituons des groupes de travail et à partager à ceux-ci leurs réflexions. Le va-et-vient entre les groupes locaux et les groupes de travail nationaux devrait susciter de la vitalité et de la créativité. Le processus synodal sera scandé par l’assemblée plénière de mars et par la session extraordinaire de juin qui nous permettra d’exercer notre discernement d’évêques afin d’envoyer notre contribution nationale au conseil des Conférences épiscopales d’Europe d’ici le 15 août. Mais le travail continuera pour nous jusqu’au printemps 2023 où un événement synodal sera organisé pour évaluer ce qui a été acquis, transformer ce qui doit l’être en décisions, décider d’un discernement à poursuivre. Chaque diocèse avancera aussi à son rythme et pourra lancer les rénovations et les expérimentations dont il se sent capables.

Tous, nous poursuivons notre transformation pastorale. Nos Églises particulières apprennent à vivre avec moins de prêtres, des prêtres avec qui nous avons à découvrir comment mieux accomplir l’œuvre pour laquelle le Dieu vivant nous a appelés. Nous nous entraidons, en Province et lors de nos assemblées, à imaginer d’autres dispositifs pastoraux que ceux dont nous vivons, pour que l’immense grâce du sacerdoce ministériel, l’immense cadeau que Dieu fait à son peuple en chaque prêtre et chaque diacre, puisse porter le plus de fruits de grâce et d’espérance qu’il est possible. Nous disons de tout cœur notre amitié fraternelle aux prêtres de nos diocèses. La phase nouvelle de l’histoire de notre Église où nous entrons devrait être une belle aventure. Nous suivons ensemble le chemin du Seigneur, lui qui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu » (Ph 2, 6) et nous savons, nous, que ce chemin conduit de la mort à la vie, de la dispersion à l’unité dans la communion.

Cette assemblée nous a permis aussi de recueillir les fruits des ateliers que les évêques ont tenus à plusieurs provinces en septembre et octobre pour faire le point sur l’organisation de notre Conférence et imaginer des moyens de renouvellement. Les facilitateurs de Nexus nous ont aidés dans ce travail, ils nous en ont donné une restitution. Quelques pistes se dégagent : renforcer le rôle des Provinces, travailler à tous les niveaux plus synodalement, simplifier nos structures. Un progrès semble possible et nécessaire dans l’articulation entre le conseil permanent et l’ensemble des évêques et dans la fluidité entre le conseil permanent, les conseils et commissions et les services. Nous ne sommes pas au bout du chemin, mais un chemin est possible et il a été balisé. Il nous reste à le parcourir étape par étape. Le processus synodal engagé nous y aidera.

La vérité de l’Église, de l’Église de Jésus, nous avons à la chercher dans une écoute renouvelée des pauvres et des petits, de celles et ceux qui sont les victimes ou les laissés pour compte de notre vie collective. Pour nous, aujourd’hui, nous avons à écouter avec attention les personnes victimes dans notre Eglise et de notre Église. Nos invités nous ont fait entendre samedi matin que nous n’avions pas à nous réjouir si nos cellules d’écoute ne recevaient plus d’appels mais plutôt à chercher à améliorer nos capacités d’attention. Alors, nous pourrons écouter les personnes en précarité et les pauvres dans leur diversité. Nous saurons le faire avec l’infinie attention due à la parole de chacune et de chacun au cœur de qui Dieu parle, avec l’infini respect dû à toute conscience. Alors, notre Église en France pourra davantage se consacrer à l’annonce de la Parole de Dieu, à la méditation de cette Parole, à la mise en œuvre de ce que cette méditation suscitera en nous. Car Dieu parle, il promet, il appelle, il se donne à connaître, il invite chacune et chacun à se laisser aimer tel qu’il est, à ne pas se vivre comme assigné à son sort mais à se découvrir capable de faire de lui-même ou d’elle-même un don pour les autres.

Notre assemblée s’est tenue en même temps que la COP 26 avait lieu à Glasgow. Certains observateurs trouveront sans doute que notre temps « Clameur de la terre, clameur des pauvres » ne nous a pas apporté de grandes lumières sur la crise écologique et la transformation nécessaire. En réalité, nous en tirons une conviction redoublée : toute décision devrait partir de l’écoute des plus pauvres et de leurs besoins, de leur sagesse aussi. Le pape François le dit et le répète. Il nous reste à en vivre nous-mêmes. Nos sociétés d’abondance et de surabondance ne cessent pas d’exacerber les désirs alors qu’il est urgent que nous apprenions tous à nous émerveiller du beaucoup qui nous est donné dans un petit peu. De nouveau, la veuve du Temple nous éclaire. Nous pensons à tant de personnes souffrant d’éco-anxiété, à tant de jeunes dont on nous dit qu’ils ne peuvent se projeter dans l’avenir tant la transformation écologique leur paraît à la fois proche et imprévisible.

Le drame des personnes migrantes qui se trouvent dans notre pays sans trouver comment s’y établir ne cesse de se répéter. A Briançon comme à Calais, des chrétiens se sont inquiétés, les évêques ont fait part de leurs inquiétudes et de leur indignation. Notre pays n’en finit pas de se débattre avec ce fait historique massif. Puissions-nous, nous catholiques, être de celles et de ceux qui ne réagissent pas par la peur, mais cherchent les voies de la fraternité. Il y va de l’histoire de l’humanité.

Je voudrais encore, excusez-moi, mentionner deux pays parce qu’ils sont proches du nôtre et de notre Église et parce que leur population à l’un comme à l’autre depuis quelques mois perd l’espoir. Il s’agit du Liban et d’Haïti. Avec les vice-présidents, nous envisageons de nous rendre en visite au Liban après Pâques. Plusieurs diocèses ont des liens étroits avec des diocèses libanais, L’œuvre d’Orient et d’autres œuvres y apportent une aide appréciée. L’ambassadeur du Liban en France a tenu à nous en remercier. Il est douloureux de constater que ce peuple si vivant, si entreprenant, ne croit plus guère en son avenir. Ce que nous ferons pour que les écoles et les universités y restent ouvertes et pour que les soignants y demeurent sera utile pour l’avenir. Quant à Haïti, ses liens avec notre pays sont pleins de douleurs. La mémoire de l’esclavage mériterait de notre part un examen de conscience. C’est la croix et ce sera la gloire de notre époque que de regarder sans illusion les relations entre les humains. Mais ce matin, en votre nom, je voudrais adresser un salut fraternel aux évêques d’Haïti et les assurer de notre prière pour qu’ils soient les pasteurs dont ce pays a besoin. Nous savons la présence de nombreux fidèles et prêtres haïtiens en métropole, en Guyane et aux Antilles. Tant le Liban qu’Haïti sont des signaux intenses de la situation réelle de notre humanité.

Notre assemblée, chers amis, qui m’écoutez en ce jour, a été dense. A vrai dire, nous avons vécu trois ou quatre assemblées en une seule. Nous devons des remerciements redoublés au personnel des sanctuaires de Lourdes. Mgr Antoine Hérouard saura s’en faire le relais. Tant lors des célébrations que lors des repas, à 150, à 300 ou à 400, tout le monde a été accueilli et servi avec sourire et promptitude. Nous le vérifions chaque année, mais cette année, nous avons mis nos équipes devant un intense défi et elles l’ont relevé sans se plaindre, sans tensions, avec des encouragements à notre égard ! Cette assemblée doit énormément aux collaboratrices et collaborateurs du secrétariat général et aux bénévoles qui les ont rejoints et encore à l’équipe sessions et événements venue de Paris mais renforcée ici par des bénévoles à la fidélité sans faille qu’anime avec efficace et sourire Julien Kraemer. J’ai eu l’honneur d’assister à la remise par le Nonce à M. Henri de Watrigant, coordinateurs des chauffeurs, de la médaille pontificale Benemerenti. Anne-Cyria et Sylvie-Violaine et beaucoup d’autres méritent des remerciements nourris. Nous bénéficions de la présence discrète et du travail efficace de Laurence Vitoux qui travaille au livre blanc de nos assemblées. Je voudrais saluer encore de votre part les directeurs des services nationaux qui nous ont, notamment, aidés pour accueillir nos invités de vendredi et samedi et recueillir les fruits de leurs échanges, et avec ces directeurs nationaux, toutes celles et tous ceux qui travaillent avenue de Breteuil. Permettez-moi de remercier notre directrice de la communication, Karine Dalle, l’ensemble de son équipe et ceux dont elle a sollicité l’aide pour le travail accompli en cette assemblée. Nous avons pu la vivre en toute liberté d’esprit tout en tenant les médias informés de nos réflexions et décisions. J’exprime une gratitude toute spéciale à notre porte-parole, le P. Hugues de Woillemont, et aussi à Mgr Luc Crépy et à Mgr François Touvet qui ont assuré chaque jour les points presse prévus. Tous, évêques, nous avons admiré l’abnégation et l’efficacité du secrétaire général et des secrétaires généraux adjoints. Les livrets liturgiques qui ont soutenu notre prière commune ont été un indicateur de la qualité de la préparation de notre assemblée. Le chemin que nous avons parcouru n’aurait pas été possible sans l’engagement de Mme Ségolaine Moog, dans la relation avec les personnes victimes et avec nous. Nous ne saurons jamais la remercier assez.

Pour notre part, nous rentrons dans nos diocèses sans doute fatigués par cette session pleine d’émotions, de douleurs, d’inquiétudes, de fraternité, d’intenses moments de partage. Nous rentrons libérés, je crois, et pleins de l’humble vertu de l’espérance. Avant que nous nous quittions, je vous propose de regarder un moment ensemble encore l’enfant qui pleure, l’imbroglio de sa vie, et d’y reconnaître notre frère et aussi notre Seigneur.

                                                   Je vous remercie,

                                                                                                       + Éric de Moulins-Beaufort


Ce qui va changer pendant la messe avec la nouvelle traduction du missel romain

Un petit événement dans l’Eglise en France ! A partir du dimanche 28 novembre, tous les catholiques francophones entendront et useront de nouveaux mots pendant la messe tels que « consubstantiel au Père », « C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie », « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! », « Frères et sœurs »…

L’entrée en vigueur de la nouvelle traduction du Missel romain – le livre rassemblant toutes les prières récitées pendant la messe – n’apporte pas de grands changements dans la liturgie eucharistique, mais offre « l’occasion d’approfondir notre intelligence de la messe », souligne Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble et président de la Commission épiscopale française de liturgie et de pastorale sacramentelle (CELPS).

Ce qui change:

1.Salutation du prêtre

Au début de la célébration, le prêtre accueille les fidèles en leur souhaitant la présence du Ressuscité. La nouvelle traduction souligne cela en utilisant le mot « Christ ».

La grâce de Jésus, le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous.

2.Acte pénitentiel

Le rite pénitentiel démarre désormais avec la mention « Frères et sœurs ». Une mention que l’on retrouvait déjà dans le missel latin. « Nous avons péché » remplace « nous sommes pécheurs », l’accent est donc mis sur l’acte plus que sur la personne. La Vierge Marie gagne le vocable de bienheureuse.

Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché.

Je confesse à Dieu tout-puissant, Je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission. Oui, j’ai vraiment péché. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

3.Gloire à Dieu

Attention, dans le Gloire à Dieu, la nouvelle traduction privilégie le pluriel « les péchés » au singulier.

Gloire à Dieu, au plus haut des cieux,
Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
Nous te louons, nous te bénissons,
nous t’adorons,
Nous te glorifions, nous te rendons grâce,
pour ton immense gloire,
Seigneur Dieu, Roi du ciel,
Dieu le Père tout-puissant.
Seigneur, Fils unique, Jésus Christ,
Seigneur Dieu, Agneau de Dieu,
le Fils du Père.
Toi qui enlèves les péchés du monde,
prends pitié de nous
Toi qui enlèves les péchés du monde,
reçois notre prière ;
Toi qui es assis à la droite du Père,
prends pitié de nous.
Car toi seul es saint,
Toi seul es Seigneur,
Toi seul es le Très-Haut,
Jésus Christ, avec le Saint-Esprit
Dans la gloire de Dieu le Père.

Amen.

4.Je crois en Dieu

Dès les années 1970, le philosophe Jacques Maritain dénonçait déjà la traduction française du Je crois en Dieu qui affirme que le Christ est « de même nature que le Père » : « La traduction française de la messe met dans la bouche des fidèles, au Credo, une formule qui est erronée de soi, et même, à strictement parler, hérétique », critiquait-il. « Je suis de même nature que Monsieur Pompidou, je ne lui suis pas consubstantiel ». Il se serait donc réjoui car désormais, dans le symbole de Nicée-Constantinople, le terme « consubstantiel » remplace « de même nature », exprimant par-là l’identité de substance entre le Père et le Fils. Le symbole des Apôtres n’a quant à lui pas été modifié.

Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant,
créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible,
Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,
le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :
Il est Dieu, né de Dieu,
lumière, née de la lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu
Engendré non pas créé, consubstantiel au Père,
et par lui tout a été fait.
Pour nous les hommes, et pour notre salut,
il descendit du ciel;
Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour,
conformément aux Ecritures, et il monta au ciel;
il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts
et son règne n’aura pas de fin.
Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie;
il procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire;
il a parlé par les prophètes.

Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.
Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.

Amen

5.Liturgie eucharistique

Le renouvellement des formules de la préparation des dons et de la prière sur les offrandes manifeste que Dieu est à la source de ce que nous lui offrons sous la forme du pain et du vin.

Préparation des dons

Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie.

Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le vin que nous te présentons, fruit de la vigne et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le vin du Royaume éternel.

Nouvelle prière sur les offrandes

Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout puissant.

Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Eglise.

Anamnèse

Il est grand, le mystère de la foi : Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamonsta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire.

Acclamons le mystère de la foi: Quand nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous annonçons ta mort, Seigneur ressuscité, et nous attendons que tu viennes.

Qu’il soit loué, le mystère de la foi : Sauveur du monde, sauve-nous! Par ta croix et ta résurrection, tu nous as libérés.

6.Agneau de Dieu

Outre le pluriel réitéré des « péchés », l’Agneau de Dieu se clôt désormais par « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau » au lieu de « Heureux les invités au repas du Seigneur ». Une invitation à la communion permettant d’exprimer le mystère de l’Alliance avec Dieu.

Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous.
Agneau de Dieu qui enlèvesles péchés du monde, prends pitié de nous.
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, donne-nous la paix.

Voici l’Agneau de Dieu, voici celuiqui enlève les péchésdu monde.

Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau !

7.Rite de conclusion

Jusqu’à présent, le prêtre renvoyait les fidèles en disant : « Allez, dans la paix du Christ ». La nouvelle traduction offre trois autres formules possibles (au choix) :

Allez porter l’Evangile du Seigneur.

Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie.

Allez en paix.

8.La place du silence

« Une des nouveautés de cette traduction est la place importante laissée au silence », remarque Bernadette Mélois. Comme le rappelle la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR), « le silence sacré fait partie de la célébration ». « Pendant l’acte pénitentiel et après l’invitation à prier, chacun se recueille; après une lecture ou l’homélie, on médite brièvement ce qu’on a entendu; après la communion, le silence permet la louange et la prière intérieure ». Le silence fait donc partie de l’action liturgique et offre la possibilité d’un accueil de la Parole de Dieu. Le nouveau missel indique ainsi un nouveau temps de silence après le Gloire à Dieu : « Tous prient en silence quelques instants, en même temps que le prêtre. Puis, le prêtre, les mains étendues, dit la prière d’ouverture ou de collecte ».

9.La mise en avant du chant

La nouvelle traduction rappelle également que la prière liturgique est une prière chantée. Elle accorde ainsi une certaine place au latin, en proposant de chanter dans cette langue le Gloria, le Credo ou encore le Pater Noster. Les préfaces chantées seront aussi publiées avec la nouvelle traduction.

10.L’importance de la gestuelle

À plusieurs endroits, le nouveau texte précise les gestes du prêtre et ceux de l’assemblée. Il vient par exemple renforcer l’invitation à s’incliner lors de l’évocation du mystère de l’incarnation dans le Je crois en Dieu, ainsi que dans le symbole de Nicée-Constantinople et le symbole des Apôtres. Dans ce dernier, il est demandé de s’incliner de « Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur » à « né de la Vierge Marie ». Dans le symbole de Nicée-Constantinople, l’assemblée est priée de s’incliner pendant la phrase : « Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme ». « Dans la liturgie, le corps participe à la prière de l’Église », explique Bernadette Mélois. « Ce n’est pas une prière intellectuelle, elle fait participer tout l’être et les gestes sont donc importants ».


Le Pape François lance la plateforme d'action Laudato Si' pour une conversion à l'écologie intégrale

Au terme de l’année Laudato Si’, destinée à mobiliser l’attention sur la protection de la Création, le Pape François annonce le lancement d’une nouvelle initiative:

la plateforme Laudato Si’, qui permettra de mettre en valeur les initiatives concrètes mises en œuvre pour cette conversion à l’écologie intégrale dont dépend la survie de la planète et de l’humanité.

Ce nouvel outil mis en place par le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral s’inscrit en continuité avec les différentes initiatives qui ont émergé depuis la publication de cette encyclique en 2015, et plus particulièrement durant cette Année Laudato Si’ lancée en mai 2020 et qui vient d’arriver à son terme . L’objectif est d’ouvrir un processus sur le temps long, sur sept ans, afin de recueillir les expériences mises en œuvre tout autour du monde, dans différentes réalités de l'Église et de la société, afin de convertir les pratiques pour diminuer le gaspillage, la pollution, l’exploitation des ressources naturelles, les inégalités et trouver donc le chemin de l’écologie intégrale.

Dans un message vidéo rendu public ce mardi matin, François rappelle que son objectif lors de la publication de Laudato si’ en 2015 était d’inviter «les personnes de bonne volonté à prendre soin de la Terre, qui est notre maison commune. Depuis quelque temps, cette maison qui nous accueille souffre des blessures que nous provoquons à cause d'une attitude prédatrice, qui nous fait sentir maîtres de la planète et de ses ressources et nous autorise à un usage irresponsable des biens que Dieu nous a donnés», rappelle le Pape avec fermeté.«Des mains de Dieu, nous avons reçu un jardin; à nos enfants, nous ne pouvons pas laisser un désert», insiste François, en soulignant la responsabilité de chacun vis-à-vis des nouvelles générations.

L’actualité a accéléré la prise de conscience. «La pandémie actuelle a mis en lumière de manière encore plus forte le cri de la nature et celui des pauvres qui en subissent le plus les conséquences, soulignant que tout est interconnecté et interdépendant et que notre santé n'est pas séparée de la santé de l'environnement dans lequel nous vivons.» L’humanité, et en premier lieu l’Église catholique, doit donc assumer «une nouvelle approche écologique», en reliant les défis environnementaux et l’écoute du «cri des pauvres».

 


Message du pape François à l'occasion de la journée de la terre

"Nous n'avons plus le temps d'attendre"

A l'occasion de la journée de la terre célébrée chaque année le 22 avril, le Pape François a enregistré un message vidéo dans lequel il invite à agir avec efficacité contre la destruction de la planète.

Le Pape François a enregistré un bref message en espagnol à l'occasion du sommet des chefs d'État sur le climat organisé en visioconférence sous la conduite du président américain Joe Biden. Saluant une initiative qui lui semble «heureuse» dans le cadre de la préparation de la COP26 de Glasgow en novembre prochain, le Pape souligne surtout qu'elle doit pousser les responsables politiques à «prendre en charge le soin de la nature, de ce don que nous avons reçu et que nous devons soigner, cultiver et faire progresser».

Le contexte de crise post-pandémique, dont, comme toute crise, nous ne sortirons pas comme avant mais «meilleurs ou pires», accentue cette responsabilité. «Notre souci est de faire en sorte que l'environnement soit plus propre, plus pur et préservé. Et de prendre soin de la nature pour qu'elle puisse prendre soin de nous. Je vous souhaite de réussir dans cette belle décision de vous rencontrer, d'aller de l'avant et je vous accompagne», conclut le Pape François.

L'urgence de la conversion écologique

Célébrée le 22 avril depuis 1970, la Journée de la Terre est une nouvelle occasion pour rappeler l'urgence climatique et mobiliser pour protéger la planète. Dans un autre message vidéo, le Pape François revient sur la nécessaire conversion écologique à laquelle chacun est appelé et rappelle combien la pandémie de Covid-19 s'est rajoutée à la crise écologique. Ces «deux catastrophes mondiales» explique le Saint-Père, nous montrent qu'il n'y a pas de temps à perdre face à ces défis. «Si nous n'en sortons pas meilleurs, nous sommes sur la voie de l'autodestruction» avertit-il dans ce message.

Voici la retranscription complète de ce message vidéo:

«Frères et sœurs,

En cette commémoration de la Journée de la Terre, il est toujours bon de se rappeler des choses que nous nous sommes dites pour qu'elles ne tombent pas dans l'oubli. Depuis quelque temps, nous sommes de plus en plus conscients que la nature mérite d'être protégée, ne serait-ce que parce que les interactions de l'homme avec la biodiversité de Dieu doivent se faire avec le plus grand soin et le plus grand respect: prendre soin de la biodiversité, prendre soin de la nature. Et tout cela dans cette pandémie, nous avons appris tellement plus. Cette pandémie nous a également montré ce qui se passe lorsque le monde s'arrête, fait une pause, ne serait-ce que pour quelques mois. Et l'impact que cela a sur la nature et le changement climatique, avec une force, d'une manière tristement positive, n'est-ce pas, c'est-à-dire que cela fait des dégâts.  

Et cela nous montre que la nature globale a besoin de nos vies sur cette planète.  Elle nous concerne tous, même si c'est sous des formes très différentes et sans équivoque; elle nous en apprend donc aussi davantage sur ce que nous devons faire pour créer une planète juste, équitable et écologiquement sûre. 

En bref, la pandémie de Covid nous a appris cette interdépendance, ce partage de la planète. Et les deux catastrophes mondiales, le Covid et le climat, montrent que nous n'avons plus le temps d'attendre.  Que le temps presse et que, comme l'a montré le Covid-19, oui nous avons les moyens de faire face à cette perte. Nous en avons les moyens. Il est temps d'agir, nous sommes à la limite.

Je voudrais répéter un vieux dicton espagnol: "Dieu pardonne toujours, nous les hommes pardonnons de temps en temps, la nature ne pardonne plus". Et lorsque cette destruction de la nature est déclenchée, il est très difficile de l'arrêter. Mais nous sommes toujours dans le temps. Et nous serons plus résilients si nous travaillons ensemble plutôt que seuls. L'adversité que nous vivons avec la pandémie, et que nous ressentons déjà dans le changement climatique, doit nous inciter, nous pousser à l'innovation, à l'invention, à la recherche de nouvelles voies. On ne sort pas d'une crise de la même façon, on en sort meilleur ou pire. Tel est le défi, et si nous n'en sortons pas meilleurs, nous sommes sur la voie de l'autodestruction. 

Puissiez-vous tous, et je me joins également à vous, [lancer] un appel à tous les dirigeants du monde pour qu'ils agissent avec courage, qu'ils agissent avec justice et qu'ils disent toujours la vérité aux gens, afin que les gens sachent comment se protéger de la destruction de la planète, comment protéger la planète de la destruction que nous déclenchons très souvent. 

Merci pour ce que vous faites, merci pour les bonnes intentions, merci pour le rassemblement de tous et la prospérité pour tous.»


L'encyclique du Pape François : TOUS FRERES

Sur la fraternité et l'amitié sociale