Le semeur, Van Gogh, XIX° siècle

 

dimanche 21 mars

 

Chers frères et sœurs, 

La Passion du Christ est bien ce mystère du don personnel qui rejaillit en fruit infini de communion : « le grain qui ne meurt pas reste seul ; celui qui meurt porte beaucoup de fruits ». Jésus passe par la solitude de la Passion, par le crible de la souffrance qui l’engloutit, pour une fécondité surabondante. 

Jésus est ce grain semé en notre terre par son incarnation, par sa venue en notre chair. Un seul grain de blé, très petit, contient une potentialité de vie incomparable. Lorsqu'il est mis en terre, la germination s'effectue lentement : une jeune pousse prend naissance et grandit ; la nouvelle plante va croître jusqu'à ce qu'elle porte du fruit, un grand nombre de grains, tous issus du même grain. Belle image de la mort du Christ et de la puissance de vie infinie qui était la sienne ! Immense fécondité de la vie donnée de Jésus : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime » (Jn 15,13). 

Notre destin de disciples est uni intimement à celui de Jésus : Resterons-nous seul et sans fécondité, ou accepterons-nous de nous donner pour porter beaucoup de fruit ? 

Le baptisé identifié à Jésus doit mourir à son égoïsme pour porter du fruit ; sinon il est comme le grain de blé qui reste seul, et qui est stérile. « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12,26). Nous ne pouvons pas faire abstraction de ce que Jésus nous rappelle ici avec force : celui qui se cramponne à sa propre vie, comme à son unique bien, restera bien loin de la vie de Dieu. 

Dans l’eucharistie, avec le pain et le vin, nous offrons notre vie pour que Jésus en fasse un don pour nos frères. Nous sommes appelés à ressembler au Christ. Nous nous offrons pour être le pain par lequel Dieu veut nourrir ceux qui ont faim de l'amour. Nous disons notre oui à Dieu. Nous y offrons notre vie au Seigneur et à nos frères. 

C’est donc pour Jésus l’heure tant attendue, mais qui est maintenant redoutée : l’heure du don. Cette perspective le bouleverse : « Mon âme est troublée » ; cette expression extrêmement forte se retrouve à deux occasions non moins poignantes : lorsqu’il voit les proches de son ami Lazare pleurer sur sa mort, Jésus est aussi troublé en son cœur : « En son esprit, il fut saisi d’émotion, et bouleversé » (Jn 11,33) ; et lorsqu’après le lavement des pieds il annonce qu’un des siens va le trahir, « Jésus fut bouleversé en son esprit » (Jn 13,21). On ne peut pas imaginer son combat intérieur et son angoisse, profondément humains, mais aussi divins. 

Ce passage dans l’Evangile de Jean est parallèle au récit de l’agonie à Gethsémani chez les trois autres évangélistes. Jésus traverse l’épreuve ; nous voyons la détresse humaine de Jésus, son cri vers le Père : « Sauve-moi de cette heure ». L’heure de la Passion est une lame de fond qui va le submerger. Mais le Christ ne s’y dérobe pas : il est venu sur terre pour cette heure si terrifiante qui révèle la gloire du Père, c’est-à-dire son amour, lui qui donne au monde son Fils. L’heure n’est plus aux discours, mais au don radical, absolu, sans retour. L’heure est à l’abandon entre les mains du Père. 

« Elevé de terre, j’attirerai tous les hommes » : son amour immense manifesté sur la croix attire à lui. Le Fils nous entraîne dans sa gloire. Le Christ en croix rayonne pour tous par son pardon ; c’est la force et l’attirance d’un amour. 

« D’un amour éternel je t’ai aimé, aussi t’ai-je attiré par la fidélité », dit Dieu à son peuple (Jr 31,3). 

Que l'amour du Christ nous attire, nous saisisse et nous fasse porter un fruit qui rende gloire au Père :« La gloire de mon Père, c'est que vous portiez beaucoup de fruits » (Jn 15,8). Comme le Christ. 


 

samedi 20 mars

 

Chers frères et sœurs, 

 

C’est à une nouvelle traversée du désert en plein carême que nous sommes confrontés, moins serrée pourtant qu’il y a un an (les messes pourront continuer). Alors que nous entrons de nouveau dans un temps de confinement, ne perdons pas l’espérance que nous ouvre le Christ : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme ». 

 

Jésus est monté à Jérusalem pour la fête des tentes (la fête de Soukkot qui existe toujours dans la foi juive) : après les récoltes s’élève une action de grâces pour les dons de Dieu, pour son salut ; cette fête fait mémoire de ce que Dieu a accompli pour son peuple dans le désert, pour les soins qu’il n’a cessé de lui prodiguer (la manne). C’est une semaine de fêtes où l’on dresse encore des tentes ou des cabanes et l’on y dort en souvenir des quarante années au désert. 

Au dernier jour de la fête, on allait puiser de l’eau à la fontaine de Siloé, en souvenir de l’eau jaillie du Rocher dans la traversée du désert (Ex 17,1-7) : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive » (Jn 7,37, juste avant le passage de ce samedi : Jn 7,40-53). 

Les auditeurs de Jésus sont frappés par la force de ses propos qui attirent à lui. On commence à le désigner comme le nouveau Moïse, ou comme le Messie. Mais ceux qui se pensent « plus savants », calment ces enthousiastes, en disant que parce que Jésus est galiléen, il ne peut être le Messie. Ironie de l’Evangéliste Jean, ces critiques de la messianité de Jésus oublient que Jésus est effectivement né à Bethléem, accomplissant l’oracle du prophète Michée ! 

Bref c’est une dispute ouverte entre partisans et adversaires de Jésus… La tension monte. Des gardes sont même envoyés pour arrêter Jésus. Mais c’est un échec flagrant. Ces gardes qui sont des gens simples et sans doute peu instruits, comprennent avec le cœur l’essentiel, ce que les grands-prêtres aveuglés ne peuvent accepter : « Jamais un homme n’a parlé de la sorte ! » (Jn 7,46). Ils sont touchés par la Parole de grâce de Jésus. 

La réaction des « savants » est brutale : « Vous vous égarez » ; pire encore le mépris pour cette foule d’ignorants, traités de « maudits ». On ne peut pas dire qu’ils fassent dans la nuance ! 

Tiens, tiens, revoilà un homme que nous avons côtoyé ce dimanche, ce cher Nicodème, toujours aussi sage : il tente une médiation et va se prendre comme on dit familièrement « une gamelle » de la part de ses confrères peu charitables ; pourtant sa remarque est profonde : comment juger un homme sans l’entendre et sans chercher à savoir ce qu’il a fait ? C’est le sarcasme qui lui répond : « Serais-tu aussi galiléen ? ». C’est une façon fort peu élégante, ni spirituelle de lui dire : « Nicodème, tu peux retourner à tes études ! ». 

Jésus sera toujours en partie cet Inconnu qui se dévoile pas à pas pour chacun de nous. C’est pour cela qu’il nous faut continuer à le chercher, puisque « jamais homme n’a parlé comme cet homme ». 



vendredi 19 mars

 

Chers frères et sœurs, 

Le pape nous invite à contempler cette année saint Joseph, celui qui montre combien est grand son « cœur de père ». Lorsqu’il donne à Jésus de grandir en humanité avec Marie sa mère. 

A partir des méditations de notre pape (Lettre apostolique : « Avec un cœur de père »), je vous propose quatre chemins spirituels à vivre avec Saint Joseph : 

- Un chemin d’humilité : 

Joseph, nous rappelle le pape, fait partie de ces figures d’humanité qui sont proches pour nous et qui nous rendent la sainteté plus accessible. 

La crise du Covid fait expérimenter ceci selon le pape :« nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et des revues ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier show mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les évènements décisifs de notre histoire : médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soin à domicile, transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul. […] Nous pouvons tous trouver en saint Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés ». 

Joseph nous invite à l’humilité des petits pas, des choses ordinaires faites par amour et dans la discrétion. Oui, la sainteté ne nous est pas inaccessible ! Le plus souvent elle ne fait pas de bruit. 

- Un chemin d’écoute : 

« Dans la vie cachée de Nazareth, Jésus a appris à faire la volonté du Père à l’école de Joseph. Cette volonté est devenue sa nourriture quotidienne ». Joseph peut nous aider à nous mettre à, l’écoute de la volonté de Dieu au jour le jour. Il peut creuser en nous une disponibilité intérieure : Joseph n’est pas un bavard (pas une parole de sa part ne nous est retransmise dans les Evangiles), mais il est pourtant un homme d’action qui habite intérieurement ses actes quotidiens, pour qu’ils soient chemin de confiance en Dieu. 

- Un chemin de confiance : 

« Joseph, fils de David, ne crains pas » (Mt 1,20) dira l’ange à Joseph. Dieu lui propose de faire confiance à Marie et surtout à la Parole de Dieu. Il nous invite aussi à la confiance : y compris pour ces évènements de nos vies « que nous n’avons pas choisis et qui pourtant existent ». Rien ne devrait nous effrayer ; Comme Joseph, nous avons à « accueillir la vie » telle qu’elle nous est donnée ou parfois imposée ; avec une infinie confiance :  comme dit le pape que « Dieu peut faire germer des fleurs dans les rochers ».  

- Un chemin de détachement : 

« Joseph est pour Jésus l’ombre sur la terre du Père Céleste. Il le garde, le protège, ne se détache jamais de lui pour suivre ses pas ». Belle définition de sa mission de père ! Toute paternité renvoie à une paternité plus haute : « Joseph qui a toujours su que cet Enfant n’était pas le sien mais avait été simplement confié à ses soins ». 

Le pape nous parle de la paternité : « Etre père signifie introduire l’enfant à l’expérience de la vie, à la réalité ». Ce qui est dit des relations paternelles est valable pour toutes nos relations humaines qui ne doivent pas « retenir (l’autre), ne pas l’emprisonner, ne pas le posséder, mais le rendre capable de choix, de liberté, de départs ». Joseph nous rappelle utilement qu’aimer est « le contraire de la possession ».  L’amour vrai respecte la liberté de l’autre, comme Dieu lui-même le fait avec nous. 

Que Saint Joseph nous guide sur ces quatre chemins de vie !


jeudi 18 mars

 

Chers frères et sœurs, 

« Moïse apaisa le visage du Seigneur son Dieu ». 

Le texte de l’Exode nous parle de la rupture de l’Alliance conclue avec Dieu, lorsque son peuple se détourne de lui pour adorer le veau d’or, une idole à taille humaine.  

Dieu est donc abandonné par son peuple, qui est « un peuple à la tête dure » (ne le sommes-nous pas parfois, vis-à-vis de Dieu ?). C’est comme s’il reniait celui qui l’a libéré de l’esclavage. On peut imaginer la tristesse de Dieu de se voir ainsi oublié par ceux qu’il a conduit avec amour et patience à travers le désert. Le peuple n’a pas mis longtemps à oublier son Seigneur. D’où cette colère de Dieu, qui est comme celle d’un père qui voit que ses enfants sont en train de prendre un chemin de mort. 

Moïse va alors remplir un rôle magnifique, qui est celui d’intercéder pour son peuple. L'Ecriture le représente parfois avec les mains tendues vers le haut, « presque comme pour faire un pont de sa personne entre le ciel et la terre » (pape François).  

Il « apaise son visage » de son Dieu, quelle belle expression pour signifier cette prière qui est un baume pour le cœur de Dieu. Moïse remplira douze fois ce rôle d’intercession pour le peuple qu’il conduit au nom de Dieu. Moïse parle pour son peuple, avec une foi immense en la miséricorde de Dieu. L’intervention de Moïse est efficace et apaise le Seigneur. 

Souvenez-vous de l’épisode où l’on voit Moïse faire une prière de lassitude face à ce peuple qui récrimine et râle contre Dieu et contre la manne (ils seraient dignes d’être gaulois !) parce que Dieu qui l’a conduit loin des bons oignons, concombres et melons d’Egypte (Nb 11,1 sq) ; Moïse fait alors cette belle prière, où il va jusqu’à s’identifier à son peuple : « Pourquoi traiter si mal ton serviteur ? Pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux que tu m’aies imposé le fardeau de tout ce peuple ?  Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple, est-ce moi qui l’ai enfanté, pour que tu me dises : “Comme on porte un nourrisson, porte ce peuple dans tes bras jusqu’au pays que j’ai juré de donner à tes pères” ? Je ne puis, à moi seul, porter tout ce peuple : c’est trop lourd pour moi » 

Oserions-nous dire à Dieu : « c’est trop lourd pour moi » ? 

Jésus dans l’Evangile continue à se défendre avec patience face aux accusations de blasphèmes. Et il en appelle au témoignage de son Père, de Jean-Baptiste et des Ecritures. Sa Parole dénonce le Mal mais refuse comme toujours de condamner ceux qui l’accusent ; il leur reproche de chercher non pas la gloire de Dieu, mais de se stimuler dans la recherche d’une gloire purement humaine ; tout cela les éloigne de Dieu, et les empêche d’accéder à la vérité de ce que Jésus accomplit pour l’humanité comme Fils de Dieu. 

« Moïse nous incite à prier avec la même ardeur que Jésus, à intercéder pour le monde, à se rappeler que celui-ci, malgré toutes ses fragilités, appartient toujours à Dieu » (pape François, audience 17 juin 2020). 

Demandons au Seigneur d’être comme Moïse de bons intercesseurs pour nos frères !


mercredi 17 mars

 

Chers frères et sœurs, 

Quelles paroles magnifiques et réconfortantes que celles que nous donne le prophète Isaïe en ce jour : « Le Seigneur console son peuple », et il le fait parce que son peuple souffre. C’est Dieu qui s’exprime avec une tendresse quasi-maternelle dans les mots qui suivent : rappelons-nous que la miséricorde de Dieu en hébreu est exprimée par un mot qui désigne les « entrailles », c’est-à-dire l’utérus d’une maman : si Dieu est Père, sa bonté est maternelle.  

Si les hommes, se croient abandonnés, ou oubliés de Dieu, celui-ci rappelle sa fidélité sans faille : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas » (Is 49,15). Dieu est indéfectiblement attaché à nous, comme une maman à son enfant. Quelle merveille que ce passage d’Isaïe ! 

Le prophète annonce le retour de la promesse : Dieu rassemblera son peuple en son amour. Et nous retrouvons l’image de Dieu qui conduit son peuple comme un berger attentif à ses brebis, qui les protège de la faim, de la soif, du soleil… C’est lui qui nous ouvrira une route sans difficulté, pour les marcheurs de Dieu que nous sommes (les montagnes seront nivelées, donc pas d’ascensions épuisantes…). Quel que soit notre découragement, Dieu trace toujours un chemin de vie pour son peuple ! 

Jésus dans l’Evangile fait face aux accusations qui lui sont faites, suite à la guérison du paralytique un jour de sabbat, que nous contemplions hier. 

Jésus est accusé de profaner le sabbat et de se faire Dieu ; bref, il est accusé, excusez du peu, de blasphème, ce qui est puni par la mort. Jésus cherche à se défendre avec pédagogie et douceur. 

Jésus évoque sa fidélité à ce que son Père accomplit ; ce qu’il fait, ce qu’il dit, ce n’est pas en son nom seulement : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement » (Jn 5,19). 

Jésus continue bien ce que le Père n’a pas cessé de faire, montrer inlassablement son amour pour l’humanité. Et ce sont de belles paroles qui évoquent la communion profonde et permanente de Jésus avec son Père : « Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,20). 

Jésus est le maître de la vie, et il nous guide sur les chemins de nos vies, que ceux-ci soient escarpés, ou aplanis. Rendons-grâce pour ce compagnon de route attentif à nos besoins, parce que dans sa tendresse il nous parle de son Père.

 

 

mardi 16 mars

 

Chers frères et sœurs, 

Cet Evangile fait immanquablement penser à la grâce du sanctuaire de Lourdes, bien vide en ces jours-ci ! 

C’est l’évocation de la détresse humaine dans toute sa tristesse que vient soulager le Christ. Une foule de malades se presse dans un lieu réputé pour sa force de guérison, lieu appelé Bethesda (nom évocateur : la « maison de la miséricorde ») : des malades nombreux, allongés, des boiteux, des impotents, des infirmes, tous dépendants… 

Au milieu de cette foule souffrante, un homme définitivement immobilisé, abandonné de tous. Un homme apparemment incurable, trente-huit ans de maladie, il est privé de tout soutien, sans doute découragé, sans force intérieure ; il a sans doute lâché prise. « Je n’ai point d’homme pour m’aider » : dans cette phrase pointe le désarroi d’une humanité désespérée qui laisse tout le monde indifférent ; cette indifférence que dénonce souvent notre pape. Personne ne pense à l’aider à plonger dans l’eau ; il est comme transparent à ses frères en humanité. Quelle détresse ! 

Jésus en voyant cet homme abandonné de tous est touché par son désespoir sans retour, lui qui est dans cet état depuis longtemps. Jésus prend l’initiative et l’interpelle : « Veux-tu guérir ? ». Jésus n’agit jamais sans notre accord ou notre désir. Mais il connaît nos détresses et veut nous aider à les traverser dans la confiance et le courage.

« Lève-toi » : c’est le mot de la résurrection : le paralysé est remis debout par la puissance de Jésus. 

« Prends ton grabat » : son brancard, symbole de son handicap passé, deviendra l’étendard de sa nouvelle condition d’homme debout, le signe de sa force retrouvée. 

« Marche » : il retrouve sa liberté d’aller et de venir ; sa vie reprend son cours, toute nouvelle et redynamisée. Il retrouve « la pleine santé ». Quel contraste avec sa situation sans fin et douloureuse du départ ! 

La Parole du Christ et sa compassion l’ont remis en route. 

C’est la victoire de l’amour du Christ sur le mal et la souffrance. 

Paradoxalement, cet homme gracié a bien du mal à reconnaître celui qui l’a guéri ; manque de courage, peur face à ceux qui l’interrogent qui ne sont pas forcément bienveillants ?  Il lui faut une deuxième rencontre avec Jésus pour reconnaître celui qui l'a remis debout.

Jésus va se retrouver accusé parce qu’il a guéri un jour du sabbat. Nous méditerons cela demain. 

Présentons au Seigneur nos détresses (les brancards qui nous encombrent parfois !), celles de nos proches, avec la confiance qu’il nous accompagne dans les moments difficiles de nos vies.


Lundi 15 mars

 

Chers frères et sœurs, 

Deux textes d’espérance et de confiance nous sont proposés, en ce lundi. 

Le prophète Isaïe nous dépeint la joie du salut à venir. Avec le salut promis par le Seigneur, les malheurs du passé ne seront plus qu'un souvenir du passé, et ne remonteront plus au cœur. C’est la promesse inouïe d’une nouvelle création, de « cieux nouveaux » et d’une « terre nouvelle ». Ce monde recréé ne connaîtra plus la souffrance, la précarité d’une vie finie, ni le Mal. Quelle magnifique nouvelle : Dieu veut renouveler l'humanité, et il « trouve sa joie dans son peuple » (Is 65,19). 

Jésus préfigure cette nouvelle création, dans ce deuxième signe de l’Evangile de Jean (Jn 4,46-57) : le Verbe créateur devenu chair met en œuvre son autorité créatrice. C’est sa première guérison dans cet Evangile. 

Le Fils de Dieu agit au nom de son Père, pour un père éprouvé qui intercède pour son fils. 

Un officier royal, et donc un militaire qui dépend de l’empereur romain, vient à Jésus pour l’implorer de guérir son fils qui est en train de mourir. On comprend sa peine immense et son désarroi. Rien de plus terrible que de perdre un enfant pour des parents : « Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure ! ». Et l’émotion de Jésus traverse les frontières « sociales » et religieuses, il accepte d'agir bien que cet homme soit un païen ; Jésus « descend », nous dit l’Evangéliste, dans la souffrance d’un père et de son fils aimé. 

Ce qui touche le cœur de Jésus, c’est la tendresse de ce père de famille pour son fils, mais aussi son audace lui qui vient « déranger » le Christ dont il a entendu parler. Il nous encourage à savoir « déranger » Jésus par nos demandes ! Jésus va lui manifester la miséricorde de son Père, en agissant pour lui. 

C’est bien l’acte de foi de cet officier qui pousse Jésus à guérir. « Il crut à la Parole que Jésus lui avait dite » ; il retourne chez lui sur un bel acte de foi en la parole de Jésus qui lui annonce : « Va, ton fils est vivant ». 

Et sa foi lumineuse en la parole de Jésus est contagieuse : « Il crut, lui, ainsi que tous les gens de sa maison ». 

Demandons cette belle foi de ce père ; que notre foi soit aussi contagieuse (c’est une belle contagion, pour une fois !)